SIXIÈME SENS
The Sixth Sense – Etats-Unis – 1999
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Fantastique, Drame
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Acteurs : Bruce Willis, Haley Joel Osment, Toni Collette, Olvia Williams, Trevor Morgan, Donnie Wahlberg…
Musique : James Newton Howard
Image : 1.85 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 Anglais, DTS HD High Resolution 5.1 Français et Allemand
Sous-titres : Français, Anglais, Allemand, Italien, Norvégien…
Durée : 107 minutes
Editeur : Hollywood Pictures Home Video
Date de sortie : 18 décembre 2024
LE PITCH
Le docteur Malcolm Crowe, psychologue pour enfants, est hanté par son échec vis-à-vis d’un jeune patient perturbé qu’il n’a pas réussi à aider. Lorsqu’il rencontre Cole Sear, un garçon de 8 ans aux mêmes symptômes, il se promet de tout faire pour l’aider. Mais le secret de Cole est terrible : son imaginaire est visité par des esprits menaçants. La recherche d’une explication rationnelle guidera l’enfant et le thérapeute vers une vérité foudroyante…
Au-delà de…
Après deux premiers essais modestes et aujourd’hui aussi oubliés qu’invisibles (le voyage intime Praying with Anger et la comédie catho Éveil à la vie), M. Night Shyamalan renversait en 1999 le box-office mondiale avec sa fable fantastique. Grace à un Bruce Willis inédit. Grace à un twist entré dans l’histoire. Grace surtout à son approche de profonds drames humains et son regard sensible sur des vivants hantés par les morts… et inversement.
Héritier de Spielberg dans la forme et d’Hitchcock dans le procédé, M. Night Shyamalan a donc bien entièrement pensé et construit ce qu’il considère parfois comme sa première œuvre de valeur, à l’aune de ce qui deviendra par la suite l’une de ses signatures : un twist. Une idée plutôt brillante, une ultime révélation qui opère une relecture totale du récit auquel on vient d’assister, faisant entièrement réinterpréter les scènes et les personnages à l’aune d’une information primordiale qui nous manquait. Le réalisateur / scénariste est en effet partie de cette « astuce » d’écriture, pour rédiger le reste de l’histoire, pour remonter le fil de ce qui allait devenir le film. Petit choc donc en 1999 pour des spectateurs qui avaient un peu perdu l’habitude de ne pas être totalement bercés jusqu’au bout, et effet sensationnel qui en fera l’un des plus gros succès commercial et critique de l’année. Si aujourd’hui ce twist est passé à la postérité, découvrir une premier fois le film sans en connaitre la teneur reste une gageur (et non, on ne le divulguera pas, on ne sait jamais, un troglodyte qui passerait par là…). Le revoir avec la clef en main lui donne aussi une épaisseur tout aussi valable, permettant d’observer la manière dont Shyamalan a disposé consciencieusement ses indices, joués sur des détails anodins, sur des champs contre-champs biaisés, des hors-champs ou des seconds plans des plus significatifs ou des dialogues parfaitement subtils pour tout donner sans jamais rien divulguer.
