SEX & ZEN II
玉蒲團II之玉女心經 – Hong-Kong – 1996
Support : Bluray
Genre : Fantastique, Erotique
Réalisateur : Chin Man-Kei
Acteurs : Loretta Lee, Shu Qi, Elvis Tsui, Ben Ngai-Cheung Ng, Yat-Fei Wong…
Musique : Angus
Image : 1.85 16/9
Son : Cantonais et Mandarin DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 89 minutes
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 16 septembre 2023
LE PITCH
Afin de pouvoir étudier, une jeune fille accepte de se déguiser en garçon et de porter une ceinture de chasteté conçue par son père et équipée de nombreux gadgets. Tellement inviolable que l’un de ses amis s’y broiera le pénis et devra se faire greffer un organe de cheval à la place…
Histoires de pervers chinois
Rapidement devenu culte à Hong-Kong, le premier Sex and Zen, signé Michael Mak, avait redorer le blason de la catégorie III et de l’érotisme à la chinoise en maniant comédie grivoise et fantaisies sensuelles avec un sacré sens de la suggestion élégante et esthétique. Beaucoup plus démonstratif et franchement plus barré, le second opus n’affiche pas les mêmes velléités, mais peut-être un divertissement plus relevé.
Un véritable carton, mais essoré par des relations tendues avec la Golden Harvest qui n’y voyait qu’une production sexy vite emballée, le réalisateur original passe la main. La firme se tourne alors assez logiquement du coté de l’opportuniste Wong Jing (la série des God of Gamblers, Evil Cult…) toujours prompte à verser dans le pur produit commercial. Exit donc les ambitions artistiques du premier film, Sex and Zen 2 s’apparente même à une fausse suite (un petit texte introductif fait vaguement le lien), le producteur ici apparemment aussi scénariste et de toute façon grand coordinateur de la chose n’hésite pas à piocher comme il sait si bien le faire dans l’air du temps pour s’assurer le succès populaire. Ici un soupçon de The Lovers de Tsui Hark dans une première partie où l’héroïne se déguise en homme pour profiter d’une éducation et entame une relation amicale et romantique avec son camarade. Une bonne dose des Histoires de fantômes chinois dans une rapide invasion du récit par des guerriers bondissants, des effluves de magie ancestrale et ténébreuse et même une terrible Madame Mirage (une sorte de sorcier transsexuel) absorbant l’énergie vitale de ses partenaires sexuelles. Et pourquoi pas même quelques emprunts au mythique anime Urostukidoji et à la culture hentai en générale avec l’apparition de démons violeurs et de tentacules particulièrement invasives.
Le vrai pouvoir du sexe
Sex and Zen 2 bouffe à toute les râteliers, étale un script patchwork bien bordélique mélangeant vague romance, complot familial, comédie gaillarde, action bondissante et érotisme très frontal mais avec une énergie et une bonne humeur revigorante. Artisan passant aléatoirement du poste d’assistant réalisateur (Il était une fois en chine, Infernal Affairs III) à celui d’artisan de productions sexy plutôt soignées voir bien frappées (mais inédites chez nous), Chin Man-Kei emballe le tout avec une étonnante efficacité, maniant aussi bien le gag frénétique et improbable, comme lorsque le toujours excessifs Elvis Tsui (ici dans le rôle du patriarche libidineux) entraine avec vigueur son membre viril, qu’une atmosphère plus étrange, voir horrifique, lorsque les pauvres demoiselles se fond abuser jusqu’à la mort sur une chaise en forme de scorpion. Il y a de belles intentions dans Sex and Zen II, et une certaine volonté de bien faire.
Il y a aussi un casting féminin aux charmes renversants et étalé avec une générosité rare dans le genre en Chine, où trônent admirablement les deux icônes érotiques Shu Qi et Loretta Lee. La première était alors une jeune starlette taiwanaise en pleine ascension s’apprêtant à s’extirper des rôles dénudés pour s’offrir une carrière plus traditionnelle. La seconde connaissait un chemin presque inverse, lassée d’une carrière qui n’avait jamais vraiment décollée, habitué aux seconds rôles tout au long des années 80, elle imaginait alors pouvoir jouer de ses charmes pour s’offrir un second souffle. Dans tous les cas leur rencontre fait des étincelles, en particulier dans une étreinte finale en forme de combat orgasmique particulièrement torride. Leurs charmes font beaucoup à la réussite de ce Sex and Zen 2, délire coquin aux envolées exotiques et à l’humour décidément assez irrésistible.
Image
Spectrum reprend ici un master HD déjà disponible à Hong-Kong depuis quelques années. Ce dernier ne se hisse donc pas forcément au niveau des canons actuels avec une source quelque peu datée (sans doute tiré d’une copie vidéo préexistante sans retour à la source), propre effectivement, mais encombrée par une photographie vaporeuse, glissant vers le neigeux, et une définition assez en retrait. Les couleurs sont plutôt charmantes, les lumières bien ciselées, mais le piqué manque d’intensité et de fermeté. Un peu dommage pour un film où l’un des plaisirs est de profiter pleinement de la physionomie du casting.
Son
Les pistes en cantonais et en mandarin sont disposées dans des DTS HD Master Audio 2.0 très équivalents. La dynamique est sobre avec un accent porté sur les voix, mais l’ensemble est toujours clair, sans perdition gênante et plutôt confortable à l’arrivée.
Interactivité
Chose devenue plutôt rare chez Spectrum, le film est présenté sans film accompagnateur et dans une édition (toujours avec fourreau) regroupant le disque Bluray et le DVD.
Visage incontournable de l’éditeur Arnaud Lanuque propose une présentation assez complète du film et des autres opus de la licence, tout en évoquant en filigrane l’évolution de l’érotisme dans le cinéma chinois moderne. L’édition comporte aussi une sympathique rencontre avec le réalisateur Soi Cheang (Coq de combat, Le Roi Singe, Limbo…) alors assistant sur le plateau de Sex and Zen II. Il revient sur ses débuts dans l’industrie puis bien entendu se remémore quelques souvenirs de tournage du film en présence. Non sans humour il délivre quelques anecdotes sur les actrices, sur la personnalité de Wong Jing, le tournage des scènes de nudité et une explosion pelvienne spectaculaire.
Liste des bonus
Présentation du film par Arnaud Lanuque (12’), Interview de Soi Cheang (17’) et bande-annonce.