S.O.S. FANTÔMES : LA MENACE DE GLACE
Ghosbusters : Frozen Empire – Etats-Unis – 2024
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Fantastique, Comédie
Réalisateur : Gil Kenan
Acteurs : Mckenna Grace, Annie Potts, Carrie Coon, Paul Rudd, Bill Murray, Dan Aykroyd, , Finn Wolfhard, Patton Oswalt, Kumail Nanjiani, Ernie Hudson…
Musique : Dario Marianelli
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, DTS HD Master Audio 5.1 français, allemand, espagnol…
Sous-titres : Français, anglais, allemand, italien…
Durée : 115 minutes
Editeur : Sony Pictures
Date de sortie : 14 août 2024
LE PITCH
La famille Spengler revient là où tout a commencé, l’emblématique caserne de pompiers de New York. Ils vont alors devoir faire équipe avec les membres originels de S.O.S. Fantômes, qui ont mis en place un laboratoire de recherche top secret pour faire passer la chasse aux fantômes à la vitesse supérieure. Lorsque la découverte d’un ancien artefact libère une armée de fantômes qui répand une menace de glace sur la ville, les deux équipes S.O.S. Fantômes doivent unir leurs forces pour protéger leur maison et sauver le monde d’une seconde ère glaciaire.
Fantômes contre fantômes
Petit miracle en soi, Ghostbusters : Afterlife était parvenu à ressusciter une franchise sur laquelle on avait fini par faire une croix. On ne donnait en effet pas cher de la peau du film de Jason Reitman après le consternant reboot de 2016 et une première bande-annonce surfant maladroitement sur la vague rétro-nostalgique de la série Stranger Things. Sincère dans sa démarche, le réalisateur de Juno et fils d’Ivan Reitman avait pourtant su déjouer les pronostics en livrant un blockbuster humble et distrayant. Tout le contraire d’une nouvelle séquelle emballée avec un savoir-faire indiscutable mais qui s’écroule malheureusement sous le poids d’un fan-service envahissant
Co-scénariste et producteur de ce Ghostbusters : Frozen Empire, Jason Reitman cède ici sa place derrière la caméra à Gil Kenan, ami et collaborateur de longue date mais aussi co-auteur du script de l’opus précédent. Le changement dans la continuité, donc. Et un choix qui se tient parfaitement, Kenan ayant à son actif l’excellent Monster House, un film d’animation produit par Steven Spielberg et Robert Zemeckis où de jeunes adolescents affrontaient une maison hantée (par politesse, on passera par contre sous silence son remake du Poltergeist de Tobe Hooper).
Cinquième film de la saga, Ghostbusters : Frozen Empire s’ouvre sous les meilleurs auspices avec un prologue inquiétant nous ramenant à New York en 1904. Horrifiés, des pompiers découvrent les corps gelés et figés dans un effroi éternel d’un club de gentlemen aventuriers, un méfait qui donne un avant-goût de la nouvelle menace imaginée pour cette nouvelle aventure. Flash-forward en 2024 où la famille Spengler/Grooberson (le quatuor Paul Rudd / Carrie Coon / Finn Wolfhard / Grace McKenzie), rapatriée dans la Grosse Pomme, donne la chasse à un dragon ectoplasmique au volant de la légendaire Ecto-1. Une entrée en matière dynamique, pas loin d’être virtuose, tout à fait spectaculaire et réservant quelques surprises, notamment un piège à fantômes volant. Surtout, Gil Kenan réussit un morceau de bravoure qui pose les enjeux dramatiques de cette séquelle avec une belle efficacité, donnant à chaque personnage une trajectoire claire et concise. Dommage que le reste ne soit vraiment pas du même tonneau puisque pendant dix bonnes minutes nous tenions là une comédie fantastique de tout premier ordre.
