REVENGE

France – 2017
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Coralie Fargeat
Acteurs : Matilda Lutz, Kevin Janssens, Vincent Colombe, Guillaume Bouchède, Jean-Louis Tribes, Barbara Gateau…
Musique : Robin Coudert
Image : 2.35 16/9
Son : Français / Anglais DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français sur les dialogues anglais
Durée : 108 minutes
Editeur : ESC Éditions
Date de sortie : 4 juin 2025
LE PITCH
Trois riches chefs d’entreprise quarantenaires, mariés et bons pères de famille se retrouvent pour leur partie de chasse annuelle. L’un d’eux est venu avec sa jeune maîtresse, une lolita ultra sexy… Les choses dérapent… Dans l’enfer du désert, la jeune femme laissée pour morte reprend vie… Et la partie de chasse se transforme en une impitoyable chasse à l’homme…
Girl vs. Wild
Sept ans avant la sortie de The Substance et son retentissement à l’international, le cinéma de la réalisatrice française Coralie Fargeat se faisait déjà remarquer avec un rape & revenge pop et saignant. Débarquant dans les salles en pleines période #meetoo et #balancetonporc, le bien nommé Revenge mettait fièrement les deux pieds dans le plat.
Genre nettement plus lié au cinéma d’exploitation qu’au cinéma d’auteur, et qui plus est français, le Rape & Revenge est constamment tiraillé entre ses fameux élans voyeuristes et commerciaux célébrant violence et érotisme aussi douteux que déplacés, et une réelle volonté de redonner les armes à la femme, victime d’une société machiste et brutale dont elle entend bien arracher les couilles (allons-y franchement). Grande amatrice de cinéma de genre, citant amoureusement Cronenberg et Lynch mais aussi quelques pélloches plus bis, Coralie Fargeat prenait donc de sacrés risques en optant pour son premier film dans cette voie souvent décriée. Surtout qu’elle ne détourne jamais les yeux des codes et des excès attendus avec ses trois veaux masculins aussi antipathiques que ridicules, sa pauvre petite victime, terriblement sexy et un bien gourde, et un enchainement d’évènements aussi prévisibles qu’attendus. Maitresse d’un bellâtre qui se voit mâle alpha (et félicite son épouse par téléphone pour son sens de l’organisation), Jen sera laissée pour morte après que l’un des deux potes de Richard l’ait violée en son absence. Plutôt que de prendre sa défense, il craint pour sa réputation et devant l’échec de ses tentatives pour acheter le silence de la pauvre jeunes femme, décide lâchement de la pousser du haut d’une falaise. Empalée sur un arbre mort (notez la métaphore), l’héroïne va se relever, se soigner en mode Rambo et devenir une chasseresse impitoyable.
Œil pour œil
Couteau planté dans l’œil de l’un, cramé dans sa voiture pour l’autre (après une longue et âpre poursuite) et enfin duel implacable et sanglant contre l’ancien amant, l’héroïne de Revenge devient comme il se doit une créature mortelle et sauvage, vengeresse féministe à 100% mais que Coralie Fargeat n’essayera jamais vraiment d’humaniser. Son ambition est ailleurs, dans une vision ultra épurée et volontairement caricaturale du rape & Revenge, servie par une réalisation ultra léchée, clipesque et maniérée (comme ce sera de nouveau le cas sur The Substance) afin d’extraire le récit de sa simple réalité sordide. Bardé de symboliques bien visibles, d’effets de styles et de couleurs pops lumineuses à la Harmony Korine, Revenge s’échappe immédiatement vers l’allégorie outrancière où la masculinité toxique et malsaine (et oui il sont chasseurs) n’est semble-t-il que le symptôme d’une société libérale viciée et en roue libre. Un certain niveau d’abrutissement véhiculé par une télévision poubelle omniprésente (téléachat servi par des bimbos abruties, catch théâtral à souhait…), une quête absurde de la gloire (pauvre Jen qui veut être star) et une ribambelle de trophées de la réussite économique (jeep, hélicoptère, piscine…) qui ne peut amener qu’à un massacre en règle, primal et assez jouissif. Revenge n’entend pas réinventer la poudre, mais au moins lui donner un nouvel éclat, plus moderne sans doute, démontrant bien déjà les ambitions de la réalisatrice. Mais celle-ci manquait alors encore de rigueur dans sa direction d’acteurs (assez laborieux et agaçants), dans l’efficacité de ses dialogues (n’est pas Jan « Dobermann » Kounen qui veut), ou dans la rigueur de son scénario alourdi par une durée mal tenue : 20 minutes de moins étaient tout à fait envisageable.
Des défauts de premier film (comme quelques faux raccord…) tout à fait excusables mais qui font aussi partie, à l’instar de ce besoin constant d’en mettre plein la vue, du style même de Coralie Fargeat, certes peaufiné pour The Substance, mais confirmée tout autant. Ce n’est pas la réalisatrice la plus subtile qui soit, mais c’est aussi cela que beaucoup ont apprécié dans ses deux premiers longs métrages.
Image
C’est naturellement la même source que la précédente sortie HD qui est proposée ici. Celle-ci est toujours d’aussi bonne qualité avec des couleurs bien pétantes, des contrastes ciselés, des noirs profonds et des jeux de lumière solidement gérés. Le piqué accompagne généreusement chaque instant avec une profondeur particulièrement appréciable pour les vastes paysages désertiques et les petits soucis de compressions entraperçus sur la galette de Rezo Films ont disparu. Rien à redire donc.
Son
Le mixage sonore 5.1 travaille constamment une alternance entre quelques démonstrations massives (poursuites, musique à donf, coups de fusils de chasse qui font trembler les enceintes…) et des plages de silences implacables. Pas forcément le DTS HD Master Audio le plus percutant et envahissant, mais une prestation adéquate et assez solide.
Interactivité
ESC Editions reprend la main après une première édition signée Rezo Films, mais pas de très grands changements à l’horizon. L’interview annoncée de la réalisatrice est à nouveau la petite pastille Sens Critique où celle-ci évoque ses films, livres ou jeux vidéo préférés, là où forcément on aurait préféré une rencontre plus approfondie sur les origines du film, son écriture, sa mise en production, ses thèmes… Deux segments inédits sont tout de même de la partie avec quelques images brutes du tournage et un équivalent plus court encore sur deux séances de maquillages SFX. Ça reste mince.
Liste des bonus
Entretien avec la réalisatrice Coralie Fargeat (3’), Behind the Scene (12’), Les Effets spéciaux (3’), Bande annonce.