SCHOOL DAZE
États-Unis – 1988
Support : Blu-ray
Genre : Comédie
Réalisateur : Spike Lee
Acteurs : Laurence Fishburne, Giancarlo Esposito, Tisha Campbell
Musique : Bill Lee
Durée : 120 minutes
Image : 1.85
Son : DTS HD Master Audio 5.1 Anglais, DTS HD Master Audio 2.0 Français, italien, espagnol…
Sous-titres : Français, Anglais, allemand, grec, portugais…
Éditeur : Sony
Date de sortie : 1er mars 2023
LE PITCH
Inspiré des années d’études du cinéaste, School daze décrit l’affrontement de deux groupes d’étudiants afro-américains aux idées opposées, les « Wannabes » et les « Jigaboos ».
Black Side Story
Nuancé, lorsque l’on pense à Spike Lee, ce n’est pas forcément le premier adjectif qui nous vient en tête. Pourtant, ce franc-tireur de la lutte afro-américaine peut l’être. Avant de traiter des luttes raciales, le réalisateur se devait de traiter le problème de l’intérieur en réglant dans un premier temps les dissensions internes.
Souvent critiqué en son temps par les blancs qui jugent ses propos trop noirs et les noirs qui le trouvent trop blanc, Spike Lee navigue dans un océan de gris. Ses discours sont depuis toujours engagés dans la lutte contre le racisme. Pourtant, dès ses débuts, ses propos étaient clairs. Venant d’un milieu aisé, sa situation lui permet d’intégrer l’université Morehouse Collège, fief de l’élite noire d’Atlanta. Ce parcours ne parle pas forcément aux défavorisés brimés par un lourd passé ségrégationniste. Le jeune homme utilise l’arme qui lui semble le plus à sa portée : une caméra. Après Nola Darling n’en fait qu’à sa tête, un premier essai réussi et couronné de succès, il passe à la vitesse supérieure et commence sa carrière de cinéaste engagé. Allant par étapes, son second opus prétexte une comédie sur fond musical pour dénoncer la bêtise et les difficultés à communiquer au sein de sa propre communauté.
En formation
Auteur, producteur, réalisateur et acteur, Spike Lee a les mains libres pour donner à son film la ligne directive qu’il désire. Dès son générique d’ouverture, il donne le ton en mélangeant des images d’archives représentant un siècle d’oppression de l’histoire du peuple noir en Amérique. Ce malaise est porté par son acteur Laurence Fishburne, étudiant idéaliste qui s’évertue à se battre pour que ses “frères” reviennent aux sources de la culture africaine et de leurs ancêtres et non pas à une culture empreinte de mimétisme blanc. Ses propos s’opposent à Julian (Giancarlo Esposito, autre habitué de la team Lee), leader de la fraternité étudiante Gamma Phi Gamma qui prône l’insertion de la culture afro-américaine. Deux points de vue opposés mais pas diamétralement incompatibles. Loin de vouloir mettre le feu aux poudres, le réalisateur filme ses combats de l’intérieur. Lui-même a incorporé ce cursus universitaire et à découvert via un test ADN ses racines camerounaises. Il est le mieux placé pour évoquer cette dualité des racines. Le cinéaste tâtonne, manque encore de maturité dans ses propos pas toujours très finauds mais prouve que niveau mise en scène il touche déjà bien sa bille. Il ponctue School Daze de morceaux musicaux aux chorégraphies efficaces et fignolées ; il s’investit dans la structure narrative de son film. Ses mouvements de caméra et ses plans, s’ils manquent encore de finesse montrent toute l’efficacité du metteur en scène en devenir. Malheureusement, son film, s’il ne manque pas de sincérité est bien souvent hermétique et a du mal à parler au plus grand nombre. Les confréries très ricaines avec son lot de bizutages en guise d’initiation rivalisent avec le sujet sur la pureté de la race noire versus les métissés. On n’est pas loin des discours aryens. Des propos, s’ils parlent aux initiés ou aux personnes concernées peuvent facilement laisser les autres sur le carreau. Mais l’effort est louable, School Daze s’apparente à un brouillon des œuvres en devenir de Spike Lee. Une sorte de mutant entre la mise en scène uppercut de Martin Scorsese et l’engagement rentre-dedans d’un Oliver Stone. Il y a pire comme comparaison.
Spike Lee en professeur improvisé conclut habilement son film avec un Laurence Fishburne face caméra voulant réveiller son public embarqué dans le débat depuis deux heures par un bienvenu “please wake up”. Finies les dissensions dérisoires, le combat est ailleurs, dans l’unification.
Image
Tourné à l’économie, School Daze bénéficie d’une belle copie. L’étalonnage des couleurs tient très bien la route pour un rendu d’une texture très cinématographique. Il n’y a qu’à s’attarder sur les séquences musicales très colorées pour s’en convaincre.
Son
Oubliez la version française au doublage aléatoire. Immergez-vous sans hésitation sur la piste originale. Fortement musicale, la puissance et la dynamique sonore s’en trouvent facilement décuplées particulièrement lors des shows musicaux.
Interactivité
Particulièrement fournie, l’interactivité ne démérite pas. Outre le commentaire audio où Spike Lee passe plus de temps à se marrer devant son film qu’à le commenter, le module sur les retrouvailles de l’équipe est très animé. Deux bonus plus conventionnels complètent l’édition. Gros point noir et pas des moindres (qui fait largement baisser la note) : l’intégralité des bonus sont en VO sous-titrés anglais. Choix éditorial inadmissible à notre époque.
Liste des bonus
Commentaire audio de Spike Lee, Commentaire audio de Tisha Campbell, Rusty Cundieff, Bill Nunn, Darryl M. Bell, Kadeem Hardison, « Anniversaire de School Daze » : Q&A avec le casting et équipe du film (33’), « Naissance d’une nation » (24’), « Université Daze » (18’), « Faire une marque » (21’), Clips : « Be One » de Phyllis Hyman (4’), « Da But » de Eu (4’), « Be Alone Tonight » de The Rays, Tisha Campbell, Jasmine Guy, Paula Brown et Angela Ali (4’).