SACRÉ ROBIN DES BOIS & DRACULA MORT ET HEUREUX DE L’ÊTRE
Robin Hood : Men in Tights, Dracula : Dead and Loving It – Etats-Unis, France – 1993, 1995
Support : Bluray
Genre : Comédie
Réalisateur : Mel Brooks
Acteurs : Cary Elwes, Richard Lewis, Roger Rees, Amy Yasbeck, Dave Chappelle, Leslie Nielsen, Mel Brooks, Peter MacNicol, Steven Weber
Musique : Hummie Mann
Durée : 104 minutes
Image : 1.85
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Gaumont
Date de sortie : 14 décembre 2022
LE PITCH
Fraichement revenu des croisades où il combattait aux côtés du Roi Richard d’Angleterre, le beau Robin de Locksley se voit confisquer ses terres natales par l’usurpateur de la couronne, le Prince Jean. Il jure de se venger et de combler le trou de la sécurité sociale… La belle Marianne trouvera-t-elle celui qui possède la clef de sa culotte de chasteté ?
Le comte Dracula acquiert à Londres l’abbaye de Carfax par l’intermédiaire du notaire Renfield, retrouvé dans un état de démence sur un bateau fantôme en provenance des Carpates. Une fois installé à Londres, le comte Dracula fait la connaissance de la famille Stewart, dont le père médecin dirige un asile d’aliénés à coups de lavements…
Les dernières folies de Mel Brooks
Grand patron de la parodie et de la comédie absurde américaine, Mel Brooks signait avec Sacré Robin des bois et Dracula mort et heureux de l’être ses deux ultimes réalisations. Entre les petites lourdeurs, l’Achtuce et l’amour du grand cinéma est toujours là.
Longtemps Mel Brooks aura été le grand patron de la parodie sur grand écran, rejouant la flamboyance des western (Le Sherif est en prison), l’horreur gothique (Frankenstein Junior), le cinéma muet (La Dernière folie de Mel Brooks), le thriller hitchcockien (Le Grand Frisson), le faste historique (La Folle Histoire du monde) ou le Space Opera (La Folle histoire de l’espace) en les tournant outrageusement en ridicule avec une masse incroyable de gags et de jeux de mots souvent mémorables et aujourd’hui devenus cultes. Mais comme tous les bons parodistes, Mel Brooks est avant tout un véritable cinéphile, un fin analyste des codes des genres qu’il aborde et surtout un amoureux des grands classiques hollywoodiens. Ainsi lorsqu’il s’attaque respectivement en 1993 et 1995, aux mythes de Robins des bois puis à celui de Dracula, il surfe ouvertement sur les succès de leurs dernières itération, le Robin des bois de Kevin Reynolds (1991) et le Dracula de Francis Ford Coppola (1992), reprenant plus ou moins leurs trames générales et une pelletée de références supplémentaires, mais on y sent inévitablement poindre une âme beaucoup plus proche du superbe Robin des bois en Technicolor de 1938 et des Dracula de la Universal ou de la Hammer. Rares sont d’ailleurs les spoofs movie aussi bien habillés, le cinéaste s’efforçant constamment de s’approcher au plus près de l’esthétique de ses modèles, jouant de photographies travaillées, colorées, de lumières chiadées et de décors maniéristes pour livrer de véritables œuvres cinématographiques.
