ROBIN DES BOIS, PRINCE DES VOLEURS
Robin Hood : Prince of Thieves – Etats-Unis – 1991
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Aventure
Réalisateur : Kevin Reynolds
Acteurs : Kevin Costner, Morgan Freeman, Mary Elizabeth Mastrantonio, Christian Slater, Alan Rickman, Geraldine McEwan, Michael McShane, Brian Blessed, Michael Wincott…
Musique : Michael Kamen
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1, Français DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 143 minutes
Editeur : ESC Editions
Date de sortie : 18 décembre 2024
LE PITCH
En 1193, le Roi d’Angleterre, Richard Coeur de Lion, est retenu captif par les Autrichiens. Évadé d’une geôle à Jérusalem après une croisade des plus périlleuses, Robin de Locksley retourne sur l’île de Grande-Bretagne. Il est accompagné d’Azeem, un Maure qu’il a libéré. Mais Robin réalise avec horreur que ses terres natales ont été mises à feu et à sang. Le Shérif de Nottingham opprime les populations locales et agit comme un vrai tyran. Considéré comme un hors-la-loi, Robin se réfugie dans la forêt de Sherwood. Il y rencontre des brigands et s’allie avec eux pour défier le Shérif, qui cherche à s’emparer du trône royal.
Everything they did, they did it for us
Après une année 1989 entièrement dévouée à la Batmania, 1991 aura été celle du retour d’un héros populaire plus ancien encore : le légendaire Robin des bois. Une modernisation typée, jouant l’excès et l’outrance pour faire la différence, mais qui par son efficacité indéniable et son casting généreux a réussi à conquérir sa petite place de classique du cinéma d’aventure. Le roi des voleurs n’aura jamais été aussi fougueux.
Pourtant les choses avaient terriblement mal commencé, puisqu’après des années d’oubli en terres américaines, qui lui avait pourtant offert son plus beau tableau avec le classique absolu à l’effigie d’Errol Flynn, Universal, Disney et la Warner se lancèrent dans une course au Robin Hood, chacun affirmant leurs poulains comme Tom Cruise ou Mel Gibson. Au finish, seule la Warner réussit véritablement à propulser son projet jusqu’au grand écran, mais ce sera finalement le jeune Kevin Costner, nouvelle coqueluche du cinéma américain, qui dégotte in extremis le rôle. Un acteur alors en plein montage de sa première réalisation, Danse avec les loups, et qui ne tardera pas à embrayer avec JFK, Bodyguard, Un Monde parfait et Wyatt Earp, soit littéralement truster le box-office de la décennie. Acteur mais aussi coproducteur, adepte de l’ingérence et de la prise d’autorité, et qui va écarter à de multiples reprises le pauvre Kevin Reynolds (pourtant vieux camarade et signataire d’un très réussi La Bête de guerre), tourner des scènes dans son dos et s’offrir l’ultime autorité en se chargeant personnellement du montage final. L’occasion pour lui de resserrer l’action sur son personnage de héros et de gommer quelque-peu la performance haute en couleurs du collègue Alan Rickman dont l’interprétation du Prince Jean, à l’abattage théâtral à la limite du parodique, lui faisait certainement de l’ombre. Des tensions qui, associées à des conditions de tournage (dans les studios anglais ou du côté de Carcassonne) plutôt compliquées, auraient pu définitivement couler le navire.
La rose et les flèches
Pourtant, propulsé très haut par le score de Michael Kamen, celui-ci résiste admirablement, retrouvant tout l’énergie et l’inventivité des divertissements d’antan remodelé par l’actionner des 80’s. De la même façon, il n’hésite pas à croiser un regard historique étonnement réaliste (l’ouverture sur les croisades, les costumes et les environnements), avec une modernité comicbook détonante (la vilaine sorcière) et même un angle universaliste bienvenu avec l’ajout du guerrier maure Azeem ou la vision beaucoup plus proactive et sensuelle de la belle Marianne. Une revitalisation d’une figure ancienne, du cinéma popcorn dans toute sa gloire, mais admirablement confectionné, multipliant les scènes d’action endiablées et les batailles spectaculaires (l’assaut des celtes contre le camp forestier est à la limite de la Fantasy) et les joutes verbales donnant toujours du corps aux protagonistes. Si Reynolds / Costner assurent, comme ils le feront à nouveau sur le trop dénigré Waterworld, une forme assurée, c’est sans doute le charme incroyable de son casting en or massif qui fait toute la différence. Costner bien entendu resplendit en détrousseur charismatique, sauveur tout terrain à coupe-mulet (comme quoi rien ne lui résiste), mais il se fait régulièrement voler la vedette par l’autorité philosophe du grand Morgan Freeman, la grâce moderne de la superbe Mary Elizabeth Mastrantonio, la jeunesse impétueuse de Christian Slater, la méchanceté crasse de Michael Wincott et bien entendu le machiavélisme inventif d’un Alan Rickman multipliant les improvisations anachroniques… et jubilatoires. Sans oublier la noblesse de Sir Sean Connery gratifiant l’ultime scène de sa présence.
