SHOOTER
États-Unis – 2007
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Action
Réalisateur : Antoine Fuqua
Acteurs : Mark Wahlberg, Danny Glover, Michael Peña, Kate Mara, Elias Koteas, Rhona Mitra, Ned Beatty, Rade Serbedzija, …
Musique : Mark Mancina
Durée : 126 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais 5.1 DTS-HD, Français, Italien, Allemand, Espagnol 5.1 Dolby Digital
Sous-titres : Français, Anglais, Italien, Allemand, Espagnol, Japonais, Norvégien, …
Éditeur : Paramount Pictures
Date de sortie : 17 mai 2023
LE PITCH
Tireur d’élite retiré des forces armées depuis une mission où il a été trahi par son commandement, Bob Lee Swager accepte de partager son expertise avec les services secrets et le ministère de la défense pour déjouer un attentat contre le président des Etats-Unis…
American Sniper
Adaptation de « Point of Impact », premier roman de la saga Bob Lee Swager, Shooter illustre la tentative à peine masquée de la Paramount de mettre sur les rails une nouvelle franchise pour concurrencer les Jason Bourse d’Universal. Mais à la complexité d’un thriller d’espionnage contemporain au long cours, Antoine Fuqua préfère les joies simples et régressives d’une série B d’action façon années 90 où Mark Wahlberg se pose en digne héritier de Steven Seagal, queue de cheval comprise.
C’est en s’inspirant de la vie de Carlos Hatchcock, sniper légendaire de la guerre du Vietnam, que le romancier Tim Hunter donne naissance au personnage de Bob Lee Swager. Avec 93 cibles abattues et confirmées (et, officieusement, sans doute davantage), le palmarès sanglant d’Hathcock en fit l’un des ennemis jurés du Vietcong qui le surnommait White Feather en raison de la plume blanche qu’il portait constamment à son chapeau. Un Marine entièrement dédié à son drapeau et à l’armée jusqu’à sa mort en 1999 et un personnage au destin profondément faustien, ses incroyables dons pour la traque, le tir et la survie étant une malédiction pour son entourage comme ce fut le cas pour son dernier « spotter » (l’assistant du sniper qui désigne les cibles) abattu dans les derniers jours du conflit. Passionné par l’homme et sa carrière militaire, Hunter a intégré toutes ses caractéristiques à son héros, y ajoutant des valeurs fortes et intransigeantes, un patriotisme hardcore et une méfiance absolue envers les institutions politiques de son pays qui le poussent à agir à la marge tel un justicier au fanatisme prononcé. Situés, avant, pendant et après la guerre du Vietnam, les sept romans qui décrivent les aventures de Swager fourmillent de références aux théories complotistes les plus célèbres et essentiellement celles qui entourent l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy et offrent à Tim Hunter le décor idéal pour y étaler pages après pages et avec un fétichisme assumé sa passion des armes à feu. Journaliste, critique de cinéma respecté du célèbre Washington Post, Hunter peut se satisfaire d’avoir trouvé le chaînon manquant entre le Jason Bourne de Robert Ludlum et le John Rambo de David Morrell et une probable source d’inspiration pour le Jack Reacher de Lee Child. Notons enfin la coïncidence entre la sortie du premier roman « Point of Impact » en mars 1993 et la sortie au cinéma deux mois plus tôt du Sniper de Lluis Losa avec Tom Berenger, film de guerre et de barbouzes piochant lui aussi abondamment dans la biographie de Carlos Hathcock. Simple coïncidence ? Impossible de l’affirmer avec certitude.
Désigné pour mourir
S’estimant très heureux de l’adaptation de son œuvre au cinéma au point de participer activement à la promotion de Shooter, il est aussi et surtout fort probable que Tim Hunter se soit étranglé plus d’une fois à la lecture du scénario de Jonathan Lemkin (L’Arme Fatale 4, Red Planet, L’associé du Diable), lequel, en évacuant le contexte historique des romans pour le transposer de nos jours, parvient à rendre improbable à l’écran une intrigue pourtant très efficace sur le papier. Que les méchants de l’histoire fasse le choix tout à fait conscient d’engager comme bouc-émissaire la seule personne capable de faire capoter leur plan à coup sûr tutoie les sommets de l’absurde. Dans la peau de Bob Lee Swager, Mark Wahlberg souffle le chaud et le froid et n’améliore pas non plus la crédibilité de l’affaire. Malgré son implication visiblement totale, sa version de Bob Lee Swager se rapproche dangereusement d’un super-héros bovin et monoexpressif à la Steven Seagal et ne parvient pas totalement à nous vendre l’image d’un militaire solitaire, endurci et marqué par son passé. Quant à ses scènes avec une Kate Mara à qui l’on a surtout demandé de multiplier les effets de décolleté, elle troque le romantisme tragique et inconfortable des romans (Swager tombe amoureux et épouse la veuve de son « spotter ») pour un érotisme savoureux mais aussi particulièrement risible.
