PYROMANIAC
Don’t Go in the House – Etats-Unis – 1979
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : Joseph Ellison
Acteurs : Dan Grimaldi, Charles Bonet, Bill Ricci, Robert Carnegie, Johanna Brushay, Ruth Dardick, Dennis M. Hunter…
Musique :
Image : 1.78 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio mono
Sous-titres : Français
Durée : 93 minutes
Editeur : The Ecstasy of Films
Date de sortie : 14 mars 2024
LE PITCH
Martyrisé par sa mère qui lui infligeait des brûlures graves quand il n’était qu’enfant, Donald Kohler voue aux femmes une haine tenace, et ne peut s’empêcher d’en inviter chez lui pour les brûler au lance-flammes.
Combustion spontanée
Passé totalement inaperçu lors de sa première sortie salle US (dans de toutes petites salles ou en drive-in) et directement échoué en VHS chez nous, mais avec un super visuel bien stylé signé Laurent Melki et un titre sacrément efficace, Pyromaniac s’est lentement mais surement incrusté dans la mémoire des amateurs. Plus pour son ambiance bien glauque que pour ses effets tape-à-œil d’ailleurs.
Effectivement vendu comme un succédané des survival trashs des 70’s aux USA avec son titre original Don’t Go in the House et comme un slasher méchamment bourrin en France avec sa célèbre vidéocassette, Pyromaniac est surtout marqué par son héritage très prononcé avec le séminal Psychose. Pauvre garçon esseulé, martyrisé par une mère puritaine durant son enfance, Donald Kohler, jusque dans son interprétation sensible et inquiétante servie par Dan Grimaldi (redécouvert dans Les Sopranos bien des années après) fait irrémédiablement penser à Norman Bates. Un monstre et victime qui tente de se débattre avec ses propres troubles, conscient de sa dangerosité, mais ne pouvant depuis le décès de môman restreindre son besoin de punir autant ses propres attirances sexuelles que les femmes dans leur ensemble. Un serial killer à visage humain, définitivement ambivalent, qui préserve d’ailleurs le cadavre de sa mère en l’état à quelques pièces de celle où il dispose peu à peu ses propres victimes, joliment rhabillées de robes choisies dans la garde-robe maternelle, mais les chairs totalement carbonisées. Car la petite spécificité de Donald c’est bien et bien de brûler vive ses cibles après les avoir gentiment attirées chez lui sous des prétextes fallacieux.
Cuit à point
Tout jeune réalisateur dont on ne retrouvera la trace que 7 ans plus tard avec un Joey le rocker plus confidentiel encore, Joseph Ellison se montre extrêmement malin lorsqu’il choisit de suivre pas à pas toute la mise en place du premier meurtre du tueur : sa rencontre avec sa cible, son opération de séduction légèrement pathétique pour la mettre en confiance, l’utilisation d’une mère malade pour se donner des airs innocents et bien entendu l’arrivé au domicile familial et la fameuse pièce transformée en crématorium. Le temps de se prendre en sympathie pour la pauvre femme… Juste ce qu’il faut pour rendre le meurtre plein cadre au lance-flamme qui suit parfaitement insoutenable de violence. Tout est fait. Les attaques suivantes resteront essentiellement hors champs et le réalisateur pourra alors se concentrer sur cette atmosphère lourde et pesante qu’il souhaite installer, beaucoup plus proche du drame psychologique que de la pellicule horrifique proprement dites. La photo est volontairement triste et grisâtre, la ville semble parfois aussi délabrée que la maison du tueur, et seul finalement une tentative de soirée « normale » dans une boite disco ravivera un peu de couleur… jusqu’à ce que les vieux démons refassent rapidement surface. Une étude de personnage très bien amenée, si on laisse de côté quelques petites faiblesses d’écriture sur les personnages secondaires (le collègue de boulot et le prêtre familiale semble toujours à coté), qui s’efforce constamment de s’approcher au plus près de la réalité du personnage principal, de son rapport terrible au sexe opposé, de sa timide maladive, de sa psyché brisée, quitte justement à se laisser envahir par celle-ci. Tout d’abord par la voix obsédante de la mère disparue, puis par les apparitions éparses du « fantôme » de celle-ci et enfin par un final en forme d’autodafé terminal où les cadavres sombres des suppliciées semblent revenir à la vie pour l’arracher à ce monde. Et tout cela quelques mois à peine avant qu’un certain Maniac ne soit lâché sur le monde !
