SANS UN BRUIT 2
A Quiet Place Part 2 – Etats-Unis – 2021
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : John Krasinski
Acteurs : Cillian Murphy, Emily Blunt, Millicent Simmonds…
Musique : Marco Beltrami
Durée : 97 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Digital 5.1 français, italien, espagnol…
Sous-titres : Français, italien, allemand…
Éditeur : Paramount
Date de sortie : 27 octobre 2021
LE PITCH
Après les événements mortels survenus dans sa maison, la famille Abbot doit faire face au danger du monde extérieur. Pour survivre, ils doivent se battre en silence. Forcés à s’aventurer en terrain inconnu, ils réalisent que les créatures qui attaquent au moindre son ne sont pas la seule menace qui se dresse sur leur chemin.
The Sound of Silence
Alors qu’il aurait dû sortir il y a près d’un an et demi, Sans Un Bruit 2 fit partie des premiers films victime de la pandémie mondiale. Un comble pour la suite d’un film qui mettait en scène une famille vivant reclus chez elle pour échapper à un danger mortel à l’extérieur. Mais finalement, cette sortie repoussée permet à cette seconde partie d’être plus en accord avec la situation du monde qu’il y a un an.
Sortie en 2018, le premier volet de Sans Un Bruit avait été un jolie succès surprise critique et public qu’on n’attendait pas vraiment de la part de son réalisateur, John Krasinski. L’acteur qu’on rattachait plus facilement à la comédie grâce à son rôle de Jim dans le sitcom culte The Office ou à la comédie dramatique dans ces précédents rôles au cinéma (exception faite de son rôle de bourrin dans 13 Hours de Micheal Bay), se lançait en effet dans le cinéma d’horreur avec un projet dans lequel il s’impliqua énormément. En effet, en plus de la réécriture du film (le scénario de base est de Scott Beck et Bryan Woods), Krasinski portait aussi les casquettes de réalisateur, producteur et acteur et partageait l’affiche avec Emily Blunt, sa femme à l’écran et dans la vie. Krasinski livrait alors une petite série B bien efficace, que ce soit au niveau de la réalisation, de la conception (très fortement inspirée de The Last Of Us) et de l’interprétation puisque, outre l’alchimie évidente entre Krasinski et Blunt, le film a permis la révélation de deux jeunes acteurs formidables, Millicent Simmonds et Noah Jupe.
Servi par un concept très fort (chaque bruit peut devenir une source de danger mortel), le film exploitait bien les diverses situations et problèmes que cela pouvait apporter au quotidien (comment gérer un accouchement et un nouveau-né ou alors une douleur soudaine) mais il ratait aussi LE rendez-vous principal du sujet, la gestion du silence. Car si les personnages doivent impérativement rester silencieux, ce n’était pas le cas du film, constamment illustré par de la musique, notamment lors des scènes de suspens. Une décision malheureuse, qu’on imagine pensée par les studios plutôt que par le réalisateur, et qui casse énormément l’immersion dans cet univers en empêchant de ressentir les bruits tels qu’ils devraient être perçus : des annonces imminentes de morts. Un défaut qui n’a pas empêché le film de rencontrer un très grand succès ce qui permit la confection d’une suite mise en chantier dans la foulée.
épilogue
Une suite qui commence par un flashback se situant au premier jour de l’invasion et qui nous permet de retrouver la famille Abbot quelques instant avant que le monde ne s’effondre. Une introduction très efficace, qui permet de réintroduire les personnages et leurs spécificités (la surdité de l’ainée), leurs liens familiaux très forts, et le nouveau personnage qui les accompagnera dans l’histoire, Emmett (Cillian Murphy). Mais cette introduction permet aussi, et surtout, de rassurer sur la volonté de Krasinski de traiter toujours sincèrement son univers puisque sitôt que les bestioles débarquent au milieu de la population de la petite ville, le réalisateur nous offre de beaux morceaux de bravoures, notamment une scène de fuite en voiture, en marche arrière, filmée uniquement du siège arrière, très tendue et très efficace.
