ROCK-O-RICO
Rock-A-Doodle – Royaume-Uni, Irlande – 1991
Support : Bluray & DVD
Genre : Animation, Musique, Fantastique
Réalisateur : Don Bluth, Gary Goldman, Dan Kuenster
Acteurs : Glen Campbell, Ellen Greene, Christopher Plummer, Sorrell Brooke
Musique : Robert Folk
Durée : 74 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 06 avril 2022
LE PITCH
Recherché pour avoir pratiqué des euthanasies illégales en Amérique du Sud, le docteur Karl Gunther s’est réfugié aux Etats-Unis et laisse à nouveau libre cours à ses instincts meurtriers sur les belles et jeunes locataires de l’immeuble dont il est propriétaire, …
Faites entrer le soleil
Fragilisé par l’échec commercial cuisant de Charlie, le réalisateur de Fievel et Le Petit dinosaure doit impérativement redresser la barre. Film de la « dernière chance » Rock-O-Rico ne trouvera pas plus son public… Pourtant il a un sacré déhanché ce Chantecler !
Longtemps resté en gestation au sein du Studio Disney, l’adaptation de la pièce de théâtre d’Edmond Rostand, souvent couplée avec son homologue du Roman de Renard, sera resté sans suite (les recherches graphiques existent et elles sont splendides). Ancien animateur pour la grande maison, Don Bluth a certainement opté pour ce sujet avec défi, venant une nouvelle fois concurrencer une major qui vient de lui mettre un uppercut avec La Petite sirène. Mais bien entendu pas question de se contenter d’une adaptation classique et charmante, le créateur de Brisby et le secret de NIMH, va croiser la trame bien connue, celle du coq moqué par les habitants de la ferme quand ils réalisent que ce n’est pas lui finalement qui faisait se lever le soleil, avec un univers beaucoup plus contemporain. En l’occurrence le monde de la musique des 50’s où Chantecler se confond brillamment avec le King, reprenant autant ses célèbres mouvements de jambes qui faisaient tomber les filles que son univers musical jusqu’à son esthétique de comédie musicale naïve et colorée. Un traitement rockabilly qui résonne presque comme une évidence désormais, livrant quelques excellentes performances musicales (qui changent des mièvreries Disney), mais qui en plus se combinent avec un hommage tout aussi appuyé au Magicien d’Oz.
Du swing dans le poulailler
Car dans Rock-O-Rico le héros est moins Chanteclair que Edmond, petit garçon, en séquences lives, persuadé de l’existence de ses héros de contes et qui se voit transformé en chaton et absorbé en pleine tempête dans le monde du dessin animé. Il est dès lors question de valeurs plus classiques du courage et de l’amitié, mais que tout de même Don Bluth ne peut s’empêcher de saupoudrer de ses habituelles réflexions sur la perfidie du monde de l’argent et des industriels véreux, tout en accentuant avec malice l’aspect maléfique du méchant Grand Duc. Un vilain effrayant qui rappelle inévitablement celui de Brisby et le secret de NIMH dans son design, tentant de boulotter les gentils animaux de la ferme, se lançant dans un concert d’orgue ténébreux, martyrisant son neveu rachitique ou se transformant en colosse méphitique. Beaucoup de matière pour un simple film d’animation grand public, Rock-O-Rico menace constamment d’éclater sous sa propre frénésie, lancé à vive allure, entre belles émotions, poursuites et gags de cartoon, sur une durée ramassée à 70 minutes. Trop atypique une nouvelle fois, le film sera malheureusement un nouvel échec au box-office, obligeant Don Bluth et son équipe à se tourner vers quelques commandes beaucoup plus gentillettes (Poucelina, Le Lutin Magique et Youbi le petit pingouin) avant la résurrection Anastasia en 1997.
Image
L’arrivée d’un master HD d’un film de Don Bluth est toujours un peu tendue tant ces derniers ne sont certainement pas toujours à la hauteur. Il faut dire qu’une restauration complète à la source pour ce type de production est un gouffre financier que seul Disney peut vraiment se permettre. Assez bonne surprise, la copie de Rock-O-Rico s’en sort plutôt bien avec certes encore quelques plans de transition ou composites un peu flous ou granuleux, mais pour le reste une définition solide, des cadres joliment nettoyés et surtout des couleurs bien pétantes, vives, loin des visions fades du vieux DVD.
Son
Disposés dans leur stéréo d’origine, les versions originales et françaises ne sont pas forcément égales. Si la première affirme une clarté de tous les instants et une vraie dynamique, la seconde souffre d’un mix initial qui a tendance à écraser les ambiances, créer des disparités entre les voix, voir même mettre en silencieux certaines sources. Dommage car le choix des doubleurs porté sur Eddie Mitchell, Tom Novembre en vilain duc et Lio en poulette affriolante, fonctionne à merveille.
Interactivité
Seul bonus présent sur les galettes Bluray ou DVD, l’intervention de Xavier Kawa-Topor, auteur de plusieurs ouvrages sur le cinéma d’animation, propose de revenir aux origines du film, de souligner les liens avec le projet Disney, le mélange live-animation façon Roger Rabbit, le doublage français et la perte de vitesse malheureuse des productions Don Bluth. Une présentation à nouveau très complète.
Liste des bonus
4 cartes postales du film, Interview de Xavier Kawa-Topor, spécialiste du cinéma d’animation (25’).