ROCKY III & IV
États-Unis – 1982, 1985
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Drame, Sport
Réalisateur : Sylvester Stallone
Acteurs : Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Carl Weathers, Burgess Meredith, Mr. T, Hulk Hogan, Brigitte Nielsen, Dolph Lundgren
Musique : Bill Conti, Vince DiCola
Image : 2.40 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0 Anglais, Dolby Digital 5.1 français, allemand, Italien…
Sous-titres : Français, anglais, allemand, italien…
Durée : 99 et 91minutes
Éditeur : Warner Bros. Home Entertainment
Date de sortie : 29 mars 2023
LE PITCH
Rocky III : Rocky Balboa est aujourd’hui un champion respecté, après ses deux victoires contre Apollo Creed. Mais lorsqu’il perd contre un nouveau venu sur le circuit, Clubber Lang, il doit à tout prix retrouver l’oeil du tigre pour gagner le championnat.
Rocky IV : Apollo Creed, ancien adversaire et dorénavant ami de Rocky Balboa, est tué sur le ring par le boxeur russe Ivan Drago. Se reprochant de n’avoir pu sauver son camarade à temps, Rocky va demander un combat contre Ivan Drago afin de le venger. Une confrontation qui se déroulera sur le sol russe.
Un K.O. pour la gloire
Les années 70 étaient celles de la conquête. Les années 80, celles de la gagne. Propulsés icônes de l’Amérique triomphante, Rocky Balboa et Sylvester Stallone perdent douloureusement leur identité dans le luxe et l’idéologie reaganienne. La gloire du héros de Philadelphie est finalement moins passionnante que sa difficile ascension, mais cela reste un passage obligé dans la trajectoire passionnante de cette saga.
Prolongement de celluloïd de la trajectoire professionnelle et artistique de son créateur et interprète principal, Rocky ne pouvait finalement faire autrement que se transformer en authentique icône rayonnante, un héros du peuple, lui aussi parti de rien pour s’imposer, enfin, comme le champion du monde de la boxe. Par Rocky, Stallone aura réussi à exister en tant qu’auteur, acteur, mais aussi en tant que metteur en scène avec un Rocky II réussissant à dépasser l’intensité dramatique et sportive du film de John G. Avildsen (Karaté Kid). Que leur reste-t-il encore à prouver ? C’est bien toute la question de Rocky III, alias L’œil du tigre, qui justement décrit un ancien champion perdu dans la gloire, le luxe, le confort financier et familial, et qui ne va plus pouvoir se contenter de simplement faire le show pour se maintenir à flot. Au combat volontairement ridicule et assez pathétique contre le catcheur exubérant Hulk Hogan, répond immédiatement la rage beaucoup plus inquiétante de Clubber Lang (Mr. T) obligeant le combattant vieillissant à retrouver rapidement son instinct de survivant, sa hargne de sportif et revenir à ses origines. Pas de nostalgie ici, mais une véritable mise en garde alors que le monde de Rocky est en train de drastiquement changer. La mort de l’entraineur historique (Burgess Meredith) raisonne comme un adieu, et la rudesse de l’esthétique des films bien ancrés dans la décennie précédente commence à se faire envahir de couleurs plus vives, d’une image plus lisse, tandis que le thème de Bill Conti (qui ne sera même plus là sur le film suivant) se fait progressivement damer le pion par le tube à la mode Eye of the Tiger des Survivor. Plus film d’action qu’auparavant, Rocky III voit même son scénario se resserrer sur les performances, l’entrainement et les amitiés viriles, affichant une durée plus retenue de 99 minutes. Malgré les mises en gardes profondément inscrite dans le métrage, Stallone semble clairement se faire happer par ce changement d’époque, s’engageant vers un spectacle plus clinquant, toujours aussi efficace et marquant, mais où les motivations psychologiques et les accents de mélodrames sont reléguée au second plan.
