RETOUR DE MANIVELLE
France, Italie – 1957
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Denys de la Patellière
Acteurs : Michèle Morgan, Daniel Gélin, Peter van Eyck, Bernard Blier, Michèle Mercier, François Chaumette…
Musique : Maurice Thiriet
Image : 1.37 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Durée : 119 minutes
Éditeur : Coin de Mire Cinéma
Date de sortie : 17 mai 2024
LE PITCH
Le destin…Si Robert n’avait pas rencontré Freminger, il continuerait à faire le joli cœur entre Cannes et Monte-Carlo, à vivre sa vie de bohème désargentée. Mais il rencontra Freminger, un homme qui sentait le fric, le désespoir et surtout le whisky. Trop ivre pour conduire, Robert décide de le raccompagner chez lui. Le soir même, il devient son chauffeur et rencontre Hélène, sa femme, une beauté froide et cruelle. Freminger leur annonce qu’il va se tirer une balle dans la tête et précise, cynique, que l’assurance vie de 300 millions ne paie pas en cas de suicide. Il faudra donc maquiller son suicide en crime…
Le crime ne paie pas
Le film noir n’est pas que l’apanage d’Hollywood mais a aussi inspiré quelques incontournables de notre cinéma national. Si Retour de manivelle n’a pas forcément la grâce d’un Voici venu le temps des assassins ou la modernité d’Ascenseur pour l’échafaud, il marque cependant par son classicisme éprouvé et le regard hypnotique de la superbe Michèle Morgan.
Fortement inspiré par le lointain voisin américain dont le cinéma est généreusement redécouvert après les années d’occupation, mais aussi marqué par une France d’après-guerre qui a parfois peine à se relever, le cinéma français va lui aussi longtemps se la jouer noir. Très noir. Les Duvivier, Clouzot, Carné, ou Grangier vont alors explorer à leur manière les recoins tortueux du crime et du destin dans un noir et blanc tranché et implacable. Arrivant un peu en fin de comète, Denys de la Patellière a déjà versé dans le genre pour sa seconde réalisation, Le Salaire du péché, et poursuit sa dynamique avec ce Retour de manivelle, adapté du roman There’s Always a Price Tag de James Hadley Chase. Alors que la Nouvelle Vague pointe le bout de son nez et s’apprête à renverser les vapeurs, de la Patellière lui opère presque à rebrousse-poil en se rapprochant plus que jamais du modèle américain. Le protagoniste central est donc un brave type, un peu magouilleur mais plutôt bien orienté qui en sauvant la vie d’un riche industriel, se retrouver embringué malgré lui dans une histoire de couple à couteau tiré, qui se transforme en dissimulation de suicide pour être sûr de récupérer une fortune dont il fait désormais parti des héritiers. Une ascension trop fulgurante bien entendu, entièrement assujettie à la collaboration d’une belle veuve manipulatrice et blessée.
Le prix à payer
Devenue femme fatale, Michèle Morgan, est particulièrement convaincante autant dans son physique, ses attitudes, que dans son regard froid, calculateur, qui laisse affleurer une femme faussement puissante mais cherchant surtout une forme de vengeance sur les hommes. Placé dans une note mineure (et en sous jeu), Daniel Gélin est littéralement écrasé tout au long du film, suivant les dernières trouvailles de madame presque comme simple homme de main dans un plan qui prend peu à peu l’eau de toute part et ne cesse de se complexifier, se dirigeant immuablement vers un échec annoncé. Si la réalisation même de Denys de la Patellière n’est pas la plus inspirée qui soit et s’efforce surtout de singer les grands classiques et de délivrer quelques jolis cadrages au noir et blanc élégant, Retour de manivelle maintient aisément le spectateur en haleine grâce à son scénario savamment dosé, plutôt malin et cruel, habilement enluminé d’excellents dialogues signés par Michel Audiard. Sans se montrer trop envahissant et faire tomber le tout dans la gaudriole, il essaime justement une bonne dose de venin et de sensualité et offre une autre dimension aux personnages et une bonne dose de sophistication au métrage :
Robert Montillon : Salope !
Hélène Fréminger : C’est une injure ?
Robert Montillon : Salope.
Hélène Fréminger : Ne gaspillez pas ce mot, il pourrait vous servir. Moi, on me l’a toujours dit comme un mot d’amour.
Un phrasé et une distance qui vont d’ailleurs trouver toute leur dimension lors de l’arrivée de Bernard Blier pour une dernière bobine façon Agatha Christie, où son policier tenace et abrupt, secoue le tableau avec un certain plaisir.
Du classique soit, mais bien amené, bien tenu et appliqué où l’on découvre pour la première fois une certaine Jocelyne Yvonne Renée Mercier, jeune actrice dans le rôle ici de la bonne naïve et amoureuse éperdue, qui devient pour l’occasion Michèle Mercier en l’honneur de son illustre partenaire.
Image
Nouvelle restauration grand luxe pour Coin de mire et TF1 Studio à partir d’un scan 4K des négatifs. Nettoyé, stabilisé et réétalonné, le film nous parvient dans des conditions impressionnantes, avec ses cadres extrêmement propres et maitrisés, son rendu vibrant et naturel du grain de l’image, des noirs puissants et un accent tout particulier porté sur la profondeur des cadres et le piqué, redessinant un film que l’on avait été trop habitué à découvrir via des copies très vieillissantes. Très belle surprise.
Son
La piste mono d’origine a été restauré à la source pour résultat tout aussi convaincant. Le DTS HD Master Audio restitue le tout avec une sobriété claire et équilibrée, et respect à la lettre la dynamique resserrée et l’atmosphère presque étouffée du film.
Interactivité
Qui dit Coin de mire dit forcément la fameuse séance de cinéma avec comme toujours en option la possibilité de visionner le film précédé des actualités cinématographiques de la 38ème semaine de l’année 1957 avec un détour par le concours de Miss Amérique 1958, de nombreux sujets sports (box, athlétisme, parachutisme…) et de beaux élans de propagandes pro militaire. Suis la bande annonce de Le Cas du Docteur Laurent avec Jean Gabin et une incontournable sélection de réclame de l’année avec une bonne quantité de joli courts métrages animés (les bouillons Liebig, Printemps, Esso ou Super Persil qui lave encore plus blanc…oui c’est possible). La bonne ambiance du cinéma d’autrefois !
Liste des bonus
La séance complète avec actualités Pathé, réclames publicitaires et bandes-annonces d’époque (26’).