RESURRECTION
Etats-Unis – 1980
Support : Bluray & DVD
Genre : Drame, Fantastique
Réalisateur : Daniel Petrie
Acteurs : Ellen Burstyn, Sam Shepard, Richard Farnsworth, Roberts Blossom, Clifford David…
Musique : Maurice Jarre
Durée : 103 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et Français DTS HD Master Audio 2.0 Mono
Sous-titres : Français
Editeur : Éléphant Films
Date de sortie : 30 mars 2021
LE PITCH
Après un accident de voiture et la mort de son mari, Edna se découvre des pouvoirs paranormaux de guérison. De retour dans sa petite ville de naissance, elle met son don au service de la communauté, ce qui attire l’attention et la colère de l’église. Edna va tenter de faire entendre sa voix, entre la circonspection des psychologues et la pression des bigots, qui voient en elle une incarnation du diable.
Starwoman
On n’attendait pas grand-chose de Resurrection. Ni de son réalisateur Daniel Petrie en fait. Dont on se souvenait à peine qu’il avait commis le tout mou Cocoon le retour en 1988. Qu’elle ne fut donc pas notre surprise au visionnage de ce film oublié. Aussi fin qu’élégant, Resurrection est un film qui mélange les genres avec brio, signé par un cinéaste qu’il est nécessaire de réhabiliter.
Après un accident de voiture qui causa la mort de son mari, Edna (parfaite Ellen Burstyn) se retrouve privée de l’usage de ses jambes. Pour se reconstruire elle décide de quitter la ville et de retourner vivre à la campagne, chez son père. Elle va s’y découvrir des pouvoirs paranormaux de guérison. Après une introduction déchirante inscrivant le film dans une tradition mélodramatique typique de l’époque, le récit bascule rapidement dans le fantastique via une superbe séquence de “mort imminente”. Resurrection fut en effet en 1980 le premier film à illustrer le phénomène du « Near Death Experience » (l’image d’Épinal de la « lumière au bout du tunnel »). En précurseur, Daniel Petrie en propose une vision naïve mais très réussie d’un point de vue graphique – Edna, en vue subjective et entourée d’âmes défuntes, avance en direction de la lumière face à laquelle se dresse l’imposante silhouette de son mari. Le jeu sur les projections de couleurs et sur les reliefs n’est pas d’ailleurs pas sans évoquer ce que Spielberg élaborera dans Minority Report pour les souvenirs holographiques.
Pétri de talent
Puis vient le temps de la reconstruction et de l’apprentissage par Edna de ses capacités de guérisseuse. En termes narratifs, c’est l’occasion pour elle de se réapproprier son corps, de s’émanciper face à un père rigoriste. Le récit s’envole alors et fait se croiser l’inépuisable volonté de l’héroïne de guérir le plus de personnes possible et l ’histoire d’amour tumultueuse qu’elle entretiendra avec Cal (le jeune rebelle Sam Shepard). Daniel Petrie emprunte la voix de la pure Americana, nous faisant visiter un fantasme d’Amérique éternelle, à la fois douce et accueillante mais aussi traversée par les démons du fondamentalisme religieux. Le tout porté par la mise en scène simple et sans fioritures du réalisateur, toujours à la recherche de l’émotion juste.
Peut-on alors s’étonner que le film soit à ce point méconnu ? Pas vraiment. En faisant cohabiter plusieurs genres (fantastique, mélodrame, chronique provinciale), Daniel Petrie réalise un film compliqué à vendre, à une époque où, tournant le dos aux expérimentations et à la complexité narrative de la décennie précédente, les studios commençaient à produire des films plus standardisés. Le réalisateur en fera encore les frais l’année suivante, en 1981, avec le superbe et malheureusement oublié Le Policeman, chronique âpre d’un flic (Paul Newman) dans l’enfer du Bronx.
Peut-être aussi que Petrie a manqué d’une signature, d’une patte qui aurait pu faire de lui un cinéaste marquant de la fin du 20è siècle. Malgré cela, il donne vie, grâce à un beau style classique et à une direction d’acteur.trice.s merveilleuse (le moindre second rôle peut se révéler bouleversant) à un beau récit désenchanté, au potentiel hautement lacrymal.
Image
Pour un film de fond de catalogue, c’est un master de bonne tenue. Evidemment, on sent que le travail de nettoyage n’a pas été bien loin, mais le grain 35mm est bien présent, les défauts sont quasi inexistants et la définition est bonne et constante.
Son
Une piste 2.0 Mono basique mais très riche et chaleureuse. VO à privilégier, bien évidemment.
Interactivité
Un seul supplément mais de bonne facture. Il s’agit d’un retour sur le film par Laurent Aknin. L’historien du cinéma s’attache à réhabiliter Petrie en revenant sur les films marquants de sa carrière, puis à proposer une intéressante analyse de « Resurrection ».
Liste des bonus
Le film par Laurent Aknin (19’), Bandes-annonces.