RATMAN
Quella villa in fondo al parco – Italie – 1988
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Giuliano Carnimeo
Acteurs : David Warbeck, Janet Agren, Eva Grimaldi, Nelson De La Rosa…
Musique : Stefano Mainetti
Durée : 82 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Italien et Français DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Francais
Editeur : Le Chat Qui Fume
Date de sortie : 31 juin 2024
LE PITCH
Tout juste débarqués sur une île des Caraïbes, Fred Williams, écrivain, et Terry, fille d’un sénateur, font connaissance dans un taxi. La jeune femme est venue identifier le corps de sa sœur, Marylin, à la morgue. Or le cadavre mutilé qu’on lui présente n’est pas celui de Marylin. Décidée à retrouver sa sœur, Terry compte partir dans la jungle, où Marylin devait effectuer un shooting. Williams se propose alors de l’accompagner. Le duo est loin de se douter qu’un monstre hybride mangeur de chair humaine rôde dans les environs…
Rongé de l’intérieur
À la fin des années 80, le bis italien avait déjà bien entamé son déclin, il est sur le point de s’éteindre, et pourtant, le producteur Fabrizio De Angelis, spécialiste de l’exploitation dans tous les mauvais genres, mais qui aura eu le mérite de produire quelques-uns des meilleurs films de Lucio Fulci durant sa période gore, débarque avec un film au concept totalement WTF avec sa créature mi-guenon mi-rat : RATMAN !!!!
Bon, il est évident que Fabrizio a dû voir en 1986 Ratboys de Sondra Locke, sorte d’ersatz d’Éléphant Man pas bien terrible lorgnant vers la niaiserie et évoquant la différence à ras du sol. Ni une ni deux, le producteur italien décide de mettre en œuvre un nanar au titre évocateur : Ratman, ou plutôt Quella Villa in fondo al parc chez nos amis italiens, en référence à la maison où réside le monstre hybride star de cette série Z. Le pitch de départ, un scientifique injecte du sperme de rat dans une guenon, prête plus à la rigolade qu’autre chose, mais chose plus étonnante, c’est que Peter Jackson reprendra plus ou moins le même point de départ pour son génialement drôle et jouissif Braindead. Probable que le réalisateur néo-zélandais ait vu le bouzin, mais ici c’est du premier degré ! Inepte, surtout que ce scientifique surnomme sa créature « Ratounet »… moui, c’est gênant quand même.
Bien sûr, pour incarner « Ratounet », le producteur Fabrizio De Angelis a jeté son dévolu sur Nelson De La Rosa, considéré à l’époque par le Guiness Book comme l’homme le plus petit au monde. Pareil handicap mérite d’être bien exploité, et bien entendu, si on peut lui donner un rôle bien ingrat d’une créature hybride née d’une manipulation génétique plus douteuse, ce n’est pas Fabrizio que ça va gêner. A partir de là, Ratman aurait pu être un film bien déviant et malsain… sauf que comme le budget est extrêmement riquiqui, « Ratounet » agira dans l’ombre, dans l’obscurité… au point que l’on ne voit pas vraiment grand-chose…
Le museau qui frétille
Alors, bien évidemment le mythe de Frankenstein sommeille dans la coriace et cracra petite créature qui ira jusqu’à prendre le dessus sur son créateur, assassinant ensuite à coups de griffes de jeunes et jolies femmes, souvent des mannequins, qui errent dans les environs. On pense aussi à L’Île du Docteur Moreau puisque l’ambiance et le cadre exotique et insulaire y est identique. On peut aussi repenser à quelques bis gores comme La Terreur des zombies ou le sublime et culte L’Enfer des zombies… produits justement par Fabrizio De Angelis.
Au casting, David Warbeck (Les Sévices de Dracula, Il était une fois la révolution, L’Au-delà, The Black Cat…) et Janet Agren (On m’appelle providence, L’Assassin a réservé 9 fauteuils, Frayeurs, Atomic Cyborg…), qui ont déjà eu l’occasion de travailler ensemble dans Panique de Tonino Ricci, viennent animer l’action exotique de ce bis mi-figue mi-raisin (ou mi-guenon mi-rat), mais qui dit bis fauché, dit aussi (parfois) canular cinématographique. On doit alors se farcir des séances de pauses scénaristiques d’une sublime médiocrité durant quarante bonnes minutes avant que la traque ne commence vraiment. L’ennui est forcément présent, voire plus présent que « Ratounet » que l’on voit peu par rapport au carnage promis par les diverses affiches. Un monstre tueur qui semble bien fragile (et joue incroyablement mal) et qui ne passe à l’action que dans une obscurité bon marché, n’appuyant certainement pas assez sur les rares prémisses un peu glauques que l’on aperçoit brièvement. Un ou deux plans sanguinolents, beaucoup d’errances dans la jungle et d’interminables séances photo vaguement érotiques, et il est tant de rentrer à la maison dans un final expéditif : « Allez hop ! Faites vos valises, remballez tout, on n’a plus une thune ! ».
Derrière la caméra, on retrouve un Giulano Carnimeo (Les Exterminateur de l’an 3000) qui à l’instar du bis italien en cette fin des 80’s, fait avec ce qu’il peut, mais on sent qu’il serait vraiment temps qu’il arrête… et Ratman, avec le suivant Computron 22, sonnera justement le glas de sa carrière.
Doté d’une affiche qui aura vendu du rêve à pas mal de gamins ayant grandis durant les années 80/90, clients des vidéoclub, Ratman n’aura bien entendu connu chez nous d’exploitation qu’en VHS. L’un de ces autres témoins du déclin du ciné de genre italien.
Image
La copie s’avère splendide, « Ratounet » a eu les honneurs d’une restauration 4K à partir du négatif original, et le piqué s’avère très solide, même pour les scènes se déroulant dans la pénombre ou de nuits, c’est solide, c’est riche au niveau des détails, les couleurs sont parfaitement restituées, on sent qu’il y a eu un véritable soin de l’image argentique afin de respecter le grain d’origine.
Son
C’est de la stéréo d’origine, il ne faut donc pas s’attendre à un déluge d’effets mais il n’y a aucun souffle à déplorer, les deux versions font jeu égal, avec la VF aux dialogues plus nanardesques, plus foutraques, là où la VO possède un ton plus sérieux. On peut dire que c’est deux salles deux ambiances.
Interactivité
Nous avons droit à deux entretiens, dont celui avec le directeur de la photographie Roberto Girometti qui garde de très bons souvenirs de cette deuxième période des années 80, sur le réalisateur Giuliano Carnimeo avec il a vraiment apprécié travailler, les acteurs, le tournage… il n’en retire que du positif. Pour le deuxième entretien, c’est le truculent scénariste légendaire qui aura connu l’âge d’or du bis ainsi que son déclin, Dardano Sacchetti, qui revient sur la genèse du film, Fabrizio De Angelis ou comment exploiter Nelson De La Rosa dans un film d’horreur… Il revient sur Ratman tout en faisant un léger parallèle avec L’Enfer des zombies. Autant dire que c’est le segment le plus complet.
Liste des bonus
GARE AU RAT ! avec le directeur de la photographie, Roberto Girometti (21’), LA LECON DE LA PEUR avec le scénariste Dardano Sacchetti (27’), Film annonce.