SCREAM 3
États-Unis – 2000
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Wes Craven
Acteurs : David Arquette, Neve Campbell, Courteney Cox, Patrick Dempsey, Jenny McCarthy, Liev Schreiber, Parker Posey, Lance Henricksen, Roger Corman, Scott Foley, Deon Richmond, Carrie Fisher…
Musique : Marco Beltrami
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais DTS-HD Master Audio 5.1, Français et Italien Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Français, Anglais, Allemand…
Durée : 116 minutes
Éditeur : Paramount
Date de sortie : 04 octobre 2023
LE PITCH
Cotton Weary, l’un des survivants de la tuerie de la fac de Windsor, rentre tranquillement chez lui après avoir terminé le tournage de l’émission qu’il anime. Le téléphone sonne. Au bout du fil, une fan… qui s’avère être un dangereux tueur, prêt à tout pour retrouver la trace de Sydney Prescott…
Final Cut
En 2000, Scream était une trilogie. Impensable aujourd’hui et pourtant Scream 3 s’enorgueillit de mettre fin à la trajectoire meurtrière de ghostface dans un ultime sursaut embrassant plus que jamais sa fibre méta en débarquant sur les plateaux de tournage de Los Angeles.
Trois ans après un Scream 2 qui avait réussi à quasiment faire mieux que le premier opus, et l’échec commercial de son film rêvé, le grand mélodrame La Musique de mon cœur, Wes Craven accepte de revenir à sa nouvelle franchise star pour en signer la définitive conclusion. Les premiers plans imaginant un groupe d’étudiants illuminés se cachant sous le masque seront mis de coté suite à la tragédie de Columbine, et la production choisira de calmer quelques peu les ardeurs sanglantes au profit d’un humour plus présent. Kevin Williamson désormais trop occupé par ses propres projets laisse même l’essentiel de l’écriture à Ehren Kruger (Arlington Road, Le Cercle…) qui transporte les héros survivants directement sur le tournage de Stab 3, ultime opus lui-aussi des slashers inspirés par les évènements de Woodsboroo, alors qu’un nouveau tueur semble bien déterminer à faire ses victimes en suivant le script. Oui mais lequel ? Encore une fois très meta, le script ne se contente pas de simplement faire la blague (les apparitions de Jay et Silent Bob, Roger Corman et Carrie Fisher sont savoureuses) mais multiplie constamment les allers-retours, les parallèles et les mises en perspective entre la nature réelle de ce troisième Scream, avec son décalque fictionnel, Stab 3, mais aussi un troisième plan, celui des coulisses de la trilogie, du petit monde de la production de film d’horreur… et les bureaux de Dimension.
(dé)projections
Il y est donc largement question dans les dialogues de la demande de temporisation de la violence, de multiples réécritures, de personnages (et donc d’acteurs) sacrifiés, de film d’horreur perçus comme des contrats alimentaires, d’un jeune réalisateur qui ne rêve que de tourner un drame sérieux… Mais aussi du destin terrible de jeunes actrices perdues et d’un producteur pratiquant allégrement le droit de cuissage. Difficile aujourd’hui de ne pas percevoir là-dedans des allusions directes à une tradition hollywoodienne sordide personnifiée par Harvey Weinstein alors justement producteur du film. Même sur un ton plus léger, les mises en abimes sont souvent assez vertigineuses, comme lorsque Courtney Cox interprétant toujours Gale Weathers est constamment dédoublée par Parker Posey, jouant la mauvaise actrice Jennifer Jolie (hommage) singeant à l’excès Gale Weather dans Stab 3 mais aussi hors tournage, et donc certains comportement excessifs et caractériels sont une private-joke sur la réputation de Courtney Cox. Mais le plus intéressant dans Scream 3 reste certainement la continuation de traitement du personnage de Sidney Prescott, qui n’aura eu de cesse de film en film de s’extraire de sa condition de scream girl. Simple personnage qui devient actrice de l’action dans le premier ; apprentie comédienne qui s’empare de la mise en scène dans le second, elle s’extrait littéralement de la fiction ici (comme un certain Freddy sort de la nuit du même Wes Craven) pour s’affirmer comme un personnage réel et maitre de son destin. Pas forcément des plus inspirés dans sa mise en scène pour cet épisode (le film manque il est vrai de morceaux de bravoure), Wes Craven livre tout de même l’une de ses meilleures séquences lorsque Neve Campbell revisite le décors reproduit à l’identique, mais en studio, de l’iconique maison, et rejoue, mais avec d’importante nuances, la mémorable scène de poursuite du premier film… ne s’en échappant que lorsque toutes les lumières du plateau s’illuminent, mettant ainsi fin à l’illusion.
Pas forcément le plus nerveux ou le plus spectaculaire des Scream, Scream 3 était cependant une proposition de conclusion particulièrement ambitieuse, étonnement complexe et passionnante derrière la farce noir affichée, usant du neo slasher comme d’un révélateur non plus simplement du genre, mais d’une industrie et d’un système. Osé.
Image
Même si la copie HD préexistante était moins horripilante que celle des deux premiers opus, Scream 3 était loin d’être un canon de beauté en Bluray. Là aussi l’amélioration est immédiatement frappante. Oublié les fourmillements, les filtres numériques et les marques disgracieuses, le film revient ici dans des conditions optimales. En termes de propreté tout d’abord et de netteté ensuite, mais aussi et surtout en termes de matière avec un retour remarquable au léger grain, aux contours et à la profondeur de la pellicule. Avec une photographie légèrement plus douce que les films précédents, l’UHD permet enfin de retrouver le métrage tel qu’il était à l’origine, et même sans doute en meilleure forme, parfaitement accompagné par un traitement Dolby Vision qui affirme les contrastes tout en développant des subtilités naturelles dans les teintes et une implication pointue des noirs.
Son
Le doublage français reste un peu enfermé dans son Dolby Digital 2.0 déjà entendu en Bluray et DVD, mais le doublage a forcément laissé quelques souvenirs à beaucoup. Le DTS HD Master Audio 5.1 de la version originale fait preuve de beaucoup plus de clarté et d’équilibre, mais aussi d’énergie avec une spatialisation certes relativement discrète mais toujours bien placée, fluide et délicatement atmosphérique.
Interactivité
Pourquoi Paramount a décidé de changer la couleur primaire de son visuel pour ce nouveau steelbook ? Un peu dommage pour l’effet sur l’étagère. A l’intérieur rien ne change par contre puisqu’il n’y aucun nouveau bonus à se mettre sous la dent. Heureusement Scream 3 était accompagné dès son DVD de quelques suppléments. Un petit montage d’images de coulisses de la trilogie, un clip de métal, un bêtisier mou du genou et quelques scènes (dont le final) proposées dans des versions légèrement différentes ou plus longues. Pas franchement mémorable, le programme est heureusement relevé par le commentaire audio réunissant le réalisateur, son assistant Patrick Lussier et la productrice Marianne Maddalena. Un accès à quelques infos sur le tournage, sur les soucis de production, les réécritures du script et des petites anecdotes en prime. Le ton est un peu éteint et Wes Craven n’est pas un fan de l’exercice, mais c’est mieux que rien.
Liste des bonus
Commentaire audio de Wes Craven, Marianne Maddalena et Patrick Lussier, Scènes inédites, Fin alternative, Bêtisier, Coulisses du tournage, Videoclip, What if ?, Bandes-annonces.