RAGING FIRE
怒火 – Hong-Kong, Chine – 2021
Genre : Action, Policier
Réalisateur : Benny Chan
Acteurs : Donnie Yen, Nicholas Tse, Lan Qin, Angus Yeung, Patrick Tam
Musique : Nicolas Errèra
Durée : 126 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Cantonnais DTS HD Master Audio 7.1, Français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : HK Vidéo
Date de sortie : 26 mai 2022
LE PITCH
Lors d’un raid pour arrêter un baron de la drogue, la police affronte un commando d’hommes masqués qui vole la marchandise et assassine froidement les policiers. Arrivé sur place, l’inspecteur Bong ne peut que constater le carnage. Lors de son enquête, il découvre que le commando est dirigé par Ngo. Ex-collègue de bong, Ngo cache une histoire tragique qui l’a conduit vers une vie de criminel. Les destins des deux hommes s’entremêlent à nouveau, tandis que sonne l’heure de régler les comptes.
à armes égales
Imaginé comme un retour en force de l’école hongkongaise du cinéma d’action, Raging Fire avec les stars Donnie Yen et Nicholas Tse est cependant devenu le film testament du réalisateur Benny Chan, décédé d’un cancer à la fin du tournage. Si la post-production s’est faite sans lui, l’objet reste un chaleureux hommage à son cinéma : divertissant, généreux voir explosif.
Certes Benny Chan (Shaolin, La Guerre des cartels) n’a jamais été l’un des grands génies du cinéma asiatique, mais il s’est immédiatement hissé au rang de ces sympathiques artisans de l’industrie, signant des divertissement calibrés, honnêtes et parfois même remarquables comme lors de ses collaborations avec Jackie Chan pour Who Am I ? et New Police Story, et célébrant bien souvent la nouvelle génération d’acteurs du cinéma chinois à l’instar de Donnie Yen, qu’il dirigea dans la série Fist of Fury et Nicholas Tse qu’il lança avec Gen X Cops. Raging Fire sonne alors comme des retrouvailles avec les deux acteurs, mais aussi avec une certaine idée du cinéma d’action hongkongais. Si effectivement effets spéciaux numériques il y a, ils ne sont pas si nombreux et laissent largement la place à des cascades et performances physiques réelles et particulièrement impressionnantes. On ressent, comme trop rarement aujourd’hui, une véritable mise en danger des personnages et une intensité considérable dans leurs confrontations. Confiées à Donnie Yen, crédité comme Action Director, et le chorégraphe Kang Yu (Le Roi singe, Dragon Tiger Gate), les nombreuses scènes d’action s’avèrent aussi nombreuses qu’audacieuses, voir titanesques avec un sacré défilé de cascades franchement dingues. Que ce soit une poursuite entre Donnie Yen et Nicholas Tse, l’un en voiture l’autre en moto dans une ville transformée en terrain de jeu totalement destructible, des fusillades sèches au bodycount implacable ou un ultime face-à-face passant des armes à feu, aux armes tranchantes pour s’achever aux poings et aux projections sur les murs d’une église en ruine, Raging Fire semble même parfois cocher une à une les cases des possibles.
Départ de flamme
Tout y passe, mais toujours avec une admirable crédibilité physique et une précision rare dans le montage et la gestion de l’espace. Mention spéciale forcément à cette intense et haletante échauffourée entre Donnie Yen, qui porte le film à bout de muscles, et une armée de truands dans un bâtiments confinés où chaque porte, fenêtre, trappe sont intégrés dans le mouvement et la fluidité de la mise en scène, tandis que chaque objet peut devenir une arme contondante. Un flashback total dans la démesure des années 80, mais avec le budget bien plus confortable d’un film chinois actuel, qui permet d’ailleurs à Benny Chan de livrer enfin son hommage rêvé au Heat de Michael Mann. Une séquence de casse et de fusillade entre truands et service d’ordre qui n’a certes pas l’élégance et la puissance émotionnelle de l’original, mais qui déploie là aussi un savoir faire typiquement HK et un nombre de cartouches et de corps au sol largement plus important. Souvent jouissif, Raging Fire réussit cependant beaucoup moins bien son coup du côté de la dramaturgie et peinant à véritablement impliquer le spectateur dans cette opposition meurtrière entre un flic incorruptible et ses anciens lieutenants passée du côté obscur. La faute à un scénario rabâché dont tous les enjeux sont systématiquement explorés en flashback larmoyants (et au ralenti SVP) et où la psychologie et les grands élans moraux restent au raz des pâquerettes comme un heroic bloodshed de série. On pourrait dire Old School jusqu’au-bout.
Image
Tourné dans un mélange de caméras 5K et 4K et achevé en 2K ( ?!?) Raging Fire affiche toute la rutilance, la précision et les excès des blockbusters chinois récents. Un mélange de haute précision, de piqué creusé, de couleurs pétantes et d’une lourde utilisation d’outils numériques à la fois pour lisser les cadres (et certains visages d’acteurs plus si jeunes… oui Donnie on parle de toi) et rehausser un aspect artificiel et numérique pas toujours d’une élégance folle. Une esthétique particulière, mais que le bluray maitrise de bout en bout.
Son
Doté d’un DTS HD Master Audio 7.1, la version cantonaise impose un rendu particulièrement énergique et nerveux, déployant quelques ambiances urbaines bien posées, mais venant surtout accompagner spatialement les grandes scènes d’actions du film, boostant les impacts, les balles sifflantes et les explosions envahissantes. En DTS 5.1 la version française, passable, se montre un chouia moins pêchue dans sa restitution mais reste très efficace.
Interactivité
HK Video n’est pas (totalement) mort puisque voici Raging Fire arborant fièrement le logo de la célèbre collection… A l’intérieur cela reste cependant encore en dessous des attentes avec un matériau de base en provenance de Chine qui se contente de quelques interviews éclairs de 2 minutes bien promos et un making of sans parole concentré en 4 minutes sur les cascades et effets spéciaux. Heureusement l’édition française se dote de deux ajouts : un livret de 16 pages comportant un texte sur les destins croisés de Benny Chan, Nicholas Tse et Donnie Yen et une rencontre inédite avec ce dernier enregistrée lors de sa venue à L’étrange festival. Dix minutes plutôt intéressantes où l’acteur évoque aussi plus généralement l’état du cinéma d’action à Hong-Kong et en Chine, ses capacités martiales et son statut actuel dans l’industrie.
Liste des bonus
Un livret (16pages), Rencontre avec Donnie Yen (10’), Interviews de Nicholas Tse et Donnie Yen (05’), Interview de Donnie Yen (2’), Interview de Nichoas Tse (2’), Making of (04’), Bandes-annonces.