La victoire aux points
Orientation largement confirmée avec le phénoménal Rocky IV sorti trois ans plus tard transformant la tragédie personnelle du protagoniste, voyant son meilleur ami tué sur le ring, en gigantesque véhicule de propagande anti-URSS. Haut comme une montagne, monolithique et froid comme la pierre, le pourtant charismatique Dolph Lundgren est réduit à la personnalisation de cet ennemi, l’empire communiste à abattre, alors que le film ne cesse de balancer en pleine figure toute la vulgarité décomplexée de la réussite des yuppies (du fric à ne plus savoir qu’en faire, un ridicule robot qui parle) et un discours géopolitique entre envie de conquête et discours pacifiques pataud. D’ailleurs rien n’existe ou presque dans le film en dehors de cet ultime combat final, motivé par la vengeance, atteignant les trente minutes avec une puissance rare comme une nouvelle démonstration de force des talents de chorégraphe et de monteur de Stallone. De quoi compenser un peu cette étrange sensation d’assister pendant l’heure précédente à une succession de clips musicaux, du fabuleux show Living in America de James Brown, au énième montage d’entrainement et de flashback pleins d’émotions sur Burning Heart de Survivor, venant gentiment titiller la fibre patriotique et primaire des spectateurs. Un gigantesque succès en son temps, annonçant celui d’un Rambo III plus crétin encore, mais qui avec les années de distance raisonne clairement comme un moment d’égarement, un peu honteux, que Stallone ne cessera de venir corriger avec Rocky V et surtout le sublime Rocky Balboa, mais aussi par un remontage évènement, Rocky Vs. Draco, finalement un peu vain.
Image
Directement dans la continuité des masters de Rocky I et II présentés il y a quelques semaines à peine, ceux de Rocky III et IV font preuve à nouveau d’un vrai souci de rester au plus proches des expériences originelles. On retrouve ainsi cette matière parfois grisonnante, ce grain légèrement éclaté hérité des années 70 pour le 3ème épisode, là où le suivant tend largement plus vers une image plus douce, lisse et surtout colorée. D’une esthétique à une autre, d’une époque à une autre, avec quelques plans (zoomés ou incrustés) un peu plus marqués mais un ensemble d’une propreté et d’un piqué inédit, ces restaurations 4K sont un pas de géant par rapport aux masters autrefois présents sur le Bluray. Et c’est particulièrement probant sur les couleurs, avec un Dolby Vision qui sans excès ou écrasement des teintes leur redonne une vraie intensité, plus naturelle et pêchue.
Remonté avec un mélange de scènes coupées, d’angles inédits, de plans remontés ou zoomés et souvent réétalonnés, Rocky Vs Draco affiche un rendu certainement moins stable, alternant parfois les séquences plus saturées ou désaturées, quelques plans légèrement cramés et un croisement de grain neigeux ou de cadres lissés. Les variations sont minimes mais visibles et totalement imputables à ses origines particulières.
Son
Si les doublages français d’origines, excellents au demeurant, peuvent surprendre par un niveau sonore légèrement en dessous de nos souvenirs, les versions originales se montrent beaucoup plus costaudes et fermement tenues. Elles sont disponibles en DTS HD Master Audio 2.0, s’approchant ainsi des mix initiaux, et dans des DTS HD Master Audio 5.1 beaucoup plus amples, énergiques et à même de restituer toute la puissance des combats sur le ring. Malgré leur modernité, ces derniers conviennent parfaitement aux spectacles beaucoup plus musclés de Rocky III et IV.
Interactivité
Toujours pas de coffret The Knockout Collection à l’horizon et des Steelbook single certes élégants mais où manque cruellement le cinquième bluray de bonus exclusif dont le making of d’une heure sur Rocky vs Drago. Heureusement ce fameux montage produit par Stallone en 2021 est bel et bien présent sur le disque UHD. Une revisite d’un épisode décrié où l’auteur / réalisateur tente de tempérer certains effets trop 80’s (adieu le robot), de recentrer les enjeux sur l’amitié entre Rocky et Apollo et amoindrir (difficilement) le manichéisme original. 36 minutes inédites à la louche, faites de scènes coupées ou de prises écartées, qui viennent en remplacer d’autres, qui certes rapproche un peu le film du reste de la série, mais donne un résultat assez bancal d’un métrage qui ne s’assume plus totalement et s’engouffre un peu trop dans les ralentis larmoyants. Toujours pas convaincu donc.
Liste des bonus
Rocky III : Aucun
Rocky IV : Rocky IV : Rocky Vs Drago (93’)