ROCKY V & ROCKY BALBOA
Etats-Unis – 1990, 2006
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : John G. Avildsen, Sylvester Stallone
Acteurs : Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Sage Stallone, Tommy Morrison, Antonio Tarver, Geraldine Hugues, Milo Ventimiglia…
Musique : Bill Conti
Image : 1.85 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 anglais, français, espagnol, italien, Dolby Audio 2.0 anglais…
Sous-titres : Français, anglais, espagnol, italien…
Durée : 104 et 116 minutes
Editeur : Warner Bros. Entertainment France
Date de sortie : 24 juillet 2024
LE PITCH
En raison de séquelles physiques irréversibles, Rocky devient non seulement incapable de boxer professionnellement, mais aussi totalement ruiné. Rocky est donc de retour dans son quartier d’origine, au sud de Philadelphie, en quête d’un nouveau sens à donner à la vie.
Rocky Balboa a depuis longtemps quitté le ring. Le champion d’aujourd’hui s’appelle Mason Dixon, c’est un tueur. Alors que les organisateurs lui cherchent un adversaire à sa taille, la légende de Rocky refait surface.
L’âme du (vieux) guerrier
Dernière partie d’une saga de six films qui auront marqué chacun à leur façon la carrière de Stallone mais aussi, avec un peu plus d’humilité, les évolutions du cinéma américain, Rocky V et Rocky Balboa laissent de coté la gloire des 80’s pour revenir à un personnage plus humain, plus faillible, un homme dont les sommets sont peut-être déjà derrière lui… Rocky / Stallone, même combat.
« Ce n’est pas mon nom qu’il criaient en me voyant : c’était celui de Rocky ! Ils ne font plus la différence entre le personnage et l’acteur. C’est extraordinaire ! ».
La proximité constante entre les destins de l’un et de l’autre ont toujours été aux cœurs de l’écriture de Sylvester Stallone qui a tout à fait consciemment crée une hexalogie quasiment autobiographique passant de la rage d’exister en tant qu’artiste / boxeur issu du ruisseau à people se perdant définitivement dans le blingbling, le luxe et le patriotisme lourdaud. Cinq ans après un Rocky IV fonctionnant comme un bulldozer du box-office, Rocky V résonne comme un mea-culpa, embrayant directement là où le précédent s’est arrêté pour en explorer les conséquences les plus sombres.
10, 9, 8, 7…
Marqué par cet ultime combat d’une violence sans précédent, Rocky doit jeter les gants, et va découvrir dans la foulé que lui et toute sa famille se sont fait rouler par leur comptable et son obligé de retourner vivre dans les quartiers plus modestes de Philadelphie. Un retour aux sources mis en scène justement par le John G. Avildsen du tout premier Rocky, et qui ne cesse de courir après l’esprit des débuts, ses drames purement humains (ici le rapprochement avec le fils délaissé joué par… son propre fils Sage), sa simplicité à l’instar d’un Rocky hanté par une gloire qu’il tente de revivre au travers d’un jeune boxer qui se révèlera bien plus opportuniste dans un effet miroir en accéléré. Une approche touchante mais malheureusement maladroite où l’acteur, alors pas des plus stables, se perd dans une interprétation pathos parfois un peu gênante décrivant un Rocky presque beta par moment, égoïste dans ses rapports avec sa famille et dont le chemin de croix ne va pas totalement jusqu’au bout. S’il fut même question un temps de laisser le protagoniste pour mort à l’issue du combat de rue final remplacé un finé par un triomphal happy end laissant dubitatif, Rocky V opte tout de même pour des choix narratifs qui tranchent radicalement avec les deux films précédents, en refusant au spectateur les fameuses scènes attendues comme le long entrainement en forme de résurrection sur le thème glorieux de Bill Conti et le traditionnel match définitif qui se transforme ici en chaotique bagarre de rue. Un film qui semble se chercher et parfois se perdre comme va le faire Stallone tout au long des années 90, enchainant avec L’Embrouille est dans le sac et Arrête ou ma mère va tirer !, ne ressortant la tête de l’eau que pour les actionners Cliffhanger et Demolition Man ou exposant des talents d’acteurs presque insoupçonnés avec Copland entre deux séries B très oubliables.
