ROLLERBALL
Etats-Unis – 1975
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Science-Fiction, Action
Réalisateur : Norman Jewison
Acteurs : James Caan, John Houseman, Maud Adams, John Beck, Moses Gunn…
Musique : London Symphony Orchestra
Image : 1.75 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 125 minutes
Editeur : L’Atelier d’images
Date de sortie : 20 août 2024
LE PITCH
En l’an 2018, les cadres dirigeants se sont substitués aux hommes politiques, et les Etats ont été remplacés par six départements mondiaux : Énergie, Luxe, Alimentation, Logement, Communications et Transports. Grâce à cette organisation, tous les hommes jouissent d’un confort matériel inégalé. Mais une société en paix a besoin de purger les pulsions violentes de ses membres. C’est dans ce but qu’a été créé le rollerball, un sport très violent, à la fois mélange de hockey, de boxe, de football américain…
Les rois du patin
Annonçant un monde futur où les nations seraient entièrement constituées en consortium industriels contrôlant le moindre aspect de la vie de ses habitants et leurs faisant oublier leur absence de liberté par le confort et les jeux sportif retransmis sur toutes les chaines disponibles, Rollberall n’était bien entendu en 1975 qu’une vaste fantaisie. Retour, en 4K, sur ce que beaucoup considèrent comme un classique de la SF des seventies.
En matière de science-fiction, la décennie soixante-dix fut effectivement déterminante pour l’avenir du genre. Tout y fut écrit, réalisé, tenté. Une grande majorité d’auteurs fut approchée et ils finirent à peu près tous par contribuer à la fièvre créatrice hollywoodienne, que ce soit sur petit ou grand écran. Ce fut le cas de William Harrison, auteur en 1974 d’une nouvelle intitulée Roller Ball Murder et qui, à peine un an plus tard, se retrouva sur les écrans de cinéma après qu’il en signa lui-même l’adaptation.
Comme beaucoup de films du genre à l’époque, Rollerball présente un futur dystopique. Mais son originalité vient du sport autour duquel s’articule son système de corporations qui livre quotidiennement au monde entier son championnat ultra violent. Une sorte d’opium du peuple qui prend la forme d’une joute sur patins et motos entre deux équipes qui doivent saisir une boule d’acier lancer à toute allure et la placer au fond de buts adverses sur une piste inclinée. Evidemment, tous les coups sont permis et plus la violence est présente plus la foule en délire y trouve son compte. Gants cloutés (bien avant Mad Max 2 qui sortira au début de la décennie suivante), motos rugissantes, casque (de foot US), ces jeux du cirque sont, sur le papier et l’écran, impressionnants et donnent l’occasion à James Caan de livrer une belle prestation virile et habitée. Malheureusement, il n’y a bien que les scènes de match pour empêcher le spectateur de piquer du nez.
Les guerriers de l’ennui
Bien qu’elle soit, dans les faits, très éloignée du 2001 de Kubrick, il est difficile de ne pas rapprocher l’introduction de Rollerball de celle de son prestigieux aîné. Sur un plan fixe présentant « l’arène », à la manière du Ainsi Parlait Zarathustra de Strauss, la célèbre fugue en ré mineur de Bach retentit gravement. Il le reconnaîtra lui-même, Norman Jewison adorait le travail de Kubrick, et il n’est donc pas étonnant qu’il décide de confier la musique de son premier (et seul) film de SF au London Symphony Orchestra, qui pour l’occasion habille Rollerball de quelques grandes œuvres classiques. Une musique qui accompagne d’ailleurs le personnage principal durant ses longues séances d’introspection et sa quête de sens : pourquoi le Système lui a-t-il pris sa femme (Maud Adams, la James Bond girl de L’Homme au Pistolet d’Or un an auparavant)? Pourquoi un des patrons corporatistes (John Houseman, éternel Dr. Franklin de la femme et l’homme bioniques les plus célèbres de la TV US) veut-il se débarrasser de lui ? Tandis que Tchaikovsky et Shostakovich accompagnent les doutes du héros, les phases de match sont, elles, livrées sans aucun accompagnement musical, le rythme lancinant des patins sur la piste, le brouhaha de la foule, le ronflement des motos, les cris, la sueur, le sang… Un chaos clairement en opposition avec la société du dehors mais où la violence psychologique broie tout autant les âmes que les corps le sont dans l’arène.
