PIÈGE À HONG KONG
Knock Off – Etats-Unis, Hong Kong – 1998
Support : Bluray & DVD
Genre : Action
Réalisateur : Tsui Hark
Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Rob Schneider, Lela Rochon, Paul Sorvino, Carmen Lee…
Musique : Ron Mael, Russell Mael
Durée : 91 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et Français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : ESC Editions
Date de sortie : 03 novembre 2021
LE PITCH
Marcus Ray, officiellement représentant à Hong Kong d’une marque de jeans, est en réalité un agent spécial. Marcus découvre un complot fomenté par la mafia russe : la mise sur le marché international d’une nouvelle arme ultra-secrète, les microbombes. Parallèlement, Karen Leigh, directrice des ventes de la marque de jeans, découvre un trafic de jeans de contrefaçon prêt à déferler sur le marché mondial et suspecte Marcus d’être à l’origine de cette filière…
K.O. debout
Seconde collaboration entre Jean-Claude Van Damme et le hongkongais Tsui Hark, Piège à Hong Kong est, comme Double Team, un nouvel échec critique et commercial. Une production bordélique, une œuvre bien malade, voir totalement dégénérée, traversée d’expérimentations fascinantes qui la rendent assez passionnante. Au minimum des plus attachantes.
Vrai amoureux du cinéma HK et connaisseur des grands bonhommes du milieu, Jean-Claude Van Damme a connu quelques associations fructueuses avec les cinéastes locaux John Woo (Chasse à l’homme) et bien entendu Ringo Lam (Risque Maximum, Replicant, In Hell). Certainement moins domptable et surtout connu pour un style beaucoup plus frénétique et moins enclins à s’intégrer dans une forme occidentale, la rencontre avec Tsui Hark (Il était une fois en Chine, Détective Dee, Seven Swords…) va donner des résultats beaucoup moins « standards ». Après un Double Team, entièrement remonté par la Columbia et marqué par des tensions artistiques entre la star et le cinéaste, le duo se reforme presque contractuellement pour un second essais censé cette fois-ci profiter un peu plus au second puisqu’entièrement tournée à Hong-Kong et produit par son épouse Nansun Shi (Infernal Affairs). L’occasion certainement pour Tsui Hark de se venger de l’humiliation subie aux USA, mettant Van Damme, alors en plein période coke, dans la défroque d’un abruti de service, vendeur de jeans, entonnant de la soupe cantonnaise dans sa décapotable, se baladant en chemise à fleur, réduit à un bouffon dans chaque scène ou presque (il suffit de voir les cadrages le déminuant constamment dans les plans) jusqu’à cette désormais célèbre poursuite en pousse-pousse dans les rues de la ville où notre pauvre bougre se fait fouetter les fesses à coups de poisson par le plus mauvais sidekick de l’histoire du cinéma : Rob Schneider.
Autodestruction
Film cruel certainement, improbable surtout, de toute façon basé sur un scénario méchamment cynique de Steven E. de Souza, réinventeur de l’action américaine des années 80 avec 48 Heures, Piège de cristal et Commando, qui lassé se voir constamment demander des copies de ses premiers succès, imagina Knock Off (qui se traduit par « contrefaçon) comme une auto-parodie destructrice du genre. Un script réécrit à outrance, désormais assez crétin et parfois laborieux, mais dont la méchanceté et l’aspect outrageusement caricatural trouve un parfait écho chez Tsui Hark, qui en profite au passage pour plaquer en toile de fond la cérémonie bien ronflante et politiquement factice de la rétrocession de l’île à la Chine continentale. Une forme de fin du monde, que sa mise en scène ne cesse de déconstruire, s’embarquant dans d’invraisemblables caméras subjectives s’engouffrant dans les réseaux téléphoniques ou dans la godasse de Jean-Claude avant d’en filmer l’explosion en pleine action comme un pneu sur une piste de formule 1. Parfois sidérant, parfois impressionnant, Piège à Hong Kong contient des cascades nerveuses et douloureuses, d’impeccables chorégraphies imaginées par Sammo Hung et des expérimentations stylistiques virtuoses dont on retrouvera les versants parfaitement aboutis dans le suivant, et génial, Time and Tide.
Peu importe que les personnages soient tous des têtes-à-claques, que l’histoire soit presque incompréhensible, le film offre à Van Damme parmi ses plus belles scènes d’action et on ne pourra que regretter les coupes sèches effectuées sur le spectaculaire final (trente minutes de castagnes et de gunfights glissants !), démonstration de force et ultime sursaut d’une école HK célébrée par l’un de ses plus grands noms, Tsui Hark.
Image
Produite par Columbia et proposé aux éditeurs tiers (comme 88Films aux USA), le copie HD de Knock Off n’est pas franchement de plus impressionnantes. La faute à une restauration uniquement numérique apposée sur l’ancien master vidéo et à des problèmes inerrants à la source d’origine, soit un mélange entre des séquences live déjà surmontées et des effets numériques (synthèses et divers) bien datées et légèrement floutées. Si l’image reste très propre et les couleurs plus vives qu’autrefois, la définition manque naturellement d’intensité.
Son
Comme un vrai film hongkongais, Knock Off est une étrange combinaison de prises sonores sur le vif, de post-synchronisation, de bruitages out of the world et de réalisme brut. Le tout baigné dans une bande originale typé agrémentée de quelques extraits de pop local. Avec tout ce bousin le DTS HD Master Audio 5.1 bataille pour délivrer quelques effets bien dynamiques, des environnements surrounds soulignés, mais aussi des dialogues très frontaux et un peu plats.
Interactivité
Toujours disponible aussi bien dans un boitier bluray classique ou dans un superbe coffret VHS (avec petits goodies à l’intérieur), Piège à Hong-Kong reprend la formule des titres consacrés à l’acteur belge par ESC avec la suite de l’exploration complète de la filmographie du monsieur présentée par Arthur Cauras. Le troisième épisode en l’occurrence avec le trio Universal Soldier, Cavale sans issue et Chasse à l’homme, avec pour chacun une petite remise en contexte, quelques anecdotes et surtout la place dans l’évolution encore ascendante de l’acteur. Concernant Knock Off proprement dit, c’est Hugo Luquet qui s’y colle, contant une production assez chaotique, une collaboration peu évidente entre l’acteur et Tsui Hark, l’ingérence des producteurs américains et plus généralement une carrière qui commence à prendre de la distance avec les succès aux box office.
Liste des bonus
Entretien avec Hugo Luquet (20’), « Van Damme : Le Poing sur sa carrière » partie 3 (20’), Bande-annonce.