Kathryn Bigelow a eu une belle carrière avant sa reconnaissance mondiale pour son oscarisé Démineurs ; et pas des moindres. Elle a beau être une lady dans un monde d’hommes typés 80’s, la demoiselle en met à l’amende un bon nombre d’entre eux. Elle leur montre qu’elle peut être l’alternative de cinéaste talentueuse et respectable à l’instar d’une Jane Campion.  Si Point Break est son quatrième film, elle avait déjà frappé fort dés son deuxième, Aux frontières de l’aube, film de vampires marquant et nihiliste tourné entre un premier film sur les motards et un polar musclé avec Jamie Lee Curtis. Pas étonnant que la miss tape dans l’œil et dans le cœur d’un certain James Cameron qui décide de la produire (il est aussi le producteur de son Strange Days que l’on attend toujours dans une édition digne de ce nom).

Dualité

Ce qui semble être un polar lambda se transforme sous la caméra de Bigelow en thriller aussi intimiste que virevoltant. Non pas que la psychologie des personnages soit particulièrement soignée, mais par ce petit plus inexplicable qui rend les personnages si attachants. D’un côté Keanu Reeves acteur connu à l’époque pour les comédies très ricaines des Bill & Ted, de l’autre Patrick Swayze, toujours auréolé de la sexytude de Dirty Dancing. Soit un flic arrogant prêt à tout pour montrer qu’il en veut face à un braqueur-surfeur au grand cœur que rien n’arrête. Il prône un discours anarchiste tout en pillant pour son propre compte. Un film gonflé aux punchlines avec pour cerise sur le gâteau un Gary Busey cabotin comme on aime. Mais Kathryn Bigelow n’est pas que ça, bien au contraire, elle sait filmer. Les scènes d’action semblent innées chez elle. Frénétiques, abusant de focale courte pour mieux plonger le spectateur au cœur de l’action, elle dynamise sa mise en scène emprunte de liberté à l’image de la mentalité de ses antihéros. Elle réussit son film sur toute la ligne en y insufflant sa personnalité. A une époque où les hommes veulent des seins et les femmes un pénis, Kathryn Bigelow bien avant l’heure la mettait bien minable à tous les il, elle et iel(les). Elle revendique sa féminité toute masculine sans avoir besoin de rentrer dans une catégorie qui ne vexerait personne.

Point Break mérite amplement sa renommée et ce n’est pas son remake sorti il y a quelques années qui le feront oublier. Patrick « bodhi » Swayze a droit à son culte philosophique en mode JCVD chez Brice de Nice, le beau Keanu (exemple incroyable dans l’histoire du cinéma à avoir eu autant de hauts que de bas) est alors le sommet d’une de ses vagues et bien sûr, il y a Kathryn qui comme toujours est formidable.