RESIDENT EVIL L’INTÉGRALE
Resident Evil, Apocalypse, Extinction, Afterlife, Retribution, The Final Chapter – Allemagne, France, Royaume-Uni, Canada – 2002/2016
Support : UHD 4K
Genre : Action, Horreur
Réalisateur : Paul W.S. Anderson, Alexander Witt, Russell Mulcahy
Acteurs : Milla Jovovich, Michelle Rodriguez, Eric Mabius, Sienna Guillory, Oded Fehr, Thomas Kretschmann, Jared Harris, Ali Larter, Iain Glen, Wentworth Miller, Bingbing Li…
Musique : Marco Beltrami, Marilyn Manson, Jeff Danna, Charlie Clouser, tomandandy, Paul Haslinger
Durée : 586 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais Dolby Atmos, Français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : Metropolitan Film & Video
Date de sortie : 24 novembre 2021
LE PITCH
Alice se réveille dans un manoir désert. Elle ne se souvient de rien, même pas de sa propre identité. C’est alors que surgit Matt, qui se prétend policier, rapidement suivi par un commando armé. Ce dernier les entraîne dans un gigantesque laboratoire sous-terrain, où quelque chose d’effroyable s’est produit. Mais l’équipe se retrouve prisonnière de cet étrange univers high-tech… où les morts ont le don de pouvoir se réveiller et de pourchasser les vivants.
Boogie-Wonderland
A son tour victime d’un reboot, la saga cinéma de Resident Evil extrêmement critiquée, voir conspuée, aura pourtant connue une sacrée longévité. Six films à la dégradation exponentielle, mais qui en 2002, vingt ans déjà, s’imposait comme une proposition inédite : une adaptation d’un jeu vidéo, des zombies, des personnages féminins bad-ass et du bis en veux-tu en voilà…
La plupart des sujets s’attardant sur le grand retour des zombies au cinéma s’arrêtent bien souvent sur la découverte de l’excellent 28 jours plus tard de Danny Boyle sortis sur les écrans en 2002. Beaucoup plus honorable et « auteurisant » certainement, pourtant sur ce coup-là Resident Evil lui a damé le pion de quelques mois en s’offrant une sortie presque mondiale en mars / avril de la même année. Quelques plans offrent d’ailleurs des ressemblances troublantes (l’ouverture de l’un vs la conclusion de l’autre), mais l’orientation n’a effectivement rien à voir. Danny Boyle construit une œuvre particulièrement personnelle, reproduit en plus sombre les thèmes sabrés de La Plage, là où le second s’engouffre plus volontiers dans le pur spectacle de série B. A une époque où on estime les morts-vivants uniquement vendeurs sur console, Resident Evil bouscule sévèrement le marché en réussissant à imposer commercialement une adaptation d’un jeu-vidéo et un univers peuplé, pour le moment en tous cas, de vrais zombies et non pas de galopeurs infectés. Une recette à laquelle il ajoute immédiatement une mise en avant tout aussi originale alors des personnages féminins. Deux se partagent l’affiche, Mila Jovovich dans la robe de l’étrange Alice, et Michelle Rodriguez, prenant largement le pas sur leurs collègues masculins (Eric Mabius et James Purefoy tout de même) qui auraient presque ici la position de faire-valoir, de boy in distress. Petite star du B-Movie bien graphique avec les remarqués Mortal Kombat, Soldier et surtout le très bon Event Horizon, Paul W.S. Anderson se montrait encore assez capable, délivrant un authentique ride bourré d’action (avec déjà une nette propension aux ralentis stylés), quelques excellentes scènes (belle tension dans l’ascenseur), une imagerie glacée maitrisée, mais prenant déjà un peu la tasse dans un scénario inutilement alambiqué mais pas trop envahissant. Une gueule honorable pour un film qui s’inspire très librement, il est vrai, du premier opus Capcom crée par Shinji Mikami et Tokuro Fujiwara en 1996, et distille déjà assez généreusement des éléments de sa propre mythologie.
