RUSH
États-Unis – 1991
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Lili Fini Zanuck
Acteurs : Jason Patric, Jennifer Jason Lee, Sam Elliott, Max Perlich, Gregg Allman, Tony Frank
Musique : Eric Clapton
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 120 minutes
Éditeur : MDC Films
Date de sortie : 6 septembre 2023
LE PITCH
Que se passerait-il si deux flics cessaient d’aimer leur travail… et se retrouvaient de l’autre côté de la barrière ? Véritable électrochoc cinématographique, « Rush » met en scène deux agents des stupéfiants qui, pour les besoins de leur enquête, dépassent la limite… et se retrouvent piégés dans l’enivrant et dangereux monde de la drogue…
Tu peux y aller c’est de la bonne
En parallèle de la sortie de Miami Blues, MDC Films extirpe de l’oubli un autre film délaissé avec Jennifer Jason Lee. Accompagnée cette fois-ci de Jason Patric, elle campe une jeune flic en immersion dans un milieu de la drogue où elle menace constamment de se perdre définitivement. Belle performance.
Avant d’être film, Rush est le roman autobiographique de Kim Wozencraft, ex-agent des stups qui y décrivit, sans une once de romantisme et d’édulcoration, sa lente descente aux enfers en compagnie de son collègue, mais aussi l’univers dangereux des trafiquants tout autant que des méthodes policières parfois douteuses. Une trajectoire qui la mènera malheureusement jusqu’à la prison, lieu ou finalement elle trouvera le chemin de l’écriture comme une forme de rédemption. Et ce témoignage frappant et déchirant va motiver la productrice Lili Fini Zanuck (épouse de Richard D. Zanuck, lui-même fils du mythique Darryl F. Zanuck) récemment auréolée des succès familiaux de Cocoon et Miss Daisy et son chauffeur (pour lequel elle a obtenu un oscar), à passer à la réalisation. Ce sera d’ailleurs son unique mise en scène pour le grand écran. Et dès les premières minutes, et un joli plan-séquence qui sera plus ou moins répété pour conclure le film, le réalisme et la dureté d’approche frappe le spectateur. Un réalisme âpre qui va sous-tendre tout le film et surtout s’extraire des habituels éléments musclés, ciblés action et cavalcades, dans lequel le genre peut tomber. Rush ne sera pas un polar spectaculaire, mais bien une exploration en quête de véracité où en dehors d’un inaccessible et mutique Gaines (interprété par Gregg Allman, fondateur de The Allman Brothers Band), dealers et consommateurs, aussi inquiétant soient-ils, n’ont jamais rien de charismatique ou de fascinant.
the shoot
Un petit monde assez misérable dans lequel gravite Jim Raynor et Kristen Cates, deux jeunes flics, à qui on demande d’acheter et de consommer de la drogue afin de remonter le réseau et d’accumuler des preuves. En immersion totale, jusqu’à bien entendu y perdre leurs identités et leurs âmes. Rush se passionne en l’occurrence certainement moins pour l’enquête proprement dite, finalement assez factuelle, que sur les évolutions de la relation entre les personnages passionnément interprétés par Jason Patric (qui rejouera plus ou moins la même partition en 2002 dans le Narc de Joe Carnahan) et une Jennifer Jason Lee qui s’apprêtait à exploser dans J.F. Partagerait appartement quelques mois plus tard. Toujours adepte des rôles trouble, elle joue ici clairement la figure la plus intéressante du film, jeune recrue inexpérimentée et fascinée par la démarche et le jusqu’au-boutisme de son « mentor » et rapidement amant, qui va peu à peu devoir maitriser les gestes, techniques et langage qu’elle infiltre, et même devenir le socle autant du couple que du binôme. Un glissement dont s’empare intelligemment la réalisatrice, faisant basculer peu à peu le point de vue du film, de masculin à féminin, sans jamais s’appesantir inutilement dans le drame ou le pathos.
Beaucoup de justesse, un peu de finesse, sans doute un petit manque de style et un scénario qui oublie un peu trop les personnages secondaires à mi parcours, Rush est une proposition tout à fait intéressante et convaincu. Et question d’attiser les curiosités, difficile de passer à coté de l’excellente bande originale, rock, jazz et glauque, signé par Mr Eric Clapton.
Image
La copie HD a été travaillée à partir d’une source plus toute fraiche mais effectivement relativement propre. Rares sont les scories de pellicules, et l’ensemble profite d’un joli traitement des couleurs terreuses et des noirs. Le matériel reste d’une génération qui commence à dater un peu (2015 pour la sortie américaine) et cela se voit sur les plans d’ensemble où le filtrage du grain tire vers un lissage un peu disgracieux. Heureusement l’essentiel des plans, plus resserrés, affirme une définition soignée et un piqué honorable.
Son
Efficace et soigné, le doublage français est proposé dans un DTS HD Master Audio 2.0 bien clair. La version originale, elle, est disponible aussi bien en DTS HD Master Audio 2.0 que dans un équivalent 5.1. Ce dernier ne se montre pas d’une grande pertinence avec uniquement quelques rares effets de spatialisation (clients du bar, bruits de coups de feu) et n’offre pas tout à fait la même tension que la stéréo d’origine. Dans les deux cas cependant le rendu est toujours clair.
Interactivité
Encore une belle édition pour MDC Films qui propose le boitier amaray dans un étui cartonné sobre et élégant, et qui a bien remplis le disque bluray. En reprenant tout d’abord les deux suppléments de l’édition américaine avec un très intéressant commentaire audio de la réalisatrice (malheureusement non sous-titré) dans lequel elle développe plus particulièrement la place du personnage féminin dans cet univers, et une featurette d’époque qui permet tout de même d’observer quelques images de tournages.
Un peu court, alors l’éditeur français invite les deux intervenants déjà présents sur Miami Blues à venir explorer le film. Amandine Lach (Sorociné) s’attarde sur le glissement de point de vue du film et les aspects les plus dramatiques du récit, tandis que Fathi Beddiar, toujours aussi éloquent, resitue les méthodes policières d’alors, la trajectoire de la romancière Kim Wozencraft, le style du film et l’impact de sa découverte au début des années 90. La belle surprise vient d’une rencontre inédite avec Kim Wozencraft (en visio mais peu importe), où cette dernière raconte son passage à l’écriture, les éléments autobiographiques du roman et du film, l’adaptation tout en s’attardant sur son entrée dans la police et la décision qui aura entrainé son incarcération. Une dame passionnante.
Liste des bonus
Commentaire audio de Lili Fini Zanuck (VO), L’Histoire de Rush racontée par Fathi Beddiar (67’), « Dans le rush » : Analyse d’Amandine Lach (15’), « Adapter Rush » : Entretien avec Kim Wozencraft, autrice de Rush (25’), « Tourner Rush » : Featurette (9’), Rush en VHS Vision, Galerie photos, Clip « Tears In Heaven » d’Eric Clapton (5’), Bandes-annonces.