RESPECT
Etats-Unis – 2021
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Liesl Tommy
Acteurs : Jennifer Hudson, Forest Whitaker, Marlon Wayans, Tituss Burgess, Audra McDonald, Marc Maron, …
Musique : Kris Bowers
Durée : 145 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Audio DD+ 7.1 Français et espagnol
Sous-titres : Français, espagnol, Anglais, Italien, …
Éditeur : Universal Pictures France
Date de sortie : 19 janvier 2022
LE PITCH
De son enfance à l’enregistrement live de l’album de gospel Amazing Grace en 1972, la vie, l’œuvre et les amours contrariés d’Aretha Franklin, …
Plus près de toi, mon dieu
Décédée le 16 août 2018 à l’âge de 76 ans, Aretha Louise Franklin, reine incontestée de la Soul Music, n’aura malheureusement pas eu l’opportunité d’assister à l’avant-première de Respect, biopic bien trop sage pour convaincre pleinement. On aurait pourtant bien aimé avoir son avis, fusse officieusement, sur un long-métrage un peu vain et qui peine à établir un lien entre les luttes d’hier et celles d’aujourd’hui.
Native d’Afrique du Sud et metteuse en scène de théâtre engagée, Liesl Tommy ne pouvait rêver plus ambitieux pour ses premiers pas derrière une caméra qu’une biographie d’Aretha Franklin. Féminisme, engagement pour les droits civiques des afro-américains aux côtés de Martin Luther King Jr, spiritualité, métissage musical, violences sexuelles et conjugales, alcoolisme, poids insoutenable d’un héritage familial compliqué : la carrière et la vie privée de la diva sont une vraie mine d’or thématique où se mêlent la politique, l’art, les questions raciales et sociétales et les drames intimes. Et on sent bien qu’au travers de la période choisie (en gros, de 1962 à 1972), le scénario écrit à quatre mains par Callie Khouri (Thelma & Louise) et Tracey Scott Wilson (les séries Do No Harm et The Americans) s’attache à faire caisse de résonnance avec les mouvements MeToo et Black Lives Matter pour les associer en un tout cohérent. Vaste et noble programme qui n’atteint pourtant pas son objectif, ou du moins par intermittence. Qui trop embrasse mal étreint et Respect passe d’un sujet à l’autre sans parvenir à en tirer la substantifique moëlle. Liesl Tommy reste désespérément en surface et se contente de rayer chaque passage obligé de sa liste comme on fait ses courses dans un supermarché. Un écueil d’autant plus regrettable que la durée du métrage atteint sans sourciller les presque deux heures et demie et que l’on peut raisonnablement mettre sur le compte de la frilosité. Comme si la cinéaste craignait d’écorner la légende ou d’emprunter des chemins de traverse.
What’s love gotta do with it ?
Dans l’exercice toujours périlleux du biopic (donner SA version ou celle attendue par les admirateurs de l’artiste ?), les comparaisons sont inévitables et elles ne sont pas à l’avantage de Respect. Impossible en effet de ne pas penser à Tina de Brian Gibson et Ali de Michael Mann, deux œuvres ayant largement défriché le chemin emprunté aujourd’hui par Liesl Tommy. Comme Tina Turner, Aretha Franklin aura fait ses premières armes dans les chorales d’églises baptistes avant de vivre l’enfer d’un mariage toxique avec un musicien raté et violent (Ted White et Ike Turner, même combat) et tout comme Mohammed Ali la chanteuse aura marché main dans la main avec les icônes progressistes et révolutionnaires de son temps (le docteur King pour l’une et Malcolm X pour le boxeur). Mais là où Gibson et Mann parvenait par la simple force de leur mise en scène à rendre palpable la violence, la ferveur et le potentiel d’émancipation offert par l’engagement artistique et physique sans limites de ses personnages, Tommy se retrouve à surligner au marqueur ses thématiques, entre un concert où le « Freedom » scandé par Aretha suffit à faire fuir l’époux violent et une scène de funérailles qui tente de nous tirer les larmes alors qu’elle ne se raccroche qu’à deux pauvres échanges dialogués sans conséquences.
La note aurait pu être salée si l’implication de l’actrice Jennifer Hudson n’était pas aussi spectaculaire. Outre une reconstitution historique luxueuse et pointilleuse, le film s’appuie sur les frêles épaules de l’actrice, laquelle parvient à combler les lacunes de l’écriture et de la narration par la grâce d’une prestation sensible, crédible et très éloignée du mimétisme à la mode. Ses scènes avec un Forest Whitaker que l’on n’avait pas vu aussi solide depuis belle lurette parviennent même à hisser le film au-delà d’une simple fiche Wikipédia sans âme et emportent (timidement) l’adhésion jusqu’à un très beau générique de fin où la véritable Aretha monte sur scène sous le regard conquis de Barack Obama et d’un public acquis à sa cause. Il était temps.
Image
Un master sans l’ombre d’un défaut mais à la définition bien lisse et qui a une fâcheuse tendance à étouffer le relief, les couleurs et la profondeur de champ. Impression mitigée d’assister à du streaming Netflix de qualité standard.
Son
L’impact du Dolby Atmos ne se ressent réellement que lors des passages musicaux avec un découpage chirurgical et bluffant de chaque instrument et une mise en avant vibrante du timbre inimitable d’Aretha Franklin. Le gain n’est pas aussi probant sur les scènes intimistes, en panne d’ampleur.
Interactivité
Une collection de featurettes classiques où tout le monde est super content d’avoir travaillé sur un super film avec les meilleurs collaborateurs du monde et pour mettre en image la vie d’une super chanteuse. On ne le répétera jamais assez, ces vignettes promotionnelles sonnent toujours aussi fausses et ne valent que pour la poignée d’images de tournages qu’elles laissent entrevoir. Les années passent et les interactivités de grosses productions hollywoodiennes n’en finissent plus de s’enfoncer dans une médiocrité à vous coller des migraines de compétition.
Liste des bonus
Making-of (7 minutes) / Devenir Aretha (4 minutes) / Capturing a Legacy (3 minutes) / From Muscle Shoals (3 minutes) / La direction artistique de Respect (3 minutes).