Une ambivalence dans la mise en scène qui aurait pu être extrêmement efficace si elle avait servi la description et le développement de cette société dystopique dont finalement nous n’apprendrons jamais rien. Collé à son héros dans la moindre de ses scènes, Rollerball ne devient donc qu’une succession de moments calmes et froids, extrêmement longs et ennuyeux, et rythmés, par à-coups, par de longues scènes de match chaotiques mais très efficaces.
Une efficacité qu’on ne peut nier donc, comme celle concernant son gros problème de rythme, sa bonne demi-heure de trop et son manque flagrant d’exigence scénaristique. Mais malgré tous ses défauts, Rollerball reste et restera un classique. Pour ceux qui en doutent, il n’y a qu’à repenser à son influence sur la cultissime série Cobra de Buichi Terasawa pour les convaincre.
Image
Après avoir déjà proposé en 2018 une très bonne édition technique bluray de Rollberball, L’Atelier d’images rempile avec la récente remasterisation 4K déjà visible aux USA chez Shout Factory. Et comme pour cette dernière la grosse différence se situe surtout du côté des couleurs, solidement retravaillées avec l’apport du Dolby Vision, qui assure des contrastes beaucoup plus appuyés, des teintes plus dégradées mais aussi un rendu plus naturel et réaliste jusque dans les couleurs chairs. Le film gagne aussi certainement du coté des noirs, plus profonds et détaillées, et vient assurer un piqué plus vaste et généreux. Certains plans continuent de rappeler leurs âges avec des prestations légèrement moins stables ou un poil plus plates et ternes (essentiellement des scènes capturées en extérieurs d’ailleurs), mais jamais le master ne s’efforce de cacher ses matières et ses aspérités sous une patine lissante et on l’en remercie.
Son
C’est assez rare pour être souligné sur un film de cette époque, la piste proposée, aussi bien en vf qu’en vo, est en 5.1. Du coup, rien que l’introduction est convaincante : les notes graves de la pièce de Bach résonnent et emplissent la pièce, donnant l’occasion aux enceintes de s’exprimer. Mais c’est bien autour des scènes de match, bruyantes et chaotiques à souhait, que l’immersion est la plus totale, en donnant du grain à moudre aux satellites arrières. Comme pour l’image, du bel ouvrage.
Interactivité
Comme pour l’image et le son, le travail autour des bonus est conséquent mais provient de l’édition Arrow sortie en 2015. D’abord, une interview de James Caan (datant de 2014) nous replonge dans les souvenirs de l’acteur, dont ses trois mois d’entraînement pour réussir à tenir sur des patins puis enfin patiner presque aussi bien que les pros. Un entretien avec le cascadeur Craig R. Baxley revient lui sur la difficulté de répondre parfois aux exigences du Rollerball : patiner à vive allure sur une piste inclinée, parfois à l’arrière d’une moto, ne fut pas sans heurts. Mais l’homme revient surtout sur l’ambiance de tournage, où les cascadeurs, de trois nationalités différentes, étaient traités comme les acteurs, d’égal à égal. Un troisième documentaire revient sur le principal lieu de tournage du film, soit les bâtiments, à l’architecture il est vrai très futuriste à l’époque, de l’ancien village olympique de jeux de Munich qui eurent lieu deux ans auparavant. Vient ensuite un making of à la forme plus conventionnelle, qui donne principalement la parole à William Harrison et Norman Jewison qui reviennent pour l’occasion sur la genèse de la nouvelle et son portage sur grand écran. Suit un très vieux making of d’époque où le réalisateur évoque, entre deux images de tournage, sur les parallèles entre les joueurs de rollerball et les gladiateurs romains. Et, enfin, des bandes annonces, deux spot TV d’époque et un commentaire audio très complet de Norman Jewison. Conséquent et très souvent intéressant !
Liste des bonus
Commentaire audio de Norman Jewison, Un sport sanglant (11’), Entretien avec Craig R. Baxley (17’), La 4ème ville (19’), Retour dans l’arène (25’05) ; De Rome à Rollerball (8’), bandes annonces.