Spoof Never Dies
Un effort particulièrement probant avec Dracula mort et heureux de l’être, à 99% tourné en studio et dont les plans viennent directement titiller la nostalgie du grand cinéma gothique, s’offrant ainsi une parenté plus qu’évidente avec le mythique Frankenstein Junior, reprise exemplaire de la patine des Universal Monsters. S’installe ainsi chez Mel Brooks une véritable connivence avec le spectateur connaisseur qui dépasse bien souvent la simple réussite du gag ou du simple bon mot ou détournement frontal. Un dialogue qui passe forcément par le travail des acteurs, ici les excellent Cary Elwes (Princess Bride, Saw…) impayable en réincarnation d’Errol Flynn au sourire immuable, et l’indécrottable Leslie Nielsen en faisant des caisses avec son accent roumain à la Bela Lugosi. Les deux films ne manquent pas de séquences mémorables comme l’assaut très inspiré de Robin et ses amis pendant le banquet de Prince Jean (avec une nette préférence pour l’aveugle Mirette qui affronte frénétiquement une poutre), le morceau musical ventant leur virilité malgré leurs superbes collants, ou la longue et laborieuse tentative de contrôle de deux victimes hypnotisées par un Comte médusé devant la bêtise humaine. Mais on sent aussi que l’art de Brooks a pris de l’âge et que son langage est parfois moins percutant.
Là où la bande des ZAZ (Y-at-il un pilote dans l’avion ? Top Secret !) et leurs prouesses plus ou moins séparées (les Y a-t-il un flic… d’un côté et les Hot Shot ! de l’autre) ont impulsé un rythme soutenu, voir frénétique, et une accumulation de gags de diverses profondeurs pouvant se démultiplier dans un même plan, Sacré Robin des bois et Dracula mort et heureux de l’être, semblent plus lents, se perdant parfois dans quelques séquences à vides (surtout Robin des bois avec son interminable parodie, raté, du Parrain ou son rap en ouverture) et surtout des scénettes toujours un poil trop longues, trop empesées, comme pour mieux souligner une blague d’un coup de coude dans les côtes supplémentaires. Un petit coup de vieux certainement mais cela n’empêche certainement pas d’y passer de très bons moments.
Image
Des masters HD plutôt simples, sans retour à la case négatif ou à un nouveau scan, et dont la restauration est uniquement passée par un travail numérique sur des copies déjà existantes et un peu vieillissantes, en particulier pour Robin des bois. Le travail reste cependant soigné avec des cadres à l’arrivée très propres et stables et des couleurs bien présentes, pétantes parfois. Seule forcément la définition semble toujours en retrait, trop douce, pas assez intense, aplatissant légèrement les plans et adoucissant les matières. Pas désagréable cependant.
Son
Les deux métrages restent dans leurs stéréos d’origines, mais disposés dans des DTS HD Master Audio plus clairs et fluides. Rien de gênant ni vraiment d’étonnant à cela, les dialogues sont bien posés, toujours clairs, avec un naturel plus présent du côté de la version anglaise, le doublage français ayant comme d’habitude un peu tendance à écraser l’arrière-plan.
Interactivité
Même si elles n’étaient déjà pas forcément ultra chargées, les éditions américaines avaient au moins le mérite de proposer les petits making of d’époque, une featurette rétrospective et la bande originale en piste isolée pour Robin des bois et une interview de Mel Brooks pour Dracula. Seul élément qui a perduré, le commentaire audio enregistré par le réalisateur et son équipe pour Dracula Mort et heureux de l’être lui permet de revenir sur la parenté du film avec Frankensein Junior, les nombreuses références du film entre les petits silences. Gaumont propose tout de même ici l’ajout de deux rencontres avec Thibault Decoster, animateur de la chaine « le cinéma de Papa » qui s’efforce de revenir sur les codes de la parodie selon Mel Brooks. Pas beaucoup d’informations pertinentes et cette tendance agaçante (il n’est pas le seul à l’avoir) à parler de lui-même.
Liste des bonus
Sacré Robin des Bois : « Génération parodie » : par Thibault Decoster, auteur et chroniqueur cinéma (14’), Bande-annonce.
Dracula, Mort et heureux de l’être : Commentaire audio de Mel Brooks, Steve Haberman, Rudy De Luca, Amy Yasbeck et Steven Weber (VOST), « La Dernière parodie de Mel Brooks » par Thibault Decoster, auteur et chroniqueur cinéma (17’), Bande-annonce