Lorsqu’il réalise en 1966 ce Qu’as-tu fait à la guerre Papa ?, Blake Edwards semble revenir sur un sujet lui tenant à cœur, dont le titre reprend une interrogation de son fils. Le sujet du film était en effet déjà dans les cartons trois ans plus tôt, lorsque La Panthère rose sortit et obtint un succès gigantesque poussant la société de production, The Mirish Company, et Edwards à rempiler avec une suite, L’Inspecteur s’emmêle. Suite au semi-échec de La Grande Course autour du monde en 1965, Edwards renoue avec les frères Mirish pour réaliser cette irrésistible comédie militaire se déroulant en Sicile durant la Seconde Guerre Mondiale.
En fait tourné dans des décors totalement fictifs réalisés en Californie, le film s’apparente durant les premières minutes aux nombreux films de guerre qui fleurissaient alors sur les écrans américains. Alors que le cinéma hollywoodien subissait une sorte de léthargie en cette période de transition entre le cinéma classique et le Nouvel Hollywood pas encore parvenu, les producteurs misaient ainsi sur des films à grand spectacle, de véritables fresques pour concurrencer la télévision. Dont de nombreux films de guerre comme Le Pont de la rivière Kwai, Le Jour le plus long, La Grande Évasion…

The Party

Mais le long-métrage d’Edwards s’apparente plutôt à un grand détournement, et peu après un générique mimant les films de guerre, la comédie et le burlesque prennent le dessus et nous offrent une incroyable comédie où les militaires préfèrent trinquer que tirer !
A l’instar de l’un des chefs d’œuvre du cinéaste, The Party, Qu’as-tu fait à la guerre Papa ? prend le parti de la confusion et de l’ivresse pour nous conter cette incroyable, et inracontable, « libération » d’un adorable village sicilien où les plus grands dangers seront le vin et les femmes ! Dès l’irruption des soldats américains sur le territoire de l’« ennemi », Edwards nous plonge ainsi dans une incroyable « fiesta » où même le trop sérieux lieutenant, superbement interprété par Dick Shawn, finira complètement ivre dans les bras de la magnifique italienne Giovanna Ralli, qui tentait alors l’aventure hollywoodienne.
Soutenu par la, toujours, très bonne BO d’Henri Mancini, fidèle collaborateur d’Edwards, le film qui s’étale sur près de deux heures ne nous donnera que rarement l’occasion de nous reposer tant les rebondissements s’amoncellent. Et ce n’est pas l’irruption de soldats allemands dans cette cacophonie qui calmera les munitions comiques telles les nombreux travestissements et quiproquos chers au père de la Panthère rose.

Qu’as-tu fait à la guerre Papa ? n’est sans doute pas un chef d’œuvre intemporel du Septième Art…mais quel plaisir de retrouver autant de talents au service d’une comédie pure et dure qui remplit parfaitement son but : nous faire rire et nous faire oublier la triste réalité.