SABLES MORTELS
White Sands – États-Unis – 1992
Support : Bluray & DVD
Genre : Policier
Réalisateur : Roger Donaldson
Acteurs : Willem Dafoe, Mary Elizabeth Mastrantonio, Mickey Rourke, Samuel L. Jackson, M. Emmet Walsh, Maura Tierney, Mimi Rogers
Musique : Patrick O’Hearn
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 101 minutes
Éditeur : ESC Editions
Date de sortie : 20 septembre 2023
LE PITCH
Ray Dolezal, shérif-adjoint, enquête sur la mort mystérieuse d’un homme dont le corps a été retrouvé au milieu du désert du Nouveau-Mexique. L’inconnu, vêtu d’un costume de ville, tenait dans sa main une arme de service pressée contre sa tempe et dans l’autre un attache-case renfermant 500 000 dollars.
» Quand t’es dans le désert… »
Autre tentative néo noire d’un début des années 90 qui n’en manque pas, Sables mortels affiche un casting impressionnant et pourtant il semble être tombé, comme beaucoup, dans l’oubli. Pourtant ce polar complexe et opaque, admirablement incarné, ne manque certainement pas d’argument.
Comme dans Profession Reporter de Michelangelo Antonioni, il est question d’un homme mystérieux retrouvé mort et d’un autre qui va alors se faire passer pour lui. Comme dans ce dernier le décor est celui du western, souvent d’un désert à perte de vue et d’une population vivant en marge du monde commun. Les ressemblances s’arrêtent là car l’australien Roger Donaldson n’est pas un grand auteur et un cinéaste formaliste, mais un solide artisan auteur de cartons US comme Le Bounty (celui avec Mel Gibson et Anthony Hopkins), Sens unique, Cocktail, La Mutante ou Le Pic de Dante. Son film est un pur film policier constamment motivé par une enquête complexe et tortueuse signée Daniel Pyne (La Manière forte, Un Crime dans la tête), qui repose sur un enchevêtrement de faux semblants et de personnages que ne cessent de cacher leurs identités et leurs motivations. Petit shérif d’une ville paumée du Nouveau Mexique Ray Dolezal pense tenir là l’enquête la plus excitante de sa vie et s’engouffre tête baissée dans une affaire de vente d’armes, de détournements de fond, de financement de mouvements révolutionnaires dans lesquels viennent tripatouiller des agents du FBI (Samuel L. Jackson plus que convaincant en ripoux), eux même surveillés par les affaires internes du même organisme.
« … depuis trop longtemps ».
Un monde trouble et dangereux qui fascine et excite forcément le protagoniste, Willem Dafoe plus « normal » que d’habitude, attiré par la sublime Mary Elizabeth Matrantonio en fausse femme fatale, charmé par la dangerosité d’un Mickey Rourke insaisissable. Un trio qui ne cesse de se tourner autour, de se tromper, se mentir, se duper, dans un petit jeu mortel parfaitement orchestré par Roger Donaldson, qui sait se montrer économe et pointu dans ces effets. Comme cette première rencontre entre Ray et Lane où celle-ci sait qu’il n’est pas qui il veut fait croire, où lui comprend qu’elle sait sans le montrer, tandis que le troisième décline d’un simple regard une naïveté que l’on découvrira bien plus tard totalement feinte. Le jeu des acteurs y est parfait et l’approche psychologique maitrisée, distillant déjà une atmosphère inquiétante derrière les sourires de chacun. Sables mortels est un film sur le trouble identitaire, l’opposition entre le réel et le fantasme, où les masques personnels reflètent ceux d’un pays (représenté ici par le FBI, la CIA et le consortium militaire) en perte de repères et de voie depuis la fin de la Guerre froide.
Encore marqué par l’esthétique contemplative et typée de la décennie précédente (traversée en superbe cylindrée, ciel bleu éclatante, musique électro presque datée…), Sables mortels pose un premier pied dans les 90’s par son regard désabusé et cynique sur un système épuisé, s’auto-dévorant. Si le film ploie parfois sous ses propres ambitions et ne va pas forcément jusqu’aux bout de ses promesses (le final reste trop gentillet et moral), l’objet est d’une efficacité indéniable.
Image
Sans s’avérer renversante, la copie de Sables mortels est assez convaincante. Certes la source initiale n’est pas de première jeunesse et la restauration ne s’est effectuée qu’à coups de logiciels plus ou moins performants, mais il faut reconnaitre que le métrage retrouve une partie de sa superbe. Quelques taches persistent, les plans d’ensemble manquent encore d’un soupçon de profondeur et le grain reste inégal, les couleurs cependant sont bien pimpantes, les noirs solides et le piqué s’efforce constamment de tirer le meilleur possible de chaque plan.
Son
Plutôt sobres mais avec quelques effets bien placés, les pistes DTS HD Master Audio 5.1 laissent surtout respirer les atmosphères désertiques, les échanges dialogués et les musiques planantes. L’ensemble est toujours stable et clair.
Interactivité
Proposé en vente uniquement à la demande par Sony aux USA, Sables mortels n’y est alors accompagné d’aucun supplément. ESC a donc fait l’effort de demander à Frédéric Albert Levy une petite présentation (30 minutes tout de même) d’usage. Les filmos des uns et des autres, mais aussi de larges réflexions sur les apparats du genre, les symboliques possibles, sur les influences australiennes, les inspirations « antonioniennes », voir celle de… Pretty Woman. Euh… monsieur s’égare.
Liste des bonus
Présentation du film par Frédéric Albert Levy (25’), Bandes-annonces.