RUN AND KILL
烏鼠:機密檔案 – Hong-Kong – 1993
Support : Bluray
Genre : Action, Thriller
Réalisateur : Billy Tang
Acteurs : Kent Cheng, Simon Yam, Esther Kwan, Danny Lee, Li Li-Li, Charlie Ng…
Musique : Inconnu
Image : 1.85 16/9
Son : Cantonnais DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 91 minutes
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 15 mars 2024
LE PITCH
Le débonnaire entrepreneur Ng Cheung découvre sa femme en plein adultère. Déboussolé, il arpente les rues et se laisse entraîner dans un bar. Très vite ivre mort, il demande inconsciemment à un homme d’éliminer sa femme. Hélas pour Cheung, ce dernier fait partit d’un gang de criminels vietnamiens qui vont très vite tuer sa femme ainsi que son amant. Reconnu pour avoir recruté leurs services, il est menacé par les meurtriers qui réclament dès lors de l’argent.
A perdre haleine
Considéré, à raison, comme l’une des perles noires de la fameuse Catégorie III (l’interdit aux moins de 18 ans HK qui permit toutes les outrances), Run and Kill se montre presque plus malin que ses petits camarades, ne s’engouffrant pas d’emblée dans les délires les plus scabreux, laissant progressivement le piège se resserrer jusqu’à son final furieusement nihiliste.
Catégorisation remise aux goûts du jour au milieu des années 80 afin de contrer une violence de plus en plus visible, un érotisme de plus en plus frontal et surtout une contestation politique de moins en moins facile à brider, la Catégorie III n’aura pas vraiment le résultat escompté puisque c’est tout une branche de la production hongkongaise qui s’y engouffra, toute fière d’imposer justement le fameux logo sur leurs affiches. En 1993, année de sortie de Run and Kill c’est quasiment la moitié des films produits sur l’archipel qui furent estampillé Catégorie III. Et en l’occurrence, Billy Tang est l’un de ces cinéastes qui a fondé toute la première partie de sa carrière cinématographique sur cette branche. Après un Pour la peau d’une femme, rape & revenge très honnête mais encore assez soft, c’est véritablement avec Dr. Lamb et son évocation rentre-dedans du premier serial killer officiel de Hong-Kong que ce dernier se fait définitivement remarquer. Il en reprend d’ailleurs le trio d’acteur principaux, mais dévie heureusement de la pure démonstration bisseuse pour une approche plus sinueuse et inattendue.
Adieu, monde cruel
Celle d’un drame conjugal qui frappe le pauvre Ng Cheung, brave commerçant et papa attentionné, qui découvre un jour en rentrant faire une surprise à son épouse qu’elle se tape l’un de ses employés. Trop affable, il leur demande poliment de se rhabiller et ère quelques temps dans les rues de la ville, enquillant les bouteilles d’alcool jusqu’à laisser exploser sa colère et son envie de trucider l’infidèle… Une demande qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd puisqu’un assassin le prend au pied de la lettre. Le lendemain, il est ainsi témoin du meurtre brutal de celle-ci et son amant, et est rapidement suspecté par la police. Pire, une organisation de dangereux criminels réclame désormais qu’il paye la facture et c’est le début d’une rapide et implacable descente aux enfers. Une pauvre victime dès lors témoins malgré lui du monde barbare qui se cache dans l’arrière-cour du pays, enjeux à peine déguisés d’une rétrocession tendue entre Chine continentale et forces de l’ordre encore régie par l’Empire Britannique, et qui devient bouc émissaire d’un tueur professionnel qui s’avère un authentique psychopathe.
D’une petite tragédie contemporaine encore mâtiné de quelques touches d’humour débonnaire, Run And Kill sombre dans l’ironie mordante, le fait divers sordide, le thriller glauque, voir le film d’horreur bien malsain. Comme un jeu de dominos qui n’en finissent pas de tomber, le film le plus réussi de Billy Tang fait littéralement sombrer son protagoniste, assistant à la destructions totale de tous ses repères, d’un mariage présenté comme une vaste blague, d’une police inutile (représenté par un Danny Lee plutôt discret) à une famille qui part littéralement dans les flammes (cœur bien accroché demandé), le poussant jusqu’à la folie. Le rythme est tendu et s’égrène joyeusement sur 90 minutes bien dégraissées, la mise en scène joue autant des atmosphères urbaines qu’une d’une sobriété bienvenue multipliant les gros plans hagards, et même les effets les plus chocs, aussi traumatiques soient-ils, sont utilisés avec parcimonie.
Efficace et plutôt bien troussé, Run And Kill marque certainement aussi par les excellentes prestations de Kent Cheng, habitué aux rôles de sympathiques grassouillets plutôt comiques, fascinant en brave type poussé dans ses derniers retranchements, et surtout Simon Yam, acteurs particulièrement prolifique (260 films au compteur, et ce n’est pas fini) absolument tétanisant en sociopathe dont le regard noir et sans âme n’est jamais très loin des visions fugaces d’un certains Michael Myers.
Image
Le film a récemment été restauré à partir d’un scan 2K à la source (sans doute les négatifs) et cela se voit ! L’image est particulièrement propre, stable, et dégage un mélange particulièrement agréable de rendu légèrement brut et d’une restitution très naturelle du grain d’origine. Les argentiques sont bien présents, la profondeur aussi, et les couleurs oublient définitivement les restes délavés d’autrefois pour affirmer des noirs bien pleins et une colorimétrie bleutée maitrisée. On oublierait presque qu’on est devant un Catégorie III.
Son
La version originale cantonaise est proposée ici dans un DTS HD Master Audio 2.0 très direct mais très efficace. Plus vraiment de traces des habituels légers chuintements et saturations des productions HK des 90’s, la prestation est relativement claire et équilibrée.
Interactivité
L’édition se présente avec un très élégant fourreau cartonné…. Réussi mais presque trop élégant au vu du métrage.
Le disque Bluray s’ouvre tout naturellement par une présentation toujours aussi complète d’Arnaud Lanuque qui redéfinie brièvement la Catégorie III (pour ceux du fond qui n’avaient pas suivi), avant d’embrayer sur la carrière de Billy Tang, qu’il met en parallèle avec Ringo Lam, et les personnalités de Kent Cheng et Simon Yam.
On retrouve d’ailleurs ce dernier pour une interview inédite. L’acteur n’y parle pas vraiment du film en présence ici, mais explore ses débuts, son rapport avec le cinéma chinois et surtout sa branche « indépendante » et évoque ce qu’il recherche dans un projet ou chez un cinéaste.
Liste des bonus
Présentation de Arnaud Lanuque (14’), Interview de Simon Yam (20’), Bande-annonce.