C’est d’ailleurs l’énergie débordante et ses longues soirées arrosées et délirantes qui ont inspirées le scénariste Mike White, en l’occurrence son voisin d’alors. Une figure excentrique, infatigable mais certainement fatigante, et les traits de l’éternel adolescent et la passion débordante, voir encyclopédique, pour le bon vieux Rockn’Roll ont directement donné naissance à Dewey Finn, branleur invétéré, farouchement accroché à ses rêves de gloires vautré sur son matelas sales dans un coin squatté de l’appartement de son pote. Le créateur du groupe Tenacious D, même la danse, joue quasiment son propre personnage lorsqu’il gesticule, mime ses idoles, multiplie les solos et se jette dans la foule (qui s’écarte) dans une ouverture électrisante mais un poil embarrassante qui montre avec pertinence les limites justement de ce personnage haut en couleurs mais figé dans le temps. C’est en devenant professeur remplaçant (en piquant la place du copain), que ce faux-héros va graduellement murir, s’intéresser aux autres et découvrir sa voie : l’enseignement. Pas celui de toutes les fadaises habituelles, mais bel et bien du bon vieux Rockn’Roll, des groupes de garages jusqu’au glam en passant par le hard qui brule les doigts, qu’il fait découvrir à une bande de bambins surtout habitués à l’éducation privée rigide et à la musique prédigérée façon Cristina Aguilera ou Puff Dady.

I Love Rockn’Roll

Choc des cultures, choc de deux mondes, mais comme dans une version couillue de Sister Act, la musique de la rébellion, la culture, les costumes improbables, la théâtralisation extrême et le « fuck the system », émancipe du même coup des enfants (irréaliste) talentueux… Ainsi que du même coup une directrice des plus rigides qui n’attendait que ça. Du grand classique pour une comédie familiale sur fond d’initiation musicale, mais qui forcément dépotte par le défilé hallucinant de standards réinterprétés par le groupe de l’école ou rejoués par un Jack Black, forcément, grimaçant : les Ramones, T.Rex, David Bowie, AC/DC, The Who, Jimmy Hendrix, The Stooges, The Doors, Cream et même Led Zeppelin qui acceptait pour la première fois de laisser apparaitre leur tube Immigrant Song dans un film. Soit plus ou moins la meilleure musique du monde au service d’une comédie constamment touchante, pleine de tendresse et dotée d’un casting de gosses trop mignons en tenues cuirs et vestes déchirées. Metteur en scène assez insaisissable, capable de passer de la ballade urbaine et sociale ras du bitume avec Slacker au trip SF A Skanner Darkly, la chronique adolescente avec Génération rebelle et bien entendu la trilogie sentimentale Before Sunrise, Before Sunset et Before Midnight, Richard Linklater s’essaye joyeusement à la comédie grand public. Toujours arqué sur la réalité de ses personnages, aussi caricatural que puisse être un Jack Black, il apporte une bonne dose de sensibilité et de justesse supplémentaires à ce petit film plein de fraicheur, de bonne humeur et de ROCKN’ROLL !!!