Jeter un froid
Tout le problème de Ghostbusters : Frozen Empire vient de l’incapacité du film et de ses maîtres d’œuvre à aller de l’avant et à se débarrasser une bonne fois pour toutes des figures imposés du passé et d’une formule sur laquelle ses propres créateurs s’étaient cassés les dents dans un Ghostbusters II mi-figue, mi-raisin . Si Dan Aykroyd et Ernie Hudson parviennent (de justesse) à trouver leur place dans une intrigue qui zappe d’un personnage à l’autre sans se trouver un point d’ancrage solide, on ne peut pas en dire autant d’Annie Potts et de Bill Murray, lesquels ne comprennent pas vraiment ce qu’ils font là. Non content de ne pas savoir choisir entre l’ancienne et la nouvelle équipe, Gil Kenan aggrave son cas en s’encombrant d’une ribambelle de personnages encore plus inutiles. Rescapés de Ghostbusters : Afterlife, Celeste O’Connor (Lucky) et Logan Kim (Podcast) sont clairement de trop et ne font jamais avancer le shmilblick. C’est encore pire pour les nouveaux venus James Acaster et Kumail Nanjiani, littéralement insupportables. Surpeuplé, le script ne laisse que peu d’espace à ses quatre héros et à un nouveau méchant très prometteur et au look soigné. Qu’il s’agisse de la relation entre Phoebe Spengler et une jeune fille fantôme, du problème d’autorité et de maturité de Gary Grooberson ou de la mythologie entourant un dieu fantôme habité par une haine de plusieurs millénaires, Gil Kenan se retrouve contraint de tailler dans le vif, ne laissant que l’ébauche émasculée d’un autre film.
Moins porté par la notion d’hommage que son prédécesseur ou même par son émotion à fleur de peau, Ghostbusters : Frozen Empire cherche tellement à plaire et à titiller la nostalgie de son public (il faudrait plusieurs paragraphes pour faire le listing exhaustif des clins d’oeil aux films de 1984 et 1989) qu’il en oublie de se construire une identité bien à lui. Quelques jolis bouts de scènes émergent de ce gigantesque gloubiboulga indigeste et il n’est pas interdit de tirer son chapeau à l’équipe des effets spéciaux, à la direction artistique et au score hybride mais convaincant de Dario Marianelli.
Moins rentable que Ghostbusters ; Afterlife, … Frozen Empire risque pourtant fort de sonner le glas de la franchise (encore!). Dommage, on y était presque.
Image
Une colorimétrie et une définition qui s’épanouissent sans contrainte en Dolby Vision. Les détails sur les panoramas new-yorkais donnent le vertige et on frôle le relief lorsque la caméra s’attarde sur l’épiderme blafard et givré du grand méchant Garraka. Un plaidoyer (un de plus) pour le support UHD, avec un rendu incomparable des textures et des contrastes d’une photographie qui dose ses effets.
Son
Victoire par KO pour le mixage Dolby Atmos, réservé à la version original (dommage pour les francophiles). Les effets atmosphériques d’une précision chirurgicale dominent le paysage acoustique avec des craquements qui donnent des frissons et des coups de tonnerre qui mettront vos nerfs à rude épreuve. Un mixage plus subtil et varié que résolument tonitruant.
Interactivité
Comme souvent, seul le commentaire audio du réalisateur a fait le voyage sur le disque 4K. Un commentaire enjoué, sans temps morts, riche en anecdote et sous-titré en français. Le reste des bonus se trouve sur le bluray glissé dans le boitier (basique ou steelbook) avec un petit défilé de featurettes sur les props, les décors, les nouveaux fantômes ou le laboratoire nouvelle génération, mais comme dans le making of et l’item répertoriant une grande partie des nombreux clins d’œil du film, on sent bien que là aussi le regard est constamment porté vers l’arrière et l’héritage de la série. Un peu plombant, mais cela n’empêche pas quelques interventions sympathiques. Le tout se clos sur une petite sélection de scènes coupées assez anecdotiques.
Liste des bonus
Commentaire audio de Gil Kenan, « Retour à la caserne » : making of (22’), « Busted : capturer les fantômes de La Menace de glace » (11’), Easter eggs : les détails cachés (6’), « Manifestation de Garraka » : conception du vilain (4’), « New York, nouvel élan » : accessoires, gadgets et véhicules (7’), « Bienvenue au Centre de Découverte du Paranormal » : le laboratoire de Winston (5’), Découverte de la bande originale : rencontre avec Dario Marianelli (6’), 6 scènes coupées (9’).