Pyromaniac n’a certes pas les moyens ou la solidité de résister face au film culte de Lustig, mais cette très modeste série B reste suffisamment atypique et sérieusement brossée (réalisation sobre et efficace, effets spéciaux inspirés…) pour préserver son petit statut presque culte.
Image
Tout petit film d’exploitation un peu oublié et pas forcément préservé comme il aurait dû, Pyromaniac n’a pas toujours été proposé dans des conditions optimales (c’est un euphémisme). Mais son arrivée en Bluray permet clairement de rattraper les impairs en délivrant un nouveau master restauré à partir de scan 2K des négatifs 35mm appuyé par une large batterie d’outils numériques pour l’extraire de son grain neigeux, de ses nombreuses instabilités et diverses taches octroyées par le temps. Ici le rendu est étonnement propre avec des cadres toujours très nets, fermes et dotés d’une définition très agréable où les teintes d’origines (assez éteintes tout de même) retrouvent de leur naturel. Mais le travail opéré n’a pas été tout à fait sans heurts et de nombreuses séquences semblent souvent écrasées par de petits effets de lissage et de dégrainage qui dénaturent un peu le film et atténuent clairement ses aspects Grindhouse.
Son
La piste mono d’origine a profité aussi d’une petite restauration avec une rééquilibrage évident de la source et un nettoyage des grosses perditions habituelles (coupures, saturations, ondulations…) mais a préservé les variations sonores dues à la captation (avec manifestement des segments postsynchronisés très audibles). Un DTS HD Master Audio sobre, direct mais très efficace. Pas de piste française ici.
Interactivité
The Ecstasy of films revient avec un autre petit classique oublié du cinéma d’exploitation et octroie un très joli traitement avec un fourreau cartonné et une jaquette réversible (illustration de Mr Melki et affiche américaine), copie DVD glissée dans le boitier scanavo et surtout une bonne sélection de bonus hérités de l’édition américaine.
A commencer par les trois montages du film avec en plus de la version définitive de 93 minutes, la copie présentée à la télévision bien censurée et avec quelques dialogues allégés mais aussi des plans inédits pour combler les trous, et au format 1.33 le premier cut diffusé en VHS, bien tranché lui aussi.
En plus de ces documents parfaits pour les complétistes, le disque propose une longue interview avec le réalisateur Joseph Ellison, qui n’hésite pas à parler d’un film conçu dans une volonté d’aller jusqu’au bout de ce type d’horreur, très loin des aspects popcorn et funs, quitte à en devenir mal aimable. De toute façon il avoue ne pas vraiment être fan du cinéma d’horreur à l’origine. Il revient beaucoup sur la difficulté à trouver un distributeur et sur les réactions des studios classiques, et finit par parler brièvement de ce qui aurait du devenir son projet suivant : un certain « Scary Movie », par LE, mais un autre plus proches des 80’s.
Place ensuite à l’acteur Dan Grimaldi, lui non plus peu friands de ce type de productions mais qui garde un très bon souvenir de sa première expérience à l’écran et de son travail avec les collègues comédiens.
Enfin, le programme s’achève sur un petit doc autour du thème du cinéma d’exploitation underground et fauché américains des 70’s avec la participation de Joseph Ellison donc, mais aussi Matt Climber (The Black 6, The Candy Tangerine Man…), Roy Frumkes (Street Trash, The Substitute) et Jeff Lieberman (La Nuit des vers géants, Blue Sunshine…), qui ravivent la mémoire d’un certain cinéma, libre et débrouillard, et payent leur dette à Melvin Van Peebles et son Sweet Sweetback’s Baadasssss Song.
Liste des bonus
Burn Baby Burn – Entretien avec Joseph Ellison (29’), Grindhouse All-Stars – Retour sur un cinéma débauché et underground – Entretien avec Matt Cimber, Joseph Ellison, Roy Frumkes et Jeff Lieberman (35’), Playing with Fire – Entretien avec Dan Grimaldi. (12’), Don’t Go in the house Version Télévision (89′) et Format VHS – Version Cinéma (79’), Bandes-Annonces.