SLEEPERS
États-Unis – 1996
Support : Bluray
Genre : Drame, Thriller
Réalisateur : Barry Levinson
Acteurs : Kevin Bacon, Robert De Niro, Dustin Hoffman, Jason Patric, Bruno Kirby, Brad Pitt, Billy Crudup, Ron Eldard, Minnie Driver, Vittorio Gassman
Musique : John Williams
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 147 minutes
Éditeur : L’Atelier d’images
Date de sortie : 19 septembre 2023
LE PITCH
Par suite d’une plaisanterie, quatre copains commettent l’irréparable et sont placés dans une maison de redressement. Ils vont alors connaître un châtiment bien plus cruel que celui qu’ils méritaient. Des années plus tard, unis par un pacte, ils décident que l’heure de la vengeance a sonné…
La sanction
Inspiré d’une histoire vraie déjà exposée dans un bestseller, dotée d’un casting en or 24 carat et emballé par un Barry Levinson adoubé par les succès populaires et oscarisables de Good Morning Vietnam, Rain Man et Harcèlement, Sleepers ne sera cependant pas le carton escompté et peinera à faire sa place au-delà d’une lourde controverse.
Cette controverse, c’est celle de l’aspect autobiographique affirmé par l’auteur Lorenzo Carcaterra, que sont venus nier les différentes institutions incriminées (que ce soit le centre carcéral pour mineur ou le système judiciaire new-yorkais) et dont ont débattu avec moult articles et recherches les journalistes de l’époque, trouvant souvent de nombreuses contradictions dans les dates annoncées ou dans le réalisme de certains détails. Aujourd’hui encore le mystère reste entier : est-ce que Carcaterra a véritablement vécu le calvaire qu’il décrit ? Ses souvenirs sont-ils faussés par le traumatisme et les blocages psychologiques ou est-il tout simplement un affabulateur ? Mais est-ce si important ? Car malheureusement on le sait, les évènements décrits dans Sleepers n’ont pas absolument rien de fantasques et son bel et bien arrivés à des jeunes gens de différentes générations et de différentes localités. Le film tend ainsi, malgré sa narration en voix off et sa proximité avec le roman, a une certaine universalité, à un message plutôt large sur la perte de l’innocence et la monstruosité parfois permise par les institutions. Ici donc le destin de quatre copains qui ont grandi dans le quartier d’Hell’s Kitchen entre petites conneries, découvertes des filles, match sde baseball dans la rue et fascination pour les truands du coin. Des petits malins, pas plus délinquants que d’autres, et dont l’évocation nostalgique entre idéalisme de la jeunesse et violence du monde adulte, rappelle inévitablement le chef d’œuvre Il était une fois en Amérique de Sergio Leone. Là aussi le portrait aux accents sépia photographié par le talentueux Michael Balhaus (Les Affranchis, Dracula de Coppola…) se brise cruellement et brusquement. Une simple bêtise qui tourne mal et les gamins se retrouvent condamnés à un an d’incarcération dans un centre de redressement pour jeunes délinquants.
Au revoir les enfants
Une véritable descente aux enfers qui se concrétise par la rencontre avec le gardien Nokes, monstre qui va leur faire subir humiliations, violences, tortures et de multiples viols collectifs laissant une marque indélébile sur la personnalité des victimes. Un cœur dramatique extrêmement dur, brutal et malsain qui est cependant filmé et construit avec énormément de retenue et de finesse par Barry Levinson, jouant de brutales coupes de montage, de mouvement de caméra et des thèmes musicaux tendus et angoissants de John Williams pour évoquer, sans le montrer, le pire. Ce ne sera malheureusement pas tout à fait le cas dans la seconde partie du film, consacrée à vengeance des protagonistes une fois adultes où étrangement le film revient plusieurs fois avec étalage de détails et flashbacks en noir et blanc et ralentis sur l’immontrable. Un sensationnalisme parfois déplacé qui s’insère au milieu d’un piège judiciaire et criminel inutilement complexe, presque nébuleux là où seule l’émotion et l’amitié, toujours intacte même si distendues par la vie, suffisaient largement. Moins convaincante certainement, la « deuxième époque » confirme cependant l’excellence du casting et de la direction d’acteur. Si jusque-là le film était largement dominé par la précision de Robert De Niro en prêtre moderne et bienveillant et par la terrifiante prestation d’un Kevin Bacon sadique et salace (inoubliable), elle s’étoffe encore avec l’apparition, entre autres, d’un Brad Pitt toute en fausse froideur ou d’un Dustin Hoffman aussi discret qu’impressionnant en avocat déchu, s’éveillant temporairement de son alcoolisme. Pour eux et pour cette mise en réalité estomaquante de destins brisés pour rien ou tout comme, Sleepers reste une épreuve conseillée.
Image
Il n’y a pas vraiment de nouvelle source pour Sleepers. Le Bluray proposé aujourd’hui par L’Atelier d’images est issu du même master que l’ancienne galette Universal, très honorable, avec cependant quelques petites améliorations utilisant sans doute des outils numériques plus récents. Le résultat reste tout à fait confortable avec des cadres toujours propres, des couleurs bien contrastés que ce soit dans la première partie, nostalgique, et la seconde, beaucoup plus sombre. Seule forcément la définition commence à montrer ses limites avec une définition pas toujours aussi creusée qu’elle pourrait l’être et des reflets de réducteurs de bruit parfois perceptibles.
Son
Les deux pistes anglaise et français retrouvent aussi leurs DTS HD Master Audio 5.1. Le rendu est toujours aussi agréable avec une dynamique sobre mais bien posées sur quelques séquences plus amples et spatialisées (poursuite dans la ville, match de baseball, échanges dans le métro de la ville, échos dans les couloirs de la prisons…) sans jamais en mettre plein les oreilles. Les dialogues sont bien en place, tout autant que les musiques de John Williams.
Interactivité
Bizarrement, malgré la présence d’un aussi large casting aucun suppléments n’a été produit aux USA autour du film. L’Atelier d’images invite donc Fred Teper du site les Chroniques de Cliffhanger a remonter le fil des origines du film, à rappeler la filmo un peu oubliée de Barry Levinson et à évoquer le casting, les ambiances et la petite polémique qui entoura la sortie du livre et du film. Informatif bien qu’un peu scolaire.
Liste des bonus
Entretien exclusif avec Fred Teper, rédacteur en chef des Chroniques de Cliffhanger & Co sur la genèse du film (21’), Bande-annonce