SCREAM
Etats-Unis – 1996
Genre : Horreur
Réalisateur : Wes Craven
Acteurs : Neve Campbell, Skeet Ulrich, Courteney Cox, David Arquette, Jamie Kennedy, Matthew Lillard, Drew Barrymore, …
Musique : Marco Beltrami
Durée : 111 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 & Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Paramount Pictures France
Date de sortie : 1er décembre 2021
LE PITCH
Terrorisée par un tueur masqué s’inspirant des plus grands films d’horreur pour exécuter ses crimes, une petite ville devient le terrain d’une vaste enquête où tout le monde est suspect…
We need to talk about Kevin
Dix ans après Scream 4, un nouveau Scream, le premier à échapper à ses créateurs (Pas de Craven, pas de Williamson, pas de Weinstein), s’apprête à envahir nos salles obscures dès le mois de janvier. Forcément opportuniste, la sortie du premier volet sur galette UHD est sans doute une bonne occasion pour revenir sur l’une des œuvres les plus importantes des années 90, un slasher 2.0 dont les véritables atouts vont bien au-delà d’une tornade de citations et de clins d’œil dégainés par un script de petit malin.
Acheté 400 000 dollars par les frères Weinstein au printemps 1995, le scénario de Scream (alors baptisé Scary Movie) a changé la vie de Kevin Williamson. Si les filous de Miramax n’y ont vu qu’un projet ludique et branchouille, tout à fait dans l’esprit du tout jeune label Dimension Films, Williamson, lui, y a littéralement joué son avenir. Fils d’un pêcheur de Caroline du Nord, passionné par Edgar Allan Poe, le théâtre, la poésie et les films d’horreur, le jeune Kevin s’est d’abord essayé – sans succès – au métier d’acteur avant de se rabattre sur des études de scénariste à la célèbre fac de cinéma de Los Angeles, UCLA. Vendu pour une bouchée de pain et vite posé sur une étagère pour y prendre la poussière, le script de Killing Mrs Tingle ne lui rapporte guère plus que de la frustration et le sentiment que sa carrière piétine dangereusement. Un article sur Danny Rolling, un tueur d’adolescents surnommé l’éventreur de Gainesville (du nom d’une petite ville de Floride), et sa connaissance encyclopédique du slasher lui apportent la matière nécessaire à l’écriture de Scream qu’il envisage comme un hommage au cinéma horrifique des années 80 et un mélange délicat d’humour noir et d’épouvante. D’un strict point de vue commercial, Williamson est bien conscient que le genre qu’il aborde ne fait plus recette depuis plusieurs années mais il sait aussi que le slasher et ses codes sont suffisamment ancrés dans l’inconscient collectif pour qu’une approche interactive et un soupçon d’originalité (le tueur n’est plus une silhouette monolithique mais un prédateur véloce et malin) rallument la flamme. Tout cet abattage de concepts et de second degré ne fonctionnerait pourtant pas aussi bien sans des personnages en bêton armé. C’est le secret le mieux caché de Scream, son arme secrète : une caractérisation impeccable et attachante.
Scary Movies
Entre Scream et Wes Craven, c’est une relation amour-haine. Le réalisateur des Griffes de la nuit découvre le manuscrit à l’occasion de sa mise sur le marché et tente alors de le faire acheter pour pouvoir le mettre en scène lui-même. Trop tard, les Weinstein ayant déjà la main dessus après avoir fait monter les enchères. Craven abandonne et se concentre sur un remake de La maison du diable (qui se fera finalement chez Dreamworks avec le résultat que l’on sait). Il décline même les offres de Dimension et fait savoir à qui veut l’entendre qu’il en a un peu ras la couenne des films d’horreur, invoquant la misogynie du genre. Romero, Raimi et Rodriguez sont sollicités mais Williamson pose son véto et réclame Craven. Le vétéran de 56 ans finit par accepter en négociant un contrat avec Miramax. Si Scream cartonne, le studio s’engage à produire et à lui confier les rênes du projet de ses rêves : La musique de mon cœur, biographie sensible (pour ne pas dire larmoyante) d’une professeure de violon dans une école défavorisée de Harlem.
Avec le recul, il est aisé de comprendre les hésitations de Wes Craven. Pour le cinéaste, Scream n’offre même pas l’ombre d’un défi. C’est carrément du sur mesure. L’horreur méta, Craven lui a même donné ses lettres de noblesse deux ans plus tôt avec le mal aimé Freddy sort de la nuit, épatante relecture et mise en abime du mythe Krueger. Et lorsqu’il s’agit de faire passer de vie à trépas des jeunes demoiselles sous le couteau d’un tueur sadique et pervers en assaisonnant le tout d’un humour particulièrement malsain, La dernière maison sur la gauche, La colline a des yeux et Les griffes de la nuit font figure de modèles insurpassables. Impliqué et professionnel, Wes Craven emballe Scream avec un savoir-faire de vieux routard, saisissant à merveille les innombrables références de Williamson et multipliant les fausses pistes avec gourmandise. Une routine que Craven agrémente de renvois subtils à ses thématiques favorites (l’impuissance des forces de l’ordre, l’absence des parents, les traumas adolescents) tout en s’appuyant sur un jeune casting remarquable. Sans les fêlures de Sidney Prescott (Neve Campbell), les maladresses de Dewey (David Arquette) et les coups bas de Gale Weathers (Courteney Cox), Scream n’aurait sans doute jamais connu une telle longévité. Et ça, on le doit autant à l’écriture précise de Kevin Williamson qu’à la direction d’acteurs crédible et sans chichis de Wes Craven.
Image
Jusqu’à présent maltraitée par des transferts ternes et sans relief, la photographie toute en lumières douces et nuances automnales de Mark Irwin est enfin restituée avec soin dans une très belle copie 4K à la définition exemplaire. Le grain est léger et les gros plans sur les visages des actrices et des acteurs ressemblent pour la première à autre chose qu’à un aplat de pixels gris et roses. Vous pouvez jeter les éditions précédentes à la poubelle sans regrets.
Son
Les francophones auront le droit de faire la gueule en constatant qu’ils n’ont le droit qu’à un « simple » mixage en 2.0, propre et solide mais sans ampleur. Pour une véritable expérience multicanale avec ambiances, basses tranchantes et une répartition harmonieuse des dialogues et de la musique, il faudra donc se tourner vers la version originale et son DTS HD en 5.1. Comme dirait l’autre : « c’est trop injuste. ».
Interactivité
Le commentaire audio qui réunit Wes Craven et Kevin Williamson, enregistré juste après la sortie du film en 1996, est le seul supplément de taille de cette édition. Malgré quelques longues plages silencieuses, le réalisateur et le scénariste, sur la même longueur d’onde, ne sont pas avares d’anecdotes sur un tournage parfois rocambolesque (interdiction de tournage dans un lycée après la lecture du scénario, jugé trop violent). Le reste de l’interactivité aligne les modules courts et sans intérêt, entre featurettes promos d’époques en définition standard et présentation express du cinquième volet.
Liste des bonus
Commentaire audio de Wes Craven et Kevin Williamson / « Un héritage sanglant » : Scream 25 ans plus tard (8 minutes) / Featurette de la production (6 minutes) / Making of : Sur le tournage de Scream (3 minutes) / Drew Barrymore (3 minutes) / « Quel est votre film d’horreur préféré ? » (3 minutes) / « Pourquoi aime-t-on les films d’horreurs ? » (3 minutes).