L’histoire de Red One c’est d’abord celle d’une grande entreprise. Non pas celle du papa Noël, bien qu’ici l’équipe qui l’entoure n’est pas loin de celle du SHIELD mais avec des cloches qui font ding-ding, mais bien celle de Dwayne Johnson. L’ex-The Rock continue de courir après une place de superman du box-office et de futures licences increvables lui permettant de s’assurer des revenus bien réguliers et de développer encore et toujours cette image d’un grand colosse au cœur d’or. Un peu cynique forcément tout cela, et pas franchement dans l’esprit de noël (souvenez-vous la générosité et le partage…), mais peu importe, la star réunit ici toute son équipe habituelle de producteurs, associés, scénaristes et réalisateur ayant tous œuvres sur les Fast & Furious, Black Adam ou Jumanji, pour transformer le petit monde de Santa Claus (joué ici par l’excellent J.K Simmons) en véritable batterie super-héroïque. Un vrai super-héros celui-là, levant de la fonte, bouffant des petits gâteaux pour recharger ses batteries et visitant les gosses au centre commercial d’en bas afin de garder le contact, mais surveillé dans l’ombre comme un vrai président américain. Mais il est kidnappé par une vilaine sorcière (Kiernan Shipka, ex Sabrina) qui veut punir les méchants enfants (à priori en forte augmentation) et c’est donc au garde du corps historique, Dwayne donc, de retrouver sa trace afin de s’assurer qu’il puisse faire sa tournée annuelle.

Les boules et pas de sapin

Un levage de sourcil plus loin, le voici embarqué dans un buddy movie aux cotés d’un Chris Evans (ex Captain America) qui la joue Bad Boy, et se fight lui aussi comme un surhomme sans qu’on sache vraiment pourquoi. Bien entendu à la fin, le premier qui avait perdu le feu sacré va le retrouver, et le second se révèlera finalement bon camarade et bon père. Miracle ! Le vrai souci c’est tout ce qu’il y a au milieu, vaste cocktail de film fantasy post-moderne et de codes comics plaqués sur un divertissement qui ne sait jamais vraiment quelle cible il vise. Film pour les gosses ? Film familial ? Film de gros bras pour les bourrins ? Film popcorn pour ados ? Publicité géante pour Nintendo et Hot Wheels ? Ni l’un, ni les autres et un peu tout cela en même, au détriment d’une identité franche et de la moindre émergence d’une idée originale ou d’un détail qui viendra marquer les esprits, ni même d’une bonne blague ou un second degré salvateur, l’opus se voulant étrangement d’un premier degré à toutes épreuves. Franchement vain et boursoufflé, dans le même élan Red One balance ses quelques bonnes idées par la fenêtre (l’antre du Krampus et ses effets de maquillage très réussis), gâche le potentiel de ses acteurs (pauvre Lucy Liu) et baigne le tout dans un déluge d’images de synthèse aux qualités très aléatoires. Si la direction artistique (décors, costumes…) maintient le tout à bout de bras, une bonne déco n’a jamais suffit à faire vivre l’esprit de Noël.

Aussitôt vu, aussitôt oublié, Red One se voulait pourtant le point de départ d’une nouvelle série de film fantastique et musclé capable de faire la nique aux voisins Marvel et DC. En dehors du budget foutu par la fenêtre, en partie par un Dwayne Johnson en roue libre (et en retard sur le plateau), on ne voit pas bien sur quel terrain il pourrait les battre.