Presque un film de troupe et qui en tout cas, au milieu de tout ça, troupve un équilibre presque miraculeux et comme un ultime sursaut d’un certain esprit du grand divertissement hollywoodien, glamour, éloquent et joyeusement extravagant.
Image
Après avoir été obligé de reprendre le master HD de première génération produit par la Warner il y a 20 ans, ESC Editions peut enfin nous proposer une copie de très haute facture en reprenant l’importante restauration produite par Arrow Video l’année dernière. Une remasterisation complète à partir de nouveaux scans 4K des négatifs originaux… des deux montages du film ! Le résultat parle de lui même avec des cadres extrêmement propres (même si une ou deux scories persistent), bien plus stables et surtout débordant de matières et de grain. Il faut dire que de ce coté là le film est particulièrement fourni avec une esthétique très granuleuse et sombre qui peut trancher avec les attentes de rendu virginal de certains, mais qui en tout cas ici respecte à la lettre le matériel source, le rehausse d’un piqué ferme et inédit (là aussi quelques plans « sauvés » d’une première coupe semblent plus doux), retrouve sa profondeur initiale et surtout redore une colorimétrie riche et vive. Le Dolby Vision est passé par là et ça lui va si bien.
Son
ESC Edition quête le sans faute en proposant à nouveau pour la version française l’excellent doublage d’origine en DTS HD Master Audio 2.0 et le plus récent, enregistré pour la sortie de la version longue en 2003, moins convaincant dans les voix mais profitant d’un DTS HD Master Audio 5.1 nettement plus dynamique et aéré.
La version originale, de toute façon bien plus riche et colorée, est une nouvelle fois disposée dans un DTS HD Master Audio 5.1 tout à fait convaincant… Un Dolby Atmos de derrière les fagots n’aurait pas été de refus.
Interactivité
Après un premier coffret sorti en 2019, uniquement en Bluray celui-là, ESC remonte la pente et s’efforce de rectifier le tir en gommant tous les oublis précédents. On note ainsi tout de suite le retour des deux commentaires audios de chez Warner (mais toujours pas sous-titrés) et même du live de notre cher Bryan Adams en Irlande, devant Slane Castle. Ils rejoignent ainsi le pseudo-documentaire présenté avec entrain par Pierce Brosnan et qui mélange Histoire et promotion et la belle série d’interviews d’époque, la aussi assez promo, avec le casting.
Du coté des suppléments purement français, on retrouve aussi la présentation du film par Hervé Dumont, agrémenté désormais d’une évocation plus globale de la carrière et de la place particulière de Kevin Costner dans le cinéma américain. Mais au petit jeu des chaises musical, le segment enregistré par Frédéric Albert Levy sur la figure de Robin des bois n’a pas résisté, tout comme l’excellente bande originale de Michael Kamen en piste son séparé.
Pas toujours évident de s’y retrouver, même si bien entendu l’essentiel, soit les deux montages du film dans des conditions exceptionnelles (chacun sur leurs bluray et réunis sur l’UHD), est bel et bien là, et que l’objet dessiné par Colin Murdock est particulièrement réussi et agrémenté d’un livret exclusif.
Liste des bonus
Le Blu-ray du film en version cinéma (143’), le Blu-ray du film en version longue (154’), le livret « Comme un flèche : 100 ans de Robin des Bois à l’écran » (52 pages), Commentaires audio de Kevin Costner et Kevin Reynolds (VO), Commentaires audio de Morgan Freeman, Christian Slater, Pen Densham et John Watson (VO), « Kevin Costner : un héros populaire » : entretien inédit avec Antoine Desrues, journaliste à Ecran Large (29’), « À propos du film » avec Hervé Dumont (12’), « En tête à tête avec les acteurs » : entretiens d’époque avec l’équipe du film (19’), « Robin des Bois : le mythe, l’homme, le film » : documentaire d’époque (35’), Bryan Adams : « (Everything I Do) I Do It for You », Artworks by Colin Murdoch.