ROBBERY (3 MILLIARDS D’UN COUP)
Robbery – États-Unis – 1967
Support : Blu-ray & DVD
Genre : Policier
Réalisateur : Peter Yates
Acteurs : Stanley Baker, Joana Pettet, James Booth, Frank Finlay, Barry Foster, William Marlowe
Musique : Johnny Keating
Durée : 114 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : StudioCanal
Date de sortie : 28 juin 2023
LE PITCH
Paul Clifton constitue une équipe de criminels afin d’effectuer le vol du siècle dans un train postal qui relie Glasgow à Londres.
Brit braquage
C’est reparti pour une (re)découverte initiée par la collection Make My Day. Direction l’Angleterre pour revivre l’un des braquages les plus spectaculaires perpétrés sur le sol britannique où dix millions de livres sterling se sont volatilisés. Ceci vaut bien un film.
Il en fallait des cojones pour faire un coup pareil. Un braquage d’anthologie marqué dans le marbre de l’histoire des plus beaux hold-up. Stopper un train postal à grande vitesse qui relie Glasgow à Londres pour s’emparer du magot qu’il transporte. Un pitch qui aurait très bien pu passer inaperçu au Far-West où ces méfaits étaient monnaies courantes mais beaucoup moins dans l’Angleterre des années soixante. Cette histoire vraie retranscrit en roman par Gerard Wilson ne tardera pas à subir une adaptation pleine de liberté pour le grand écran quatre ans plus tard sous la houlette de Michael Deeley (futur producteur de Voyage au bout de l’enfer, Blade Runner et de …L’or se barre avec Michael Caine). Pas encore rodé aux productions hollywoodiennes, Peter Yates est dès lors engagé pour signer son troisième long métrage avec ce film avant d’enchaîner aux États-Unis avec Les Grands fonds, Krull et surtout Bullit à qui Robbery connu à son époque sous le titre Trois milliards d’un coup a ouvert la route.
Passeport pour le monde
Dès sa séquence d’ouverture, Peter Yates impressionne. Il ouvre son film par une course-poursuite véhiculée d’anthologie. Dix-sept minutes de chasse motorisée en plein Londres. Les plans sont minutés, le montage sec et nerveux, la photo de Douglas Slocombe (Les Aventuriers de l’arche perdue) toujours nette et précise. Cette introduction est son passeport pour Hollywood qui le mènera au film de Steve McQueen. Dur d’enchaîner après une telle montée d’adrénaline. Pourtant, prenant le contre-pied, le réalisateur va s’appliquer à démonter étape par étape les plans de ce braquage d’anthologie. Sa force est de ne pas prendre parti et de porter autant d’intérêt aux malfrats qu’aux forces de l’ordre. Son approche, pour coller au plus près de la réalité se veut semi-documentaire. Comment coordonner un coup pareil qui ne doit pas excéder 25 minutes avec 26 personnes. En dehors de la préparation minutieuse du coup, Yates n’oublie pas de composer avec les tensions que cela peut provoquer au sein de l’équipe. Il développe ses personnages, quitte à s’égarer avec une romance dont le film se serait bien passé. Mais les efforts sont concluants. Le coup, point d’orgue de l’intrigue est filmé la majeure partie du temps en caméra portée, plaçant le spectateur au cœur de l’ouvrage comme il l’est dans celui de l’enquête policière. Un bel exercice d’équilibre réussi avec les honneurs. Le cinéaste livre un travail très méticuleux même si son film reste dans l’ombre du plus populaire La Grande Attaque du train d’or avec Sean Connery, réalisé quelques années plus tard. A noter que le personnage de Frank, tête pensante du groupe reviendra sous les traits d’Eli Walach dans le Cerveau de Gérard Oury en 1969.
Film charnière d’un metteur en scène oublié, Peter Yates a su prouver par la suite son savoir-faire à plus grande échelle alternant des genres très variés. Du polar au drame, de l’aventure à la science-fiction. Du travail soigné et recommandable.
Image
Un travail magnifique est fait sur l’image. L’étalonnage est vibrant de nuances et le soin apporté aux couleurs remarquables. Il n’y a qu’à se concentrer sur la séquence d’ouverture pour s’en convaincre. Les plans sont nets avec un grain conservé alternant scènes de rues et d’intérieur en voiture tout en restant probant sur des gros plans impeccables comme celui d’une montre sur une couverture rouge à l’équilibre de couleurs parfait. Le reste du film est tout autant réussi.
Son
Si on reste sur du stéréo, le son est parfaitement travaillé. Entre scènes de poursuite au rendu dynamique et scènes de préparation aux ambiances fines. Le film, en version originale uniquement, offre de très bons rendus.
Interactivité
Soixantième numéro déjà de la collection Make My day de Jean-Baptiste Thoret. Celui-ci s’occupe comme à son habitude de la préface avec son lot d’anecdotes. S’ensuit un documentaire sur le film réalisé en 2015 avec un retour bienvenu de l’équipe. Sans langue de bois, les bons comme les mauvais souvenirs resurgissent les uns après les autres. Complet et bien sympathique.
Liste des bonus
Préface de Jean-Baptiste Thoret (7’),« Waiting for the Signal – Making of Robbery » (48’).