PLACE AUX JEUNES
Make Way for Tomorrow – Etats-Unis – 1937
Support : Bluray & DVD
Genre : Drame
Réalisateur : Leo McCarey
Acteurs : Victor Moore, Beulah Bondi, Fay Bainter…
Musique : George Antheil, Victor Young
Durée : 92 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Editeur : Elephant films
Date de sortie : 25 janvier 2022
LE PITCH
Un vieux couple, Lucy et Barkley Cooper, réunissent leurs enfants pour leur annoncer qu’ils risquent de perdre leur maison s’ils ne trouvent pas rapidement une somme relativement importante. Chacun des enfants a une bonne raison d’échapper à cette facture. Il est finalement décide que Lucy ira habiter chez Georges, et Barkley chez Cora jusqu’a ce que Nellie ait un appartement assez grand pour les héberger ensemble. La cohabitation s’avère vite difficile.
Hymne à l’amour
“Tu honoreras ton père et ta mère !” C’est sur ce quatrième commandement que s’ouvre le film de McCarey. Ce conseil immuable transmis de générations en générations fait partie des lois divines données à Moise sur le mont Sinaï. Il nous est rappelé de nos jours sur la toile par Leo McCarey. Car même si le film compte quelques années au compteur, il n’en reste pas moins d’actualité.
A l’heure où les débats font rage aux sujets des EPHAD et des établissements de santé accueillants les personnes âgées, le visionnage de Place aux Jeunes tombe à point nommé. Sujet brûlant où chacun d’entre nous devra ou fera face un jour. Que faire de nos parents vieillissants lorsque ceux-ci ne deviennent plus autonomes ou arrivent dans une impossibilité à prendre soin d’eux et à se loger ? Libre à chacun de répondre selon sa sensibilité. Dans son film Leo McCarey part de ce postulat en suivant un vieux couple qui, faute de pouvoir continuer à payer leur maison se voit contraint d’aller vivre chez leurs enfants. Malheureusement pour eux, aucun n’a de quoi les loger ensemble. Ces vieux tourtereaux seront logés par leur progéniture à des kilomètres l’un de l’autre. Sous couvert de comédie de mœurs, le réalisateur explore non sans humour bienveillant les quiproquos et situations inconfortables que celles-ci amènent. Sur un sujet peu facile, il nous confronte à nos responsabilités qui seront également celles de nos progénitures.
Vestiges de l’amour
Le metteur en scène ne cherche pas à émouvoir à tout prix. La simplicité de sa mise en scène se pose comme un regard discret mais essentiel. Tout en retenu, il ne veut pas mettre mal à l’aise. Ainsi, lorsque la mère découvre une brochure sur les maisons de retraite chez son fils, elle fait croire que l’idée vient d’elle pour ne pas l’embarrasser. D’un autre côté, le paternel souffrant des bronches accepte de partir en Californie où le climat est plus propice pour ne pas devenir une charge supplémentaire. McCarey, innocemment, nous amène ces situations singulières mais réalistes pour déboucher sur un dernier acte du film touché par la grâce. Pendant que leurs enfants préparent un repas d’adieu, les parents vont profiter de leurs dernières heures communes pour redécouvrir les lieux où l’amour les a cueillis. De leurs promenades de jadis au restaurant de naguère, leur fugue amoureuse devient une capsule intemporelle de souvenirs qui ravit leur vieux corps. Les années passent mais l’amour immortel les habite toujours. Au diable les enfants qui les attendent avec leurs reproches séniles, ces heures sont trop précieuses pour les laisser échapper. La pudeur s’allie à l’émotion. Victor Moore et Beulah Bondi (une habituée de Capra) sont parfait de justesse ; par un geste, un regard, un sourire, leur complicité est concrète. Pas besoin de mots ou de longs discours pour croire à leurs décennies vécues, l’émotion émane d’elle-même. Le destin de la vie les amène sur un quai de gare où tels des amants maudits, les tourtereaux se disent un au revoir en forme d’adieu.
Chef d’œuvre secret et confidentiel aux dires de Monsieur Tavernier, Place aux jeunes était facilement cité par John Ford, Orson Welles où encore Jean Renoir. Malheureusement, le film sera boudé à sa sortie. En recevant son premier Oscar pour son film suivant Cette sacré vérité, McCarey demanda aux votants s’ils ne s’étaient pas trompés de film tant celui-ci faisait sa fierté. Thème intemporel et universel on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec un autre chef d’œuvre partageant cette vision qu’est le Voyage à Tokyo que réalisa Ozu quinze ans plus tard avec toute la retenue de la culture asiatique. Si le cinéma a cette faculté à faire rêver, il a aussi celle de nous émouvoir tout en nous faisant réfléchir sur nos choix. Ce qui commencé par un commandement devient tout naturellement une leçon de vie à méditer.
Image
Place aux jeunes redécouvre la jeunesse qu’il mérite. Les contrastes sont précis tout en gardant le charme de son époque. Non exempte de quelques fourmillements. Le travail et le soin apportés au film est plus qu’honorable.
Son
Proposé uniquement en VO, la piste son est suffisamment nettoyée pour que les parasites et souffles d’antan ne soient qu’un mauvais souvenir. Du travail aussi propre qu’appréciable.
Interactivité
C’est au directeur d’Arte Cinéma, Olivier Père que revient le privilège de présenter le film. Considéré comme l’un des chefs d’œuvre de son auteur, il revient sur la période charnière de la carrière de McCarey où ce film fut réalisé. Soit entre ses comédies loufoques et ses films oscarisables.
Liste des bonus
Le film part Olivier Père (28’), Bandes-annonces.