ROSEBUD
États-Unis – 1975
Support : Bluray & DVD
Genre : Policier, Thriller
Réalisateur : Otto Preminger
Acteurs : Peter O’Toole, Richard Attenborough, Cliff Gorman, Claude Dauphin, Amidou, Isabelle Huppert, Kim Cattrall, Lalla Ward, Debra Berger, Georges Beller
Musique : Laurent Petitgirard
Durée : 126 minutes
Image : 1.78 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 17 août 2022
LE PITCH
Sabine, petite-fille du milliardaire Charles-André Fargeau, invite quatre amies pour une croisière sur le yacht de son grand-père. Un commando terroriste attaque le bateau, supprime les membres d’équipage et enlève les cinq jeunes filles. Fargeau fait appel à Larry Martin, un journaliste qui est en réalité un agent de la CIA.
Et Vogue le navire
Avant dernière réalisation de l’un des plus grands cinéastes classiques hollywoodiens, Rosebud est certainement aussi son plus faible… à la limite de l’erreur de parcours. Un thriller politique en forme d’écho aux agissements de Septembre noir où au moins Peter O’Toole à l’air de passer de bonnes vacances.
Etrange croisière en effet que celle-là donnant à Otto Preminger l’occasion de renouer directement avec certaines thématiques du grand Exodus, tout en réaffirmant à la fois sa maitrise constante du suspens, du polar noir et sa fascination pour les portraits féminins complexes voir ambigües. D’une certaine façon, le roman original promettait tout cela en racontant la prise d’otage de cinq jeunes femmes de la haute société occidentale par un commando palestinien. Malheureusement, suite à quelques dramas familiaux le cinéaste décide de confier l’adaptation à son propre fils, Erik Lee Preminger, totalement néophytes en la matière et qui va se montrer bien incapable de densifier et équilibrer un récit dont l’écriture viendra allégrement chevaucher un tournage (ce qui n’est jamais très bon signe) déjà bien malmené par une production internationale confinant à l’urgence et un départ de mauvais pied avec l’acteur principal : Robert Mitchum. Au fond de la bouteille, il sera remplacé au pied levé par Peter O’Toole qui transforme son personnage de journaliste / agents de la CIA, en baroudeur bondien à la décontraction assez déstabilisante. Un hors-sujet.
Une brèche dans la cale
L’acteur semble se tromper de film certes, mais ce dernier ne sait effectivement jamais vraiment vers quelle direction se diriger, multipliant les personnages et s’efforçant de les faire exister, un temps, avant de les oublier et sans jamais vraiment les faire sortir de leurs propres caricatures. L’ouverture humanisant de manière troublante les futurs terroristes est plutôt réussie, mais ne trouvera pas d’échos, réduisant par la suite ces mêmes personnages à de simples vilains de film d’espionnage. Même réduction du coté des demoiselles en détresses, campées par de toutes jeunes actrices répondant aux noms de Kim Cattrall (Les Aventures de Jack Burton, Sex and the City), Debra Berger (Une Poignée de salopards), Lalla Ward (inoubliable Romana dans Doctor Who) et même Isabelle Huppert, essentiellement dépeintes comme des gosses de riches et qui ne sortiront jamais vraiment de leurs postures agaçantes. Rosebud ne peut se départir de ses postures outrées (mention spéciale au militant communiste joué par George Beller), et montre une incapacité certaine d’Otto Preminger à véritablement intégrer autant les enjeux politiques et sociétaux des 70’s, que son esthétique bien plus brute, sèches et directe. Quelques zooms maladroits, une image légèrement granuleuse, un montage parfois hasardeux et surtout une action et un suspens bien mous rendent méconnaissable le style de l’auteur de Laura, La Rivière sans retour ou Autopsie pour un meurtre (pour ne citer que les trois plus célèbres). Pire l’assaut final dans la grotte du dirigeant islamiste (Richard Attenborough en converti fanatique à turban) tombe dans le ridicule total, montrant comme le Mossad réussit à s’infiltrer dans la base et à en ressortir sans être vue pendant que les fidèles font la prière face aux murs. Manquerait plus que Frank Drebin passe par là.
Image
Malgré sa mauvaise réputation Rosebud a tout de même eu les honneurs d’une restauration complète au format 2K. De quoi faire disparaitre les nombreuses taches, griffures et instabilités d’autrefois délivrant désormais des cadres largement plus clean et bien ancrés et surtout rehausser une colorimétrie autrefois terriblement terne. Présenté dans d’excellentes conditions donc, le film aurait peut-être mérité un soupçon d’intensité et de profondeur supplémentaire, mais c’est pour chipoter un peu.
Son
Belle performance encore du coté de la piste originale anglaise qui en plus de nous faire profiter de nombreux accents pas toujours des plus maitrisés, offre une clarté confortable et un équilibre minutieux entre les dialogues, la musique et même quelques effets dynamiques. Le doublage français, bien ancré dans son époque, reste très agréable mais aux échos plus renfermés.
Interactivité
Rimini fait souvent mieux que ses camarades anglo-saxons. La preuve une nouvelle fois avec Rosebud qui se dote d’un très élégant digipack cartonné avec fourreau et de deux suppléments totalement inédits. Une présentation indispensable d’Olivier Père tout d’abord qui redessine les contours d’un film compliqué et au résultat plus que décevant et des images de tournage filmées par Dimitri Batritchevitch, assistant et chauffeur, qui au passage capture les quelques jours de Robert Mitchum sur le plateau.
Liste des bonus
Interview d’Olivier Père, directeur de l’Unité Cinéma d’Arte France (15′), Imades du tournage inédites (6′).