On l’aura compris, la subtilité n’est pas une seule seconde à l’ordre du jour pour un Antoine Fuqua qui, pour oublier la production douloureuse de son pourtant superbe King Arthur, s’est lancé à corps perdu dans un actionner bis, violent et joyeusement bas du front. En compagnie de son directeur de la photographie Peter Menzies Jr (complice de John McTiernan sur Die Hard : With A Vengeance et Le 13ème Guerrier) et du monteur Conrad Buff (Terminator 2, True Lies, Titanic), le réalisateur de Training Day multiplie les morceaux de bravoure explosifs et ne relâche jamais la tension pour un résultat qui emprunte autant à Tony Scott qu’à Andrew Davis et fait revivre en 2007 les grandes heures du thriller bourrin du début des années 90. Qu’importe les incohérences et les saillies droitières et complotistes du script lorsque l’on peut se régaler des trognes patibulaires de Danny Glover, Elias Koteas, Ned Beatty et Rade Serbedzija qui ne peuvent s’empêcher de dresser des plans machiavéliques en cabotinant comme de beaux diables ou de cette scène absolument jouissive où Mark Wahlberg dégaine l’équivalent d’un « maintenant, ça va chier » en apprenant le meurtre totalement gratuit de son gros toutou qu’il avait dressé pour aller lui chercher sa bière dans le frigo. Fallait pas toucher à Médor !
Image
Le DVD de 2007 et le blu-ray sorti l’année suivante étaient déjà de belles réussites mais le passage au 4K Ultra HD n’a rien d’anecdotique et propose une amélioration très nette en termes de contrastes et de définition avec de très belles textures argentiques et un grain cinéma du plus bel effet. La photographie à la fois très maniérée et très organique (superbes captations des paysages naturels et des panoramas urbains) est restituée avec une fidélité remarquable.
Son
Le DTS-HD de la version originale fait la course en tête face à des mixages en Dolby Digital certes robustes mais pas aussi précis et tonitruant. Les basses bien rondes du score de Mark Mancina et les tirs d’armes lourdes impressionnent de bout en bout. Big up pour la confrontation apocalyptique entre notre Marky Mark d’amour et un hélicoptère lourdement armé lors de la scène d’ouverture qui, à elle seule, fait office de bande démo.
Interactivité
Avouons-le, ce packaging 4K à base de sur étui brillant qui claque et de boitier amaray aussi noir et classe qu’un costume Hugo Boss en solde fait bien mieux que l’artwork pompeux des précédentes galettes. Mais c’était pas une raison pour nous priver du commentaire audio d’Antoine Fuqua et des sous-titres français sur l’interactivité. Du coup, pour ceux qui maîtrisent le speaking american (fuck yeah!) comme leur langue maternelle, les bonus restants devraient apporter quelques motifs de satisfaction, à défaut d’une quelconque compensation. Le making-of du film et la featurette qui détaille la scène de l’attentat raté à Philadelphie sont riches en images de tournage spectaculaires et mettent en avant tout le boulot accompli par les conseillers techniques et en armement. L’entraînement au tir de Marky Mark vaut son pesant de cacahuètes avec une star à la fois concentrée et frimeuse. Sans transformer le plomb en or, les scènes coupées permettent de faire respirer l’intrigue et de poser du contexte à la plupart des scènes de Michael Peña et de Rhona Mitra, deux personnages un peu sacrifiés au montage final.
Liste des bonus
« La survie du plus fort » : making of (21 minutes) / Independence Hall (7 minutes) / 7 scènes coupées ou étendues / Bande-annonce cinéma.