PISTOLETS POUR UN MASSACRE
Una pistola per cento bare – Italie, Espagne – 1968
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Umberto Lenzi
Acteurs : Peter Lee Lawrence, John Ireland, Gloria Osuna, Eduardo Fajardo, Julio Peña, Raf Baldassarre…
Musique : Angelo Francesco Lavagnino
Durée : 86 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : DTS HD Master Audio 2.0 mono Italien, Français, Anglais, Espagnol
Sous-titres : Français
Éditeur : Eléphant Films
Date de sortie : 5 novembre 2024
LE PITCH
Durant la guerre de Sécession, Jim Slade est envoyé aux travaux forcés pour deux ans, ayant refusé de prendre les armes en raison de sa foi de témoin de Jéhovah. À son retour, il découvre avec horreur que ses parents ont été tués. Les responsables seraient des bandits en plein préparatifs pour un gros coup. Résolu à venger sa famille, Jim se familiarise avec les armes et se lance sur la piste des assassins. Le temps de la vengeance a sonné.
A l’ouest rien de nouveau
Dans Pistolets pour un massacre, Umberto Lenzi livre un western italien qui coche les cases, restant fidèle aux conventions du genre tout en y apportant le savoir-faire technique qui le caractérise. Alors, tout ça, c’est bien… mais on en aurait voulu un peu plus !
On l’aime bien, Umberto Lenzi ! Avec son indéniable sens du système D, il fait partie de ses mercenaires du cinéma populaire italien capable d’offrir des œuvres accrocheuses malgré des moyens modestes. Alors certes, nous n’irons pas jusqu’à dire qu’il est l’égal d’un Mario Bava (Danger: Diabolik) mais on peut le rapprocher aisément d’un Sergio Martino (Torso). Comme ce dernier, Lenzi officia dans tous les filone ayant fait les grandes heures du bis italien, sans vraiment chercher à révolutionner quoi que ce soit. Ainsi, avec Pistolets pour un massacre (alias La Malle de San Antonio), il ne réinvente pas le western italien mais exploite habilement les codes stylistiques marqués au fer rouge dès 1964 par Sergio Leone avec Pour une poignée de dollars. Son histoire de vengeance, agrémentée de retournements efficaces, est servie par une mise en scène fonctionnelle qui, bien que prévisible, parvient à maintenir l’intérêt du spectateur.
Un ange parmi les fous
Pourtant, cette efficacité ne suffit pas à élever le film au-delà de son statut de série B.Les personnages restent superficiels, malgré le regard intense de son héros, un ange blond d’une pureté parfaite (il ne boit pas, il ne tue pas…), qui opte finalement pour la voie de la violence afin de venger sa famille. Interprété par l’Allemand Peter Lee Lawrence (Karl Hyrenbach de son véritable nom, disparu tragiquement avant ses 30 ans), celui-ci paraît trop « vert » pour mener le film sur ses épaules. Malgré sa bonne volonté et un visage rappelant par moment celui d’Alain Delon (mais en blond), il ne peut rivaliser avec le charisme des gueules burinées croisées dans les productions concurrentes.
Une scène du film détonne cependant : celle des fous qui envahissent la ville. Dans cette séquence, Pistolets pour un massacre rompt brutalement avec le cadre classique du western pour basculer dans un chaos presque surnaturel. On y voit Lenzi lâcher la bride à sa créativité, entre visages déformés, hurlements stridents et coups furieux. Les « fous » déferlent dans une explosion d’anarchie, tels des hordes de morts-vivants ou de cannibales, laissant entrevoir un certain penchant de Lenzi pour la déviance qu’il exploitera davantage durant la suite de sa carrière (Cannibal Ferox, L’Avion de l’apocalypse…).
Cette scène, tout droit sortie d’un cauchemar, offre un bref moment de libération créative où le cinéaste abandonne les codes du western pour explorer ses propres penchants sombres. Cette parenthèse de folie, offrant un souvenir marquant dans une œuvre par ailleurs formatée, sauve Pistolets pour un massacre de l’oubli. Mais cela ne suffit pas à lui conférer le relief nécessaire pour en faire une œuvre vraiment mémorable.
Image
Bien que Pistolets pour un massacre soit un western mineur, il ne mérite pas pour autant un portage sur support haute définition bâclé ! La copie présentée ici est superbe, propre, avec des couleurs éclatantes. Quelques problèmes de définition subsistent, probablement dus à des défauts de mise au point lors du tournage, mais cela n’entrave en rien le plaisir visuel de cette édition soignée.
Son
Évoquer une « version originale » pour un western spaghetti est toujours un peu délicat, puisque ces films étaient tournés sans prise de son direct, les dialogues étant ajoutés en post-synchronisation. Cela permettait d’accueillir un casting cosmopolite sans souci de langue. Eléphant propose ainsi quatre pistes DTS-HD Master Audio 2.0 mono (italien, français, anglais, espagnol). Les pistes italienne, française et anglaise offrent une belle clarté et un dynamisme appréciable, même si le doublage anglais sonne particulièrement artificiel. La piste espagnole, quant à elle, se montre un peu étouffée. Les versions italienne et française sont à privilégier pour une expérience sonore optimale.
Interactivité
Le disque inclut une analyse succincte du film par Gérald Duchaussoy, qui reconnaît honnêtement le statut de film d’exploitation du long-métrage. On y trouve également la bande-annonce de Pistolets pour un massacre ainsi que celles des autres films de La Vendetta Collezione. Enfin, un livret signé Alain Petit, cinéphile passionné et proche du réalisateur Jess Franco, vient enrichir cette édition – un peu légère en termes de bonus – présentée dans un joli boîtier FuturePak.
Liste des bonus
Le film par Gérald Duchaussoy (12’), Bande-annonce d’époque (2’), Bandes annonces de La Vendetta Collezione (10’), Livret écrit par Alain Petit (24 pages).