PROVINCIA VIOLENTA

Italie – 1978
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Mario Bianchi
Acteurs : Richard Harrison, Al Cliver, Calogero Caruana, Antonella Dogan, Spartaco Battisti…
Musique : Stelvio Cipriani
Durée : 80 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Italien DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Le chat qui fume
Date de sortie : Décembre 2024
LE PITCH
Réprimandé pour ses méthodes trop violentes, le capitaine des carabiniers Franco Sereni, décide de démissionner après que son supérieur l’a incité à prendre un congé prolongé. Contacté peu après par son amie Nadia, celle-ci le conduit à l’Hôtel Bellavista, centre d’un réseau de chantage, de prostitution et d’un trafic de drogue mené par Flavia. Décidé à démanteler l’organisation, Serini croise bientôt les pas du commissaire Righi et d’un tueur, bien décidés à contrecarrer son enquête.
Le fric dans la poche
Sorti en 1978 en Italie et totalement inédit en France, Provincia violenta symbolise à merveille le déclin du néo-polar italien, marqué par la réalisation de nombreuses séries Z à faible coût…
La fin des années 1970 marqua un véritable déclin pour le cinéma italien, et en particulier pour son cinéma de genre. Face à l’avènement de la télévision privée et la baisse de l’affluence en salles, de nombreuses séries C voire Z virent le jour. Comme l’explique Roberto Curti, excellent spécialiste du cinéma Bis italien, dans son livre dédié au poliziottesco, Italia odia : « Les polars de Bianchi font partie de ces nombreux films « low-cost », financés par des sociétés de production montées à la va-vite et destinées à durer l’espace d’un seul film. La distribution était régionale, dans des petites salles. »
Un sujet qu’évoquait Richard Harrison dans le documentaire Eurocrime, sous-entendant qu’il avait produit quelques-uns de ces films. Il n’est donc pas étonnant de le retrouver dans ce Provincia violenta et dans d’autres films de Mario Bianchi (à ne pas confondre avec Andrea Bianchi qui réalisa le giallo Nue pour l’assassin sorti chez Le chat qui fume et le polar inédit Quelli che contano avec Henry Silva et Barbara Bouchet), spécialisé dans ce genre de productions, à l’instar de son père Roberto Bianchi Montero, avant de s’adonner au Porno dans les années 1980 aux côtés de Moana Pozzi, Rocco Siffredi ou la Cicciolina…
Toutefois, selon le réalisateur lui-même, le film avait dans un premier temps été commencé par l’acteur principal Lino (ou Calogero) Caruana, d’habitude obscur second rôle du western italien… Difficile d’évaluer le « coup de main » de Bianchi, mais force est de constater que Provincia violenta fait partie des plus mauvais films du genre. Malgré une affiche prometteuse et un début convoquant tous les codes habituels (courses-poursuites « accélérées », fusillades, braquages…) avec ce carabinier (équivalent des gendarmes en Italie) à la gâchette facile façon Maurizio Merli, le film s’essouffle rapidement…
Photos interdites d’une bourgeoise
Tourné vers 1975, selon l’actrice Alicia Leoni, le film semble s’inspirer des succès d’alors pour son titre convoquant les énormes succès que furent Roma violenta et Napoli violenta (toujours inédits par chez nous) où Maurizio Merli construisait son mythe de justicier. Loin de l’action omniprésente et de la brutalité de ces films, celui de Bianchi s’enferre au contraire dans la torpeur avec une sorte d’intrigue giallesque à base de chantage sexuel à partir de photographies comme dans Photos interdites d’une bourgeoise de Luciano Ercoli ou le surprenant et inédit Piège pour un tueur de Massimo Dallamano. Mais si les scènes de bagarre sont peu crédibles et les courses-poursuites « accélérées », les scènes « érotiques » s’avèrent également navrantes… A l’image d’une réalisation plate et sans génie, le casting ne se distingue pas particulièrement. Caruana ne parvient pas à endosser le rôle principal, trop peu expressif et charismatique. Au contraire d’Al Cliver, en tueur sadique, et Richard Harrison, en Don arrogant, qui traversent le film en toute décontraction… mais durant seulement quelques minutes !
Il serait enfin dommage de ne pas mentionner la Bande originale de Stelvio Cipriani, l’une des qualités principales du film. Toutefois, les amateurs remarqueront qu’il s’agit en fait d’un « best-of » de différentes compositions du Maestro (Société anonyme anti-crime, Les chiens enragés, La fureur d’un flic…). En somme, ce pur produit d’exploitation, dont la courte durée sera appréciée, ravira surtout les amateurs de néo-polar italien et les complétistes !
Image
Le Master HD est très correct, grâce à une parfaite définition et une image stable. Sans doute restaurée, cette version a une belle texture argentique et une bonne profondeur de champ.
Son
Faute de sortie en France, il n’existe pas de version française. La version originale présentée dans un Master DTS HD 2.0 est parfaitement claire.
Interactivité
Outre les films-annonces habituels, Le chat qui fume nous propose une interview de l’actrice Alicia Leoni. Très sympathique et parfaitement consciente de la qualité du film, l’actrice nous apprend qu’elle a joué dans Provincia violenta grâce à ses liens avec Richard Harrison. En effet, l’acteur américain l’avait engagé dans des productions turques au milieu des années 1970. Elle rappelle que selon elle le film fut tourné « à l’économie » entre 1974 et 1975, mais qu’elle n’en avait plus entendue parler jusqu’à sa sortie en 78 ! Enfin, on apprend que Mario Bianchi semblait attiré par l’actrice argentine mais qu’il était alors en couple avec une certaine Laura Antonelli !
Liste des bonus
« Province à main armée », entretien avec l’actrice Alicia Leoni (11’), Bandes-annonces.