PRÊTRES INTERDITS
France – 1973
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Denys de La Patellière
Acteurs : Robert Hossein, Claude Jade, Claude Pieplu, Louis Seigner, Pierre Mondy…
Musique : Jean-Michel Defaye, Antonio Vivaldi
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Durée : 90 minutes
Editeur : Coin de Mire Cinéma
Date de sortie : 29 septembre 2023
LE PITCH
En cet été 1936, l’abbé Rastaud, curé de campagne, rencontre Françoise, une jeune fille de la bourgeoisie catholique qui le poursuit de ses avances. Attiré, puis amoureux, il s’abandonne à cette histoire d’amour et lui fait un enfant…
foi en l’amour
Après avoir fait ses adieux à la grande époque du cinéma de Jean Gabin avec un Le Tueur déjà pas des plus dynamiques, Denys de La Patellière (Un Taxi pour Tobrouk, Les Grandes familles…) s’apprête à dire au-revoir au cinéma avec Prêtres interdits, nouvel échec commercial qui va l’entrainer vers la cadre plus exiguë de la télévision. Dommage, car le sujet du film était loin d’être anodin.
Un thème d’ailleurs assez intemporel puisqu’il s’agit de celui du libre arbitre des prêtres catholiques. Une question apportée par le scénariste Jean-Claude Barreau (aidé par François Boyer aux dialogues) qui fut lui-même prêtre, batailla avec sa hiérarchie, s’opposant frontalement à elle pour la question du mariage des prêtres avant de quitter les ordres pour épouser sa femme. Un combat définitivement intime qui nourrie tout le film d’une sensibilité sincère et souvent juste évitant effectivement toute forme gênante de caricature. Plutôt moderne sans en faire trop (il est passionné de moto), l’Abbé Rastaud joué par Robert Hossein n’est pas totalement étranger aux réalités mortelles, mais ne succombe pas immédiatement sous le charme de la jolie, et si innocente Françoise (Claude Jade et son visage d’ange) qui est simplement tombée amoureux de lui. Une romance interdite mais illustrée avec délicatesse et simplicité, sans sensationnalisme, et qui vient effectivement illustrer une réalité bien concrète et une discussion houleuse qui existe au sein de l’église depuis des siècles.
Les soutanes au maquis
Mais Prêtres interdits ne veut pas en rester là et choisit comme cadre historique la France du Front Populaire puis celle de l’occupation, venant creuser encore plus le fossé entre les curés de terrain et les grandes autorités de l’Église n’hésitant pas, on le sait, à fermer les yeux sur les agissements des états fascistes et en particulier sur l’Holocauste. Voici donc Robert Rossein qui entraine le plus bougon mais sympathique Claude Piéplu dans la résistance et dans sa croisade contre les inconsistances de l’Église. Là il faut reconnaitre que la mise en scène sobre, voir très académique de Denys de La Patellière se prête beaucoup moins aux grands élans de l’Histoire. Quelques images d’archives en noir et blanc pour figurer l’entrée dans le conflit, quelques confrontations dans le village initial avec un Pierre Mondy, militant communiste, qui se prend quelques volées, Prêtres interdits semble étrangement étriqués, enfermé dans un cadre bien figé où nait alors un mélodrame beaucoup moins subtil. Les mésaventures de Rastaud, la perte de l’amour de sa vie et sa bataille pour récupérer son fils semblent beaucoup moins convaincants, s’approchant nettement du téléfilm à thèse, trop démonstratif et plombant.
Certes le constat final, pour une courte séquence se déroulant dans la France contemporaine, rappelle que la question est toujours en suspens et que de bonnes âmes continuent de s’efforcer de faire évoluer le culte, mais Prêtres interdits reste au final trop sage et pas assez armé de passions pour mener la parole haut et fort.
Image
Croisé dans les tréfonds du service de streaming de Canal + dans des conditions peu remarquables avec des airs de VHS oubliée, Prêtres interdits s’offre une seconde jeunesse chez Coin de mire. Le film a entièrement été restauré par l’éditeur, en association avec StudioCanal, via un scan 4K des négatifs. Passé un générique d’ouverture et quelques images d’archives plus malmenées, le reste du film nous parvient dans des conditions optimales avec des cadres extrêmement propres, stables et qui surtout renouent avec le léger grain d’origine et des couleurs chaudes et naturelles. Un travail très soigné et respectueux.
Son
La piste française mono connait elle aussi un petit rafraichissement pour l’occasion. Une restauration sonore qui réégalise les dialogues et les emprunts musicaux à Vivaldi avec une ferme et naturelle clarté.
Interactivité
Même si malheureusement l’éditeur a été obligé d’abandonner ses superbes Mediabook pour passer à de simples boitier Bluray avec fourreau, le principe de la séance reste la même avec en ouverture de programme les actualités de la 47ème semaine de l’année 73 tournées vers la remise du dernier prix Goncourt avec une interview d’Hervé Bazin, récemment nommé président de l’Académie. On y redécouvre aussi le Club 90 censé aidé nos jeunes à améliorer leur conduite et bien entendu l’évènement people du moment avec le mariage de la princesse Anne d’Angleterre. Passé une petite bande annonce, on enchaine avec le meilleur des réclames de l’époque allant des habituelles glaces Miko au marché Renault d’Occasion qui fait de l’œil à Gérard Jugnot. Le tout a bien entendu été restauré comme il se doit.
Liste des bonus
La séance complète avec actualités Pathé, réclames publicitaires et bandes-annonces d’époque (113’).