RICH AND FAMOUS & HEROIC HERO
江湖情 / 英雄好汉 – Hong-Kong – 1987
Support : Bluray
Genre : Action, Policier
Réalisateur : Taylor Wong
Acteurs : Chow Yun-Fat, Andy Lau, Alex Man, Siu-Fung Wong, Danny Lee, Alan Tam, Carina Lau
Musique : Divers
Durée : 201 minutes
Image : 1.78 16/9
Son : Cantonnais DTS HD master Audio 2.0 et 5.1, Français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 30 mai 2022
LE PITCH
Rich and Famous: Pour rembourser une dette de jeu, un homme entraîne sa sœur et son demi-frère dans une spirale violente entre seigneurs de gangs rivaux.
Tragic Hero: Suite de Rich and Famous où Tang Kat Yung prend sa revanche sur Li Ah Chai après avoir été libéré de prison.
La vengeance est un plat
Produits par Johnny Mak (Long Arm of the Law) dans le sillon du succès imposant du Syndicat du crime de John Woo, Rich and Famous et Tragic Hero lui empruntent sa nouvelle star, Chow Yun-Fat et lui adjoint un casting de rêve pour une mini-saga inégale, mais aux accents heroic bloodshed mémorables, dont un final réputé et dantesque.
Le cinéma HK n’a jamais craint d’afficher sans vergogne sa véritable nature commerciale. Et parmi les copies plus ou moins visibles et assumées du phénoménal A Better Tomorrow qui modernisa à lui tout seul les anciens codes de la chevalerie virile par des lunettes noires, des révolvers et des impairs tournoyants, le projet conçu par le producteur Johnny Mack fut certainement l’un des plus célèbres et les plus symptomatiques d’un système poussé à l’extrême. Car en voulant multiplier les stars à l’affiche, dont le Chow Yun-Fat directement emprunté à l’univers de John Woo, mais aussi Andy Lau, Alex Man, Alan Tam et même Danny Lee dans un second rôle récurant, la production se lança dans une entreprise au planning des plus compliqués, obligeant plusieurs réalisateurs à oeuvrer de concerts (pourtant seul Taylor Wong est crédité), parfois sur une même séquence, afin de respecter les délais de tout ce beau monde. Imaginé au départ comme un grand spectacle d’une durée conséquente, le film dû finalement être coupé en deux afin d’en distribuer une section à temps pour l’incontournable nouvel an chinois, mettant en avant une deuxième époque mieux tenue et plus tendues. La première partie elle, trop courte et plus lente, en sera quitte pour l’ajout d’un personnage et de poignées de scènes pour revenir à une durée conséquente. Ce fut donc bel et bien Tragic Hero qui sortit en premier sur les écrans et qui grâce à un box office généreux permit ensuite la sortie de Rich and Famous, première partie ou prequelle selon le point de vue.
Frères en sang
Une gestation compliquée qui aboutit forcément à deux objets déséquilibrés avec certainement un Rich and Famous bien bancal. Pourtant il faut désormais revoir les deux films dans l’ordre chronologique pour bien percevoir l’ambition dramatique du récit, largement plus proche finalement des fantasmes virtuoses de John Woo, que de la chronique mafieuse de Francis Ford Coppola. Un vrai double film de mafia où l’arrivée de deux jeunes frères, Andy Lau plein de bonnes volontés et Alex Man avide et ambitieux, dans le clan dirigé par le charismatique Chow Yun-Fat, va transformer l’équilibre du milieu, et remplacer une fratrie de sang, par une fratrie d’honneur. Rich and Famous ne fait alors que préparer aux évènements plus dramatiques encore qui se répercuteront dix ans plus tard dans Tragic Hero avec, pour le coup, une tension nettement plus palpable, une violence omniprésente et une noirceur implacable. Plus proche certainement de l’imagerie heroic bloodshed, le second film met tout de même une nouvelle fois les coups de feu attendus en sourdine pour mieux délivrer un final apocalyptique, venant libérer dans un déluge de balles, d’explosions, de corps et de sang, toutes les haines emmagasinées jusque-là. Préfigurant de manière ironique celui du Syndicat du crime 2, cette conclusion cathartique montrant l’assaut vengeur, et au lance-grenade, d’Andy Lau et Chow Yun-Fat sur la villa armée d’un Alex Man transfiguré en dément bestial digne d’Al Pacino dans Scarface, reste l’un des gunfights les plus délirants et généreux des années 80.
Peu importe si le destin de ces personnages se sera un peu perdu en route et que la réalisation n’est pas toujours à la hauteur des enjeux, l’ultime bobine, barbare et déchirante, tire aisément l’ensemble vers le haut.
Image
Les éditions pour le diptyque sont encore très rares et elles proviennent toutes de la même source chinoise proposant des restaurations un peu inégales. Certainement car la source d’origine doit encore être un master vidéo à l’ancienne généreusement repassé par de nombreux outils de retouches numériques. Le résultat assure donc une image excessivement propre, aux bords stables et à la colorimétrie reboostée, mais le grain de pellicule est le plus souvent absent, remplacé par un léger bruit vidéo pas trop envahissant, et une définition certes détaillée dans les formes mais lissée et écrasant de nombreux arrière-plans.
Son
Sobres mais efficaces les pistes cantonaises DTS HD Master Audio 2.0 délivrent une prestation conforme à nos souvenirs, avec ces petits accents étouffés et cette frontalité typique des productions de l’époque, mais avec un rendu plus propre qu’alors. Le second film profite pour le coup d’un doublage français d’époque bien à côté de la plaque (comme pour la majorité des films chinois) et d’un nouveau mix DTS HD Master Audio 5.1. Si ce dernier ajoute une dynamique plus poussée et quelques atmosphères sur les arrières, il a aussi la fâcheuse tendance à donner une présence accrue aux musiques du film, assez médiocres.
Interactivité
Proposé dans une même édition double Bluray Rich and Famous et Tragic Hero sont présentés sous un fourreau cartonné léger à l’effigie du premier film, contenant un boîtier amaray avec jaquette réversible. Superbe design rétro et stylé d’ailleurs. Sur chaque disque on trouve des suppléments inédits produits exclusivement par Spectrum Films avec bien entendu en ouverture une présentation signée Arnaud Lanuque, qui revient sur l’influence considérable du Syndicat du crime, le tournage fragmenté et la méthode Johnny Mak, sans cacher un jugement sévère sur le premier film. Pas de langue de bois non plus du côté des rencontres avec Michael Mak, l’un des nombreux réalisateurs des films, et Manfred Wong, co-scénariste, qui ne cachent pas les grandes difficultés rencontrées par la production, la construction façon puzzle, l’élan profondément opportuniste de l’entreprise et plus simplement le fonctionnement général d’une certaine branche du cinéma HK de l’époque. L’ensemble s’achève sur une analyse de la fameuse dernière bobine de Tragic Hero par Alex Rallo, de sa construction rythmique a ses symboliques dramatiques marquées.
Liste des bonus
Présentation des films par Arnaud Lanuque, interview de Michael Mak, Interview de Manfred Wong, Essai Vidéo de Alex Rallo – Organiser le désordre à travers l’action, Bandes-annonces.