RING
リング – Japon – 1998
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Hideo Nakata
Acteurs : Nanako Matsushima, Miki Nakatani, Yuko Takeuchi, Hitomi Sato, Yoichi Numata
Musique : Kenji Kawai
Image : 1.85 16/9
Son : Japonais DTS HD Master Audio 6.1, Français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 96 minutes
Éditeur : The Jokers
Date de sortie : 19 avril 2023
LE PITCH
Tokyo, fin des années 2000, une rumeur se répand parmi les adolescents : visionner une mystérieuse cassette vidéo provoquerait une mort certaine au bout d’une semaine. Après le décès inexplicable de sa nièce, la journaliste Reiko Asakawa décide de mener l’enquête mais se retrouve elle-même sous le coup de la malédiction. Pendant les sept jours qui lui restent à vivre, elle devra remonter à l’origine de la vidéo fatale et affronter le spectre qui hante les télévisions : Sadako.
Cauchemar magnétique
En 1998, lorsque Ring de Hideo Nakata sort sur les écrans, le public occidental découvre une nouvelle forme de terreur sous les traits (!) du personnage de Sadako, archétype du spectre japonais qui fera date, celui d’un fantôme issu de la culture japonaise, aussi énigmatique qu’effrayant, prenant l’apparence d’une jeune fille dont les longs cheveux noirs dissimulent le visage, dotée d’une robe blanche immaculée et se déplaçant d’une démarche lancinante et saccadée. Difficile de ne pas frissonner face à cette représentation de l’horreur dans ce qu’elle a de plus mystérieux et insidieux…
Pourtant, l’affaire n’était pas gagnée d’avance. L’intrigue repose tout de même sur un constat des plus improbables : une malédiction virale qui se transmet à la vision d’une simple cassette VHS. Mais le film fonctionne et fait même mieux : il conserve toujours cette aura mystérieuse presque 15 ans après sa sortie. Une réussite que l’on doit évidemment en premier lieu à son réalisateur. Sorti de quelques polissonneries pelliculées, Hideo Nakata n’affiche cependant pas une expérience longue comme le bras lorsqu’il s’attaque au projet. Il sera pourtant l’homme de la situation. L’adaptation du roman d’horreur homonyme de Koji Suzuki (déjà transposé à la télévision en 1995) sera d’ailleurs décisive pour le cinéaste puisqu’il le révélera aux yeux du monde entier. Ring marque les esprits en premier lieu par la terreur froide qu’il inspire, mais également par sa simplicité et surtout son ton extrêmement sérieux, pour ne pas dire sentencieux. Rappelons que le film de Nakata est sorti à la fin des années 90, décennie marquée par la déconstruction rigolarde du genre, initiée notamment par la saga Scream et propagée par ses succédanés. Ring intervient fort à propos pour se positionner comme l’antithèse de toute cette vague. Ici, rien ne prête à sourire et les personnages n’affichent jamais cette forme de conscience et de recul sur leur condition de protagoniste de fiction alors très en vogue dans le cinéma d’horreur. Il règne dans Ring une simplicité réaliste, qui confère au classicisme, tant dans sa forme que dans son propos. La mise en scène de Nakata évite toute forme d’esbroufe, balayant les jump-scares faciles pour instiller par petites touches une sourde angoisse par ses plans réfléchis et glaçants, constituant des scènes globalement assez figées. Se dégage pourtant de l’ensemble une ambiance mortifère qui confine à un sentiment d’inéluctabilité. Ce qui tombe bien, puisqu’il s’agit du thème même du film.
Contamination du genre
Le récit évoque également une profonde tristesse quand il développe les origines de la malédiction, l’histoire de la jeune Sadako, enfant marginal rejeté et sacrifié. Une tristesse qui s’est peu à peu muée en haine, un sentiment immatériel qui se propage jusqu’à contaminer le réel par le biais de l’élément le plus improbable qui soit : une VHS. Ring est donc une œuvre de terreur dans ce qu’elle a de plus brute (et de plus pure), qui marquera grandement le genre. Le film de Nakata sera suivi de deux suites officielles (la première écrite et réalisée à nouveau par le cinéaste, puis un préquel Ring 0, réalisé par Norio Tsuruta et qui explore les origines de Sadako). Un deuxième opus “parallèle” a vu le jour, se démarquant de l’approche de l’original pour s’engager dans la piste directement développée dans les romans, puisque Nakata s’en était diamétralement éloigné à partir du second segment. Sans compter toute la vague des innombrables films de fantôme asiatiques qui ont surfé sur la thématique, ainsi que les remakes américains mis en scène par Gore Verbinski… et Hideo Nakata lui-même. Ring a contaminé le cinéma d’horreur pour le meilleur, mais aussi bien souvent pour le pire. C’est de toute évidence la marque d’un indéniable classique.
Image
Basé sur un récent scan 4K des négatifs 35mm effectué à Tokyo, l’UHD fièrement présenté par The Jokers vient offrir une toute nouvelle dimension au film de Nakata. Si le master avait déjà été apprécié du coté de Arrow Video, mais uniquement en Bluray, il prend encore plus d’ampleur ici avec une définition imposante, un grain bien présent mais organique et une profondeur de champs assez hallucinante. Souvent taxé d’une photographie plate et très effacée, le film retrouve enfin totalement son sens des contrastes et des touches de couleurs pleines et vives avec une minutie et une finesse que seule la 4K peut fournir. Une copie totalement à la hauteur du film.
Son
Inédit là encore chez nos voisins anglais, la piste japonaise DTS HD Master Audio 6.1 accompagne à merveille l’atmosphère sourde et oppressante de l’œuvre accompagnant avec un sadisme prononcé les émanations de Sadako et la contamination constante du réel par les grésillements et les parasites de la fameuse VHS. Flippant.
Interactivité
Malheureusement l’éditeur a mis à notre disposition uniquement la galette UHD de l’édition et non le Bluray contenant les bonus de l’édition. Ces derniers tournent cependant autour d’une présentation du film et des origines du mythe par le critique Yves Montmayeur et une rencontre inédite avec l’auteur culte Koji Suzuki.
Liste des bonus
« Psychologie de la peur » : une interview inédite de l’auteur de Ring, Koji Suzuki (25 min), « L’écran démoniaque » un documentaire exclusif de Yves Montmayeur sur la conception de Sadako (17 min).