SECTION DE CHOC
Quelli della calibro 38 – Italie – 1976
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Massimo Dellamano
Acteurs : Marcel Bozzuffi, Carole André, Ivan Rassimov, Riccardo Salvino, Giancarlo Bonuglia
Musique : Stelvio Cipriani
Image : 2.35 16/9
Son : Italien et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 103 minutes
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 mars 2023
LE PITCH
1976, dans les faubourgs de Turin – Le commissaire Vanni et ses hommes font irruption dans une ferme servant de repaire à une organisation criminelle. Durant la fusillade, le frère du Marseillais, chef de la bande, est abattu. En représailles, le Marseillais se rend dans l’immeuble où réside le commissaire et tue froidement son épouse, sous les yeux de son petit garçon. Peu après, Vanni accepte de diriger un quatuor de policiers entraînés au maniement des armes (revolvers équipés de cartouches .38 Special) et à la conduite de motos enduro. Apprenant que le Marseillais est entré en possession de soixante-dix kilos de dynamite, le commissaire et son escouade mettent tout en œuvre pour contrecarrer ses projets.
Calibre 38
Réalisateur de Mais qu’avez-vous fait à Solange ? et La Lame infernale, Massimo Dellamano s’essaye au polar urbain à l’italienne, avec un Section de choc bien troussé et qui offre au passage à l’acteur français Marcel Bozzuffi, un solide premier rôle de flic opiniâtre.
Un excellent acteur bien de chez nous, mais essentiellement cantonné justement aux figures de gangsters et de truands jouant de l’autre coté de la barrière. Charmes des coproductions européennes de l’équipe, il se retrouve ici enfin en tête d’affiche dans la défroque d’un commissaire aux prises avec le réseau criminel sans foi ni loi du « marseillais » (oui comme dans French Connection où jouait… Marcel Bozzuffi !), flic dont la morale et la droiture sont mis à mal par le meurtre froid et brutal de son épouse. Afin donc de contrecarrer cette nouvelle délinquance ingérable il crée donc avec l’aval de sa hiérarchie une section spéciale, armée de revolvers non réglementaires (aux balles comparées à des dum-dum) et de motos cross chevauchées tels de fièrs destriers. En face, le marseillais menace de faire sauter des bombes dans toute la ville… L’escalade de la violence se met rapidement en place car Section de choc n’est pas un grand polar psychologique mais plutôt un divertissement musclé, essentiellement porté par l’action et rythmé par les échanges de balles, les poursuites en pleines rues, les cascades ultra risquées (la voiture sur le train en marche, il fallait oser) et quelques effusions plus barbares dont un passage quasi-documentaire au milieux des victimes de l’un des attentats.
Justice moderne
Si l’objet se veut un divertissement sans grandes instances politiques, refusant d’ailleurs assez ouvertement le discours ultra sécuritaire de nombre de ses contemporains, il capture cependant lui aussi cette époque troublée des « année de plombs » reflétant l’omniprésence d’une violence aveugle où les réseaux criminels profitaient allégrement des troubles idéologiques du pays. Un divertissement bis, doté de quelques excès bourrins attendus (un flic qui se fait percuter en frontal, des doigts tranchés, un indic qui explose alors qu’il se soulage tranquillement…) et très solidement fignolé par l’artisan Massimo Dellamano, ancien chef op de Leone (Pour une poignée de dollar et sa suite) et réalisateur tout à fait recommandable qui a laissé sa petite marque dans la giallo avec La Lame infernale et surtout le très réputé Mais qu’avez-vous fait à Solange ? Amusant d’ailleurs que l’une des premières scènes du présent film, le meurtre de l’épouse du commissaire, soit justement traité avec le style chaloupé et la caméra suggestive du thriller maniaque.
Une preuve supplémentaire du soin apporté à ce Section de choc, polar direct et sans fioriture, mais constamment efficace, traversé de sacrées trognes (notamment Ivan Rassimov grand habitué du bis rital) et bercé par le groove d’un Stelvio Cipriani (La Fureur d’un flic, Le Grand kidnapping, Les Chiens enragés…) jamais aussi à l’aise que dans les draps du poliziottesco. L’objet connu d’ailleurs un joli succès lors de sa première sortie, mais sa suite, plus anecdotique, Équipe spéciale (La Polizia e’sconfitta) dû se faire sans Massimo Dellamano, victime d’un accident de voiture en novembre 1976.
Image
Comme le plus souvent, Le Chat qui clope propose ici une superbe copie HD inédite produite à partir d’un nouveau scan 2K des négatifs 35mm accompagné de toutes les bonnes attentions et les petits soins qui vont bien. Si quelques plans, zoomés ou capturés par une autre équipe (comme certaines cascades) sont encore marqués par un grain plus fluctuant et une définition moins pêchue, 90% du film en impose sérieusement avec ses cadres stables aux teintes vives et pimpantes et au piqué admirablement creusé. Matières et détails réapparaissent en même temps qu’un léger relief qui insiste sur le réalisme de ce petit polar à l’italienne.
Son
Les deux pistes monos d’origine profitent de restaurations toutes aussi solides. La version italienne apporte un peu plus de naturel et de dynamisme, mais le doublage ne manque pas d’énergie non plus avec la participation de quelques pointures de l’époque, accompagnant la voix de Marcel Bozzuffi qui se postsynchronise lui-même.
Interactivité
Proposé en digipack avec fourreau cartonné qui décoiffe, Section de choc est agrémenté de deux suppléments particulièrement intéressants. Le premier donne la parole au monteur Antonio Siciliano qui revient sur ses collaborations, et son amitié, avec Massimo Dellamano, leurs méthodes de travail et en particulier leur approche nerveuse de l’action. Le propos est plus creusé encore avec l’une des dernières interviews données par le compositeur Stelvio Cipriani qui pendant plus de quarante minutes revient sur sa première approche de la musique (avec un prêtre qui perçu chez lui un talent brut), ses premières rencontres de cinéma, ses facilités pour habiller les poliziottesco et plus généralement son approche de la création de thèmes pour les différents genres de cinéma. Quelques exemples au piano, une réflexion sur la culture musicale et les prédispositions qui permettent de s’adapter à chaque metteur en scène… La rencontre est passionnante.
Liste des bonus
« Monter l’action » avec Antonio Siciliano (9’), « Maestro Calibro 38 » avec Stelvio Cipriani (42’), Bande-annonce.