POST MORTEM
Hongrie, Allemagne – 2020
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Péter Bergendy
Acteurs : Viktor Klem, Fruzsina Hais, Judit Schell, Andrea Ladányi
Musique : Atti Pacsay
Durée : 115 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Hongrois et Français en DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Condor Entertainment
Date de sortie : 22 juin 2022
LE PITCH
Hongrie, 1919. Miraculeusement revenu du front, Tomas exerce comme photographe post mortem dans une foire itinérante : à la demande des familles, il immortalise les défunts en recréant l’illusion de la vie par de savantes mises en scène. Alors qu’il vient d’arriver dans un village lourdement endeuillé, il est saisi par les révélations de la jeune Anna : le village serait hanté par des spectres mystérieux et terrifiants…
Souvenirs vivaces
Présenté à Gérardmer et aux Oscar mais directement distribué en vidéo chez nous, Post Mortem est une proposition étonnante en provenance d’une Hongrie que l’on connaissait plus frileuse sur les élans horrifiques. Avec Post Mortem, Péter Bergendy marque, on l’espère, un certain renouveau.
Fût un temps pas si lointain (100 ans, une broutille) où il était coutume de se prendre en photo avec ses morts, présentés par des professionnels dans des positions avantageuses, éveillés ou aux airs endormis, permettant souvent de préserver un ultime souvenir de la personne perdue. Forcément en ce début du 20ème siècle, au sortir de la Première Guerre Mondiale et une terrible épidémie de grippe espagnole, un personnage comme Tomas ne manque pas de travail. Dans ce contexte toujours aussi troublant pour un spectateur moderne plus accoutumé à un monde où les morts sont rapidement escamotés, écartés du vivant, Péter Bergendy installe un film d’épouvante qui montre encore une fois son attachement profond au film historique (c’est ici son 4ème film) et surtout une manière pertinente d’aborder une période particulièrement funèbre pour l’Europe et la Hongrie. Car naturellement cette capacité à s’approcher des défunts, à en comprendre la mélancolie, la dureté et le deuil qui les entoure, va mettre le jeune héros sur le chemin d’une gamine de dix ans (troublante petite Fruzsina Hais au visage d’ange) qu’il croit avoir entrevue alors qu’il était aux portes de la mort dans les tranchés, et de son village particulièrement touché par les évènements.
Fosse commune
Un lieu éloigné, désolé, et habité par des esprits qui se font de plus en plus présents, de plus en plus colériques. Si la seconde partie du film se laisse emporter assez maladroitement dans les excès d’un Conjuring avec une multiplication de victimes volantes, d’ombres rampantes en accéléré et de victimes en flammes comme dans un spectacle de grand guignol un peu éreintant, la grande majorité du métrage sait joliment jouer sur la retenue, sur les atmosphères, froides et inquiétantes. Le mystère de la colère de ses poltergeist directement ancrée dans l’histoire des lieux, donne ainsi souvent lieu à quelques effets particulièrement maîtrisés et surtout à des tableaux esthétiques des plus réussis. En particulier lorsque ceux-ci singent une version grotesque et opératique des photographies post mortem du héros avec tous les cadavres réunis dans la grange. Cette enquête du paranormal officié par un vétéran de guerre cafardeux et une curieuse gosse pleine de vie et d’esprit, revisite les mythes d’Europe de l’Est (on pense souvent au célèbre Vij ou le diable de 1967) avec une science alors nouvelle (la photographie, les premiers enregistrement audio) pour rendre avec le plus d’efficacité possible l’affliction généralisée d’un peuple, d’une culture, d’une génération, hantée par ses propres démons, perdue entre veilles croyances et modernité à venir.
Plutôt doué dans ses effets, lorsqu’ils sont minutieux, et convaincant dans ses tableaux à la fois réalistes et ésotérique, Post Mortem montre qu’il y a encore de la vie dans le cinéma Hongrois.
Image
Superbe copie HD héritée naturellement d’une source numérique capturée sur caméra Arri Alexa Mini ce qui, technologie à la pointe aidant, n’empêche en rien l’apparition d’une définition redoutable, creusée et pointue, et l’imposition de contrastes marqués et découpés. Dans cette photo volontairement terne, aux lisières du noir et blanc, les noirs sont impressionnants avec une profondeur particulièrement marquée.
Son
Plutôt propre le mix DTS HD Master Audio 5.1 de la version française est tout de même marqué par un doublage assez désincarné et un écrasement fréquent des effets. A côté la version originale Hongroise est beaucoup plus savoureuse avec une dynamique bien marquée et naturelle, et des effets enveloppants qui viennent soutenir une seconde partie plus horrifique.
Interactivité
Petite interactivité mais présente tout de même avec quelques petites scènes coupées assez anecdotiques, des comparatifs avant / après pour les SFX numérique et surtout une petite rencontre avec le réalisateur. Ce dernier permet de replanter Post Mortem dans l’imagerie d’un cinéma hongrois où l’horreur a longtemps été interdite et où le genre reste encore très rare. Son envie de mêler frissons et réflexions historiques, la jeune actrice venue remplacer sa sœur devenue trop grande après six ans de préparation, la présentation du film aux Oscar… Assez intéressant donc.
Liste des bonus
Entretien avec Péter Bergendy (11’), Scènes coupées (8’), Conception des effets visuels (3’).