SESSION 9
États-Unis – 2001
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Brad Anderson
Acteurs : David Caruso, Stephen Gevedon, Paul Guifoyle, Josh Lucas, Peter Mullan…
Musique : Climax Golden Twins
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français LPCM 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 100 minutes
Éditeur : BQHL Editions
Date de sortie : 23 août 2023
LE PITCH
Cinq hommes sont chargés de désamianter un asile désaffecté depuis 15 ans. Le bâtiment révèle progressivement son passé angoissant. Les pratiques sinistres exercées autrefois dans cet hôpital commencent à hanter chacun des protagonistes, qui semblent subir les effets d’une influence mystique et effrayante. Lorsque la première mort violente survient, inexplicable, les survivants ne se doutent pas qu’ils viennent de pénétrer le pire des cauchemars…
La Maison qui rend fou
Si après l’excellent et fascinant The Machinist, la carrière de Brad Anderson a rapidement vrillée vers l’anecdotique désolant, il faut revenir trois ans en arrière pour (re)découvrir son autre réussite : Session 9. Un autre voyage au bord de la folie, mais dans le décor hors combien angoissant d’un asile désaffecté.
Etrange carrière que celle de Brad Anderson, aujourd’hui presque uniquement tournée vers la télévision, et qui avait commencée par un drame curieux remarqué à Sundance, The Darien Gap, et deux comédies romantiques, Et plus si affinités et Happy Accidents, tout à fait recommandables. Malgré une petite touche de SF dans le titre précédent, rien ne préparait vraiment à ce qu’il se lance dans une production comme celle de Session 9. Un récit de maison fantômes extrêmement moderne, prenant pour cadre le véridique hôpital psychiatrique de Danvers, imposante bâtisse gothique, théâtre de nombreux traitement aujourd’hui vu comme barbares (lobotomie etc.) et qui se traine déjà une réputation de demeure hantée, théâtre d’évènements étranges. Un décor naturellement inquiétant, cinématographiquement inspirant, dans lequel doit intervenir une équipe de désamiantage. Des ouvriers avec leurs caractères, leurs grandes gueules, leurs coups de gueules, leurs blagues lourdingues et surtout leurs emmerdes qu’ils espèrent bien régler ici avec un alléchant bonus si la mission est achevée en à peine une semaine.
La conscience de l’artisan
La première force de Session 9 est ainsi de s’inscrire dans un réalisme convaincant, porté autant par l’écriture crédible de personnages tout ce qu’il y a de plus quotidien, que par une esthétique fortement conditionnée par une captation HD numérique encore assez rares dans le genre en ce début des années 2000. On n’est pas ici dans le documentaire à la Blair Witch Project, sorti deux ans plus tôt, mais dans un dispositif beaucoup plus diffus et trouble. Sans effets spéciaux, sans effets tape-à-l’œil ou dispositif trop démonstratif, Brad Anderson montre alors comment l’exploration progressive des lieux, de ses souterrains à son propre cimetière bien occupé, provoque peu à peu des dérèglements de plus en plus inquiétants dans le comportement des nettoyeurs. Un réseaux électrique qui s’éteint régulièrement, des plaques d’amiantes qui tombent, un trésor découvert derrière la pierre délogée d’un mur, une silhouette qui passe subrepticement, l’enregistrement d’une séances de psychanalyse, une chaise roulant qui trône au fond du couloir… Le film dispose progressivement et admirablement ses pions pour faire naitre une tension croissante, une angoisse profonde qui monte à la gorge alors que les frontières entre le réel et le surnaturel, le thriller horrifique et le pur cauchemar se dissolvent doucement. On n’est parfois pas loin ici d’une version live d’un Silent Hill… Flippant donc.
Film d’atmosphère certes, mais aussi exploration psychologique poussée plongeant jusqu’aux genoux dans une visualisation de la folie, Session 9 annonce clairement les futures expérimentations oniriques et thématiques de The Machinist. D’ailleurs, celui-ci aussi profite aussi d’une interprétation possédée, mais dédoublée, avec le duo d’associés au bord de la rupture composé par Peter Mullan (Trainspotting, Cheval de Guerre, Les Fils de l’homme) et David Caruso (King of New York, NYPD Blue… bien avant qu’il devient sa propre caricature dans Les Experts Miami). Deux versants d’une même pièce bien très abimée.
Image
Tourné au tout début des années 2000 et en numérique, Session 9 s’aborde donc forcément avec une attente esthétique particulière. Malgré un transfert d’excellente qualité, lumineux, aux couleurs bien marquées et au piqué appuyé, la définition est forcément limitée à la source. Quelques gros plans sortent du lot, mais les plans larges sont bien plus plats et quelques séquences en basse luminosité glissent vers le flou. Rien d’illogique à tout cela, et ajoutons que ce rendu presque « reportage » est bien mieux rendu en Bluray que sur l’ancien DVD baveux.
Son
BQHL est toujours accroché au choix d’un traitement sonore LPCM plutôt que le standard plus généralisé du DTS HD Master Audio. Les propositions 5.1 sont donc un poil moins amples et pointues qu’ils auraient pu l’être, mais l’efficacité reste de mise avec quelques ambiances bien campées et une dynamique assez nerveuse qui accompagne savamment la lourde ambiance du film.
Interactivité
Seul bonus présent sur l’édition française, la présentation du film par Vincent Nicolet (Culturopoing) rapproche le film de grands classiques du genre, souligne l’atmosphère toute particulière du film et oublie que David Caruso avait eu une vraie carrière avant Les Experts Miami. Rien de bien incroyable dans le propos. D’autant plus décevant que l’édition américaine est extrêmement complète avec un très long documentaire rétrospectif, des scènes coupées, des images de coulisses et un commentaire audio du réalisateur.
Liste des bonus
Présentation exclusive du film par le chroniqueur Vincent Nicolet (20’).