Bio-hasardeux
C’est cette dernière qui va rapidement prendre le pas sur toute autre considérations, et en particulier le respect du matériau d’origine, et donner un visage aussi étonnant, que parfois excessivement disgracieux à cette série cinématographique. Peu importe que Resident Evil Apocalypse, soit justement le plus fidèle à la source (piochant dans les jeux Resident Evil 2 et 3), Anderson, toujours à la production et au scénario, transforme dès sa scène inaugurale l’ancienne victime paumée Alice (Mila et Paul vivant désormais pleinement leur histoire d’amour) en guerrière implacable traversant un vitrail d’église en moto, balançant son véhicule à la tronche d’un licker tout en s’offrant un petit salto arrière, fusil à pompe à la main. Mal shooté par Alexander Witt (assistant sur des tonnes de blockbuster US), le film dérive du Bis précédents pour s’approcher joyeusement du Z foutraque où la version discount de Jill Valentin se castagne avec un gros Nemesis en latex. Souvent hilarant, il tranche avec le sérieux du suivant Extinction, ultime tentative de retour à une approche un poil plus sérieuse par l’ancien espoir Russell Mulcahy (Highlander, Razorback) qui compense les pouvoirs désormais super-héroïques d’Alice par le contexte plus épuré d’un désert post-apocalyptique, surtout post Mad Max. La trame d’Anderson ne tient pas une seconde, ses personnages glissent sans vergogne toujours vers la caricature, et l’omniprésence de Mila Jovovich en croisement embarrassant de Neo et Tetsuo retire toute tension possible malgré les apparitions d’une famille cannibale, de nuées de corbeaux voraces et de zombies ninjas…
Moulti-pass
Un certain sens du n’importe-quoi qui dessine une saga bien bordélique, et qui s’inscrit totalement dans sa propre logique, celle de la construction d’une héroïne no limite (avec pouvoirs dantesques, clones et tout le tintouin), de la célébration d’une actrice très limitée, entièrement servie par un Paul W.S. Anderson qui va définitivement se vautrer dans l’onanisme stylistique et le love conjugal avec la dernière partie de son hexalogie : le triptyque Afterlife, Retribution et The Final Chapter. Toujours aussi incroyablement lucrative (l’ultime opus casse la baraque en Chine), la série est entièrement reprise en main par le réalisateur, pouvant définitivement s’engouffrer dans ses fantasmes matrixiens, se débarrasser des derniers oripeaux d’une authentique adaptation vidéoludique et des dernières barrières du bon goût, dévidant des heures de gunfights vides, de chorégraphies câblées aux ralentis, de bullet time hasbeen, de morts-vivants ridicules (ça nage, ça saute… mais ça ne mord plus beaucoup) comme d’autres vomiraient leur quatre-heures. Indigestes pour le moins, ces Resident Evil apportent au passage la même rigueur et pertinence scénaristique que les série des Saw et Paranormal Activity réunis mais avec un sérieux, poseur, indéboulonnable.
Il est bien loin le temps des marrades au second degré des deux premiers films, toujours aussi sympathiques, craignos certainement, mais bisseux et funs. Reste qu’avec cette omniprésence des personnalités du couple Jovovitch / Paul W.S. Anderson, cette fidélisation d’un public sur grand écran (pas de DTV ici) et de succès vidéo jamais démentis, ces Resident Evil sont encore et toujours une sacrée exception. Pour le meilleur et pour le pire.
Image
Etalée sur une quinzaine d’année et ayant connu le passage des dernières productions systématiques sur pellicule et l’arrivée du tout numérique, la saga Resident Evil connait là aussi grande période. La première comprenant les trois premiers opus se prête parfaitement à de nouveaux transferts au format UHD. Surtout que la remasterisation a été extrêmement soignée, effectuée à partir de nouveau scan 4K à la source, offrant des cadres parfaitement propres et une profondeur tout simplement inédite pour ces films. Surtout, ces métrages retrouvent leurs textures argentiques, le grain d’origine et une patine relativement léchée. Les couleurs, traitées en HDR, ne dévient pas de leur esthétique relativement sombre et finalement un peu terne, mais profitent de nuances et de contrastes largement plus efficaces. Un travail admirable que l’on retrouve en grande partie sur les deux films suivants, pourtant tournés en numérique, avec des noirs largement plus profonds et puissants qu’autrefois et un piqué impeccablement dessiné. Même lorsque l’on parle pour Afterlife d’une source 2K boostée en 4K. Pour le dernier opus c’est un peu l’effet inverse. Alors que le film a été capturé en 5K, il se montre bien plus pauvre esthétiquement et surtout est parsemé de noirs ternes et de bruits numériques. Là où le Bluray réussissait à les adoucir et à se maintenir aux plus hauts niveaux du standard, l’UHD dans sa profonde honnêteté peine à cacher la misère.
Son
Du coté des pistes françaises on retrouve sans surprise les DTS HD Master Audio 5.1 des Blurays, avec toujours cette dynamique démesurée, voir abusée parfois, mais toujours dynamique et efficace. Les versions originales, elles, profitent de tous nouveaux mix Dolby Atmos qui, mine de rien, réussissent à repousser encore l’énergie générale avec une spatialisation plus ferme et généreuse encore, et surtout des effets d’une rare fluidité. Et ce dès le premier film, peut-être le plus réussi de ce côté-là, avec des jeux sur les échos et les sources lointaines parfaitement rendus, des explosions musicales bien bourines, et des coups de lattes et autres impacts de balles qui jaillissent de toutes parts. Bien vénère.
Interactivité
Metropolitan a ici opté pour un coffret exclusivement UHD et ne comportant donc pas de nouvelles galettes Bluray (avec les nouveaux masters), ni même les anciennes. D’où la disparition quasi-totale des nombreux bonus connus autours des films (commentaires audios, making of, scènes coupées, fins alternatives…) avec comme seuls survivants quatre featurettes promos d’une petite dizaine de minutes chacune… Carrément chiche.
Liste des bonus
4 featurettes exclusives, Bandes-annonces.