Les uns et les Autres
Un exercice de style déjà parfaitement maitrisé, élégant et précis. Le revoir en toute connaissance est aussi le meilleur moyen d’observer ce qui fait la véritable qualité de ce très beau film : ses personnages. La rencontre entre Cole (Haley Joel Osment, fascinant enfant acteur) et le pédopsychiatre Malcom Crowe (Bruce Willis qui retrouvait enfin toute l’étendue de son jeu) est souvent bouleversante dans ce véritable échange qui se crée entre l’enfant et l’adulte, le croyant (par la force des choses) et le professionnel, et surtout deux être qui ont besoin de guérir et recréer un dialogue avec le monde qui les entoure. Celui-ci est habité bien évidemment par ces fantômes que seul l’enfant perçoit tout autour d’eux (jusqu’à ce qu’au milieu du film, la caméra elle aussi en devienne consciente), menaces devenant peu à peu des victimes appelant à l’aide, mais aussi et avant tout par cette notion d’êtres disparus. La mort est en effet dans Sixième sens plus une absence qu’une présence et, comme le Tour d’écrou d’Henry James et autre classiques surnaturels, le revenant est moins là pour effrayer (bien que certains jumpscare sont particulièrement efficaces) que pour révéler la douleur des vivants, la souffrance et l’impuissance de ceux qui restent. La plus belle séquence du Sixième sens n’est donc pas celle de la révélation, mais bien celle où dans un embouteillage le petit garçon expose enfin son « mal » à sa mère et lui transmets un message laissé par sa grand-mère permettant de guérir la résilience de sa propre fille. Le regard presque adulte d’Haley Joel Osment, le mélange d’incompréhension, de soulagement et d’amour éperdu de Toni Colette frappe en plein cœur, sans qu’une once d’artifice ne s’insinue dans l’image.
De l’émotion brute, sobre et puissante, terriblement empathique, véritable point d’orgue d’un beau drame qui n’a rien perdu de son éclat… Oui, même quand on connait ce satané twist.
Image
Étonnement, Disney et ses différentes branches ne semblent pas tant enclins que cela à soigner sérieusement leurs éditions de certains des films les plus célèbre de Shyamalan. Ainsi Sixième sens se trainait un Bluray assez vieillot depuis un bon moment, avec une copie HD upgradé et loin d’être immaculée (c’est lui qui est glissé ici dans le combo). Et si l’UHD apporte naturellement de nombreuses améliorations avec entre autres un traitement HDR10 et un approfondissement marquant de la définition et du traitement des couleurs, le résultat plutôt agréable n’est pas encore totalement à la hauteur des attentes. La faute certainement à une source un peu datée et, semble-t-il une absence de nouveau retour à la source pellicule. Certains plans semblent fragiles, le piqué est parfois légèrement oscillant et le mélange de grain et de bruit peut se révéler inégal. Un UHD honorable et qui effectivement fait oublier le Bluray à la traine mais c’est tout.
Son
Pas de grosses nouveautés en ce qui concerne les pistes sonores avec une version originale 5.1 qui passe à un DTS HD Master Audio 5.1 effectivement un peu plus performant et fluide, mettant surtout en avant les mélodies de James Newton Howard, mais qui semble encore sur la retenue au niveau des arrières et de l’atmosphère angoissante du film. Le doublage français ne bouge pas non plus avec un DTS 5.1 un peu plus plat mais convenable.
Interactivité
En steelbook ou en édition standard, cette sortie 4K du Sixième sens propose un disque UHD ne comprenant que le film. Pour les suppléments, il faut se diriger vers l’ancien Bluray proposé dans le boitier, qui lui se contentait essentiellement de reprendre la série de bonus produits pour le DVD collector de 2003. Forcément ces derniers sont proposés en SD, dans un écran légèrement restreint pour ne pas trop piquer les yeux, mais restent pour la plupart toujours aussi intéressant. En particulier le making of central, consistant, où on y discute énormément de la personnalité et la nature des personnages et le travail opéré par les acteurs pour leur donner corps avec réalisme et émotion. Suivent un détour sur les story-boards, la musique, la mise en place du twist et quatre scènes coupées introduites par Shyamalan avec, entre autres, toute une trame secondaire sur une autre intervention de Cole pour « aider » un fantôme, coupée pour des questions de rythme naturellement. Il n’était pas nécessaire cependant de garder le documentaire sur le paranormal, les fantômes et l’au-delà, assez ridicule et réducteur vis à vis de film.
Liste des bonus
« Reflets du tournage » : Making of (39’), « Entre deux mondes » : Documentaire sur le paranormal (37’), « Des images en mouvement » : le storyboard (15′), « Musique et conception sonore » (6’), « Atteindre le public » (3’), « Règles et indices » (6’), 4 scènes coupées avec introduction de M. Night Shyamalan (15’), Bandes-annonces.