RAWHEAD REX
Royaume-Uni, Irlande – 1986
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : George Pavlou
Acteurs : David Dukes, Kelly Piper, Cora Lunny, Ronan Wilmot, Niall Toibin, Niall O’Brien…
Musique : Colin Towns
Image : 1.85 16/9
Son : DTS HD Master Audio 2.0 Anglais et Français
Sous-titres : Français
Durée : 87 minutes
Editeur : Rimini Editions
Date de sortie : 15 novembre 2024
LE PITCH
L’auteur américain Howard Hallenbeck se rend en Irlande en famille, à la recherche d’objets religieux datant d’avant le Christianisme. Au même moment, des fermiers déplacent une énorme pierre posée au milieu d’un champ, libérant par erreur une créature monstrueuse enterrée là depuis des siècles. La route de la famille Hallenbeck va croiser celle du monstre.
Le démon qui bande mou
Petite star des rayonnages horreur des vidéoclubs d’antan, fortement aidé par son titre qui claque et son monstre iconique qui semble jaillir de la jaquette, véritable promesse de destruction, Rawhead Rex fut surtout un beau scénario du jeune Clive Barker, largement gâché par une production british bien frileuse.
En 1986 le nom du romancier et noveliste Clive Barker n’apparait pas encore en grand sur les affiches de cinéma. Pourtant l’auteur des fameux Livre de sang a déjà fait un premier pas dans le milieu avec une première adaptation de l’un de ses textes avec Transmutations (ou Underworld) petite production bis déjà pas franchement mémorable et surtout très éloignée des ambitions de la nouvelle originale. Pour le projet suivant, l’auteur s’implique alors plus fortement encore, prenant seul les commandes de l’adaptation de Rawhead Rex. Une nouvelle apparue dans le troisième tome des Livre de sang qui parait plus adéquate à une transformation en film par ses aspects horrifiques plus directs (on n’est pas loin du slasher bien bourrin), son humour noir et son cadre marqué de la campagne anglaise. Malheureusement, travaillant toujours pour le compte du même duo de producteurs, Don Hawkins et Kevin Attew, et le même réalisateur George Pavlou, il se fait gentiment écarter des dernières étapes et assiste impuissant à de nombreux changements et une édulcoration manifeste. Si le déplacement de l’action d’un Kent plongée dans une saison estivale particulièrement torride à la grisaille brumeuse de l’Irlande perdue peut avoir une certaine logique aux vues des liens avec les mythes païens celtiques d’autrefois, l’essence même de la créature passe d’une évocation de la virilité brutale et conquérante (en gros Barker la visualisait plus ou moins comme un pénis géant) à un monstre plus satanique et bestial qu’autre-chose.
Un hurlement dans la lande
D’ailleurs si le design en lui-même est plutôt réussi, ou en tout cas efficace dans sa dimension massive, il ne véhicule plus du tout cette idée d’une sexualité réprimée, et le film en dehors d’un vague sous-entendu flottant autour d’une pauvre femme enceinte épargnée et une victime aux vêtements très gratuitement arrachés, va effectivement tout faire pour le gommer. En résulte alors un film d’horreur ultra classique, assez divertissant, mais qui passe totalement à coté de son potentiel, renvoyant les bribes mythologiques à une toile de fond très floue, faisant de Rawhead un démon comme un autre se trimbalant de jour comme de nuit sur la lande en quêtes de nouvelles victimes, boulotant certes un gamin sur la route, mais se contentant surtout de gesticuler et de grogner… et de casser des trucs, comme des caravanes. A y regarder de plus près même, le costume de latex s’avère lui aussi assez rigide et le masque à une petite tendance au strabisme. Des petits défauts que George Pavlou aurait pu aisément dissimuler ou faire oublier s’il ne s’évertuait pas à filmer tout cela le plus platement du monde, sans véritable travail sur les atmosphères (même pas gothiques) ou sur une quelconque sensation d’inquiétude, de tension. Quelques petits effets gentiment gores (gorges ouvertes, membres arrachés…) ne feront pas oublier que personne à l’écran ne semble vraiment y croire, même pas notre couple de héros, et donc d’américains, à peine ébranlés après que leur fiston (certes pénible mais tout de même) se soit fait manger tout cru.
Rawhead Rex n’est jamais bien loin du petit nanar, mal fichu et pas bien passionnant, mais si le film à au moins un mérite c’est d’avoir démontré à Clive Barker que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Maitrisé de A à Z, son suivant Hellraiser, lui, est un chef d’œuvre du genre.
Image
Comme un roi, le film s’est vu offrir une restauration 4K de très haute tenue, profitant d’une restauration très complète à partir des négatifs originaux. Sans dénaturer l’aspect parfois très granuleux de la pellicule, quelques choix colorimétriques très tranchés et des effets spéciaux digitaux bien visibles, ce nouveau master apporte un piqué redoutable, une profondeur inédite et plus généralement une netteté inespérée. L’aspect naturel et réaliste de la photo est parfaitement rendu avec quelques rehausses bienvenues des couleurs bien plus vives et contrastées qu’autrefois.
Son
On préserve ici les sensations d’origines avec des DTS HD Master Audio 2.0 concentrés forcément sur les avants. Dans leur jus en sommes, mais avec une clarté et un confort d’écoute bien plus performants qu’autrefois. La version originale semble mieux équilibrée et plus fluide, mais le doublage, plus plat, fonctionne assez bien.
Interactivité
Rawhead Rex rejoint la collection Fantastique de Rimini, reprenant le packaging habituel avec digipack, fourreau cartonné et livret « making of » toujours complet signé Marc Toullec. Dommage cependant de ne pas retrouver ici les nombreuses interviews enregistrées pour les éditions anglo-saxonnes de Arrow Video et Kino Lorber.
Liste des bonus
Le livret « Sa majesté le monstre » rédigé par Marc Toullec (24 pages).