Passé cette entrée en matière, le film reprend directement là où le premier film s’arrêtait avec la découverte du point faible des monstres et le moyen de les vaincre. Les Abbot doivent quitter leur refuge après sa destruction et trouver un moyen de propager la nouvelle pour aider les autres survivants. C’est là que le « part 2 » du titre original prend tout son sens puisque le reste du film semble vraiment être la conclusion du précédent film, qui se terminait de manière plutôt abrupte, plutôt qu’une nouvelle histoire avec les mêmes personnages. Un épilogue « gonflé » pour devenir un long métrage, ce qui amène forcément au principal problème, c’est un épilogue de 90min. Une fois l’intrigue coupée en deux, Regan et Emmett d’un côté, qui partent à la recherche d’une station radio qui émet encore et Evelyn (Emily Blunt) obligée de rester en retrait pour s’occuper de son nouveau-né et de son fils blessé, on sent bien que cette dernière est uniquement là pour gonfler la durée du film et les péripéties qu’ils vivent n’ont aucune incidence sur le reste du scénario et semblent même parfois forcées. Néanmoins, même si elles sont inutiles, ces scènes ne sont pour autant pas traitées par dessous la jambe et offrent tout de même de jolis moments d’action et d’iconisation d’Emily Blunt, toujours parfaite en mère guerrière.
L’autre partie centrée sur Regan et Emmett, permet de développer un peu plus le monde et rappellera surtout de très bons moments aux joueurs de The Last Of Us. Une inspiration qui était déjà bien présente dans le premier volet, et qui est ici encore plus assumée, que ce soit par les déambulations du duo dans des décors où la nature a repris ses droits sur la civilisation, le sac à dos de Regan remplit d’armes et d’objets qui ressemble à s’y méprendre à celui de Joel, ou encore dans la rencontre avec un groupe d’êtres humains bien plus dangereux que les monstres eux-mêmes. Centrée sur Regan, cette partie se permet enfin de laisser parfois la musique de côté, pour épouser son point de vue et offrir des séquences sans sons. Une très bonne idée qui n’est hélas encore que trop peu exploitée dans le film et aurait permis de multiplier l’impact du très beau (et épique) morceau final de Marco Beltrami.
Suite efficace, Sans Un Bruit 2 est dans la droite lignée du premier volet. Un film d’horreur qui s’assume, fait par quelqu’un qui aime et respecte le genre. Cette seconde partie souffre principalement de n’être que la conclusion de l’histoire mis en place dans le précédent film mais enrobe assez bien son contenu pour que l’on passe un bon moment et fait de Sans Un Bruit, un dytique réussi qui mérite sa place parmi les petits classiques du genre.
Image
Essentiellement capturé sur pellicule, avec un détour par le numérique pour la séquence de la Riviera, Sans un bruit 2 se dépose assez joliment sur support Bluray. On notera une définition parfois étrangement fluctuante, voir même à la limite du flou lors de certaines mise au point, mais cela semble plus dû à des choix initiaux qu’à une erreur de transfert. De toute façon le master HD reste toujours un poil sur la réserve avec un piqué bien dessiné mais jamais percutant, des teintes automnales douces et contrastées et des noirs franchement solides. Rien à reprocher mais rien de vraiment mémorable non plus.
Son
Encore une fois la piste originale Dolby Atmos met à l’amende son homologue français grâce à une amplitude incroyable et surtout une masse considérable de petits effets, de petits détails qui s’ajoutent à l’expérience générale. Les bruitages, dynamique, fluides et enveloppants, viennent habilement construire l’atmosphère sonores avec une restitution des sources et des distances particulièrement fines. Les scènes plus spectaculaires (les attaques proprement dites) ne sont pas en reste avec déploiement généreux et musclé.
Interactivité
L’édition fait le choix d’une petite sélection de featurettes plutôt que d’un véritable et approfondis making of. Dommage car entre les petites moments très anecdotiques et promos, John Krasinski n’hésite pas à parler de son désintérêt initial pour l’écriture d’une suite, la thématique primordiale de ce second opus (l’indépendance des deux enfants), l’utilisation de certains paysages américains et sa volonté de préserver de limiter les images de synthèses au maximum.
Liste des bonus
Journal du réalisateur : tournage avec John Krasinski (9’), « Perturbation détectable » : effets visuels et conception sonore (8’), « Lever le Rideau » (4’), « Le Parcours de Regan » (6’), « Le Défi de l’épisode de la marina » (5’).