L’homme, la légende
Véritable prolongement de Rocky V, Rocky Balboa tourné plus de quinze ans plus tard, s’impose comme un véritable bilan de ces années passées alors que la star elle-même était durement perçue comme has-been (il venait de faire un caméo dans Taxi 3 c’est dire). Retour à l’écriture et à la réalisation pour Stallone mais aussi à une sincérité et une lucidité bouleversante qui lui permet d’exorciser ses passages les plus difficiles, de célébrer son aura tout en signant une résurrection admirable. Le film d’un vieux sage qui a fait la paix avec lui-même et donne à son alter égo la silhouette d’un brave homme, toujours un peu sur la touche, mais porté par sa bonté, sa fragilité, sa solitude (Adrian est morte d’un cancer) et une volonté toujours intacte d’en découdre. La raison du retour sur le ring, accompagnée par une longue séance d’entrainement plus que jamais dans la douleur, face au jeune champion en titre n’est finalement qu’un prétexte à une reconstitution de la famille Balboa / Stallone qui en faisant à nouveau ce qu’il sait le mieux faire, réunit autour de lui un Paulie (Burt Young) égal à lui-même, un fils pour un temps retrouvé, l’entraineur d’autrefois Duke et même une possible nouvelle compagne et son fils qu’il a pris sous son aile. Un film généreux, vibrant à l’image de son personnage central, et qui permet au passage à Stallone de rappeler ses grandes qualités de metteurs en scène autant dans la sobre discrétion des scènes de drame que dans l’intensité féroce de l’ultime combat dont l’annonce du vainqueur est bien moins importante que le chemin parcouru par le vieux champion.
Un formidable point final à quarante ans de carrière et à une saga cinématographique passionnante qui trouvera dix ans plus tard un inattendu et très bel épilogue avec Creed, transmission de flambeau pour une nouvelle génération.
Image
Deux salles, deux ambiances. Souvent boudé certes, Rocky V n’en offre pas moins l’une des plus belles copies de la saga avec un master 4K de très haute volée, restant constamment au plus près de la source cinéma, appuyant naturellement le grain, les matières et l’incroyable profondeur de champs, tout en renouant avec ces teintes presque désaturées qui allaient rapidement devenir la norme durant la décennie qui suivie. Le piqué est impeccable, les noirs puissants et l’ensemble revêt des argentiques particulièrement élégants.
On est beaucoup moins enthousiaste devant Rocky Balboa où l’éditeur a fait deux choix curieux. Le premier est d’avoir considérablement baissé le débit afinde glisser les deux montages du film en intégralité (et non pas un jeu de seamless branching moins envahissant). Le second est d’avoir remodelé en partie l’esthétique du film avec une utilisation très marquée de logiciel de dégrainage afin d’homogénéiser le film avec le math final très numérique à l’origine. On y gagne certes en piqué et en fermeté des couleurs et des contrastes, mais le métrage ressemble désormais parfois à un DTV de luxe pour chaine de streaming.
Son
Si certaines galettes précédentes avaient pu faire tiquer les puristes, les différentes pistes proposées ici restent on ne peut plus convaincantes. On retrouve ainsi pour les deux métrages des DTS HD Master Audio 5.1 on ne peut plus solides, joliment gérés et plus généreux lors des rares scènes de combats, pour des prestations très proches de celles entendues sur les précédents Bluray. La bonne surprise vient surtout de la version stéréo de Rocky V, sobre, nette, claire et efficace, qui retrouve toute l’intensité initiale.
Interactivité
En parallèle d’un coffret Ultimate Knockout contenant les six films, Warner Bros. délivre aussi enfin les deux chapitres inédits en 4K de la saga Rocky dans les steelbool single achevant la collection. Comme pour les précédents les boitiers sont des plus élégants et stylisés avec une cohérence appréciable, mais restent désespérément chiches du coté des suppléments. Rien pour Rocky V, heureusement Rocky Balboa reprend en grande partie les bonus de l’ancien Bluray dont le making of plutôt sympa découpé en deux parties avec d’un côté le « drame » et de l’autre le « match », une featurette sur les boxers récrés en synthèse pour le faux programme télé et même un inédit (mais très anecdotique) segment sur les maquillages des bleus et plaies. Le film étant proposé aussi bien dans son montage cinéma que dans sa version director’s cut composée de quasiment toutes les scènes coupées vues autrefois séparément, il ne reste plus ici que la fin (légèrement) alternative et une scène coupée autour du départ de l’amie de Paulie. On apprécie aussi le retour du commentaire audio très sensible de Stallone, mais il manque un peu de nouveauté ici et les segments qui composaient le disque « Legacy » de l’ancien coffret semblent avoir définitivement disparu.
Liste des bonus
Rocky V : Aucun.
Rocky Balboa : Version cinema (102’), Commentaire audio de Sylvester Stallone, Fin alternative (3’), Scène coupée (1’), « Talents vs volonté » : making of (17’), « La Réalité du ring : Filmer le dernier combat de Rocky » (15’), « Champion virtuel : Créer le combat par ordinateur » (5’), « Fight Makeup » (1’).