PERSÉE L’INVINCIBLE
Perseo l’invincibile – Italie, Espagne – 1962
Support : Bluray & DVD
Genre : Peplum
Réalisateur : Alberto De Martino
Acteurs : Richard Harrison, Anna Ranalli, Arturo Dominci, Elisa Cegani, Leo Anchroriz, Antonio Molino Rojo…
Musique : Carlo Franci, Manuel Parada
Image : 2.35 16/9
Son : Italien, espagnol et français LPCM 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 82 minutes
Éditeur : Artus Films
Date de sortie : 06 février 2024
LE PITCH
Avide de puissance et de conquête, le cruel Galinor lance ses troupes à l’assaut de la paisible ville de Cyripos. Amoureux de la belle Andromède, fille du roi de Cyripos, l’humble Persée est désigné par le destin pour repousser l’envahisseur hors des murs de la cité. Une mission à la mesure des plus grands héros de l’Olympe, d’Hercule à Ulysse. Tour à tour vainqueur d’un titanesque monstre marin et de Méduse, qui transforme ceux qui la regardent en statue de pierre, Persée affronte Gainor et sa garde rapprochée dans une ultime épreuve.
Le choc deux titans
20 ans avant Le Choc des Titans et ses superbes créatures animées par Ray Harryhausen, le fier Persée taillait déjà le bout de gras avec des créatures mythologiques dans ce Persée l’invincible, sorti sur les écrans en plein âge d’or du péplum italien. Un sympathique divertissement signé par le solide artisan Alberto De Martino (Holocaust 2000, L’Antéchrist, 100,000 dollars pour Ringo…) avec deux monstres particulièrement mémorables en prime.
Même si comme beaucoup de ses collègues italiens Albert De Martino a rapidement touché à tous les genres qui passaient à sa portée, du western au conte gothique en passant par le polar et le film d’horreur, il fit ses premières armes, et avec un sacré succès, du côté du péplum : Le Gladiateur invincible, Les Sept invincibles, La révolte de Sparte, Le Triomphe d’Hercule…auxquels il faut ajouter quelques scénarios confiés à d’autres et des premières expériences abordées comme assistant. Les toges, les héros musclés et huilés, les combats au glaive et les romances dictées par les dieux, ça lui connait. Mais surtout, De Martino aborde le genre systématiquement avec une simplicité et une efficacité toute transalpine. Ses films se veulent des spectacles grand public, des aventures pleines de rebondissements, d’aventures et de surprises et ce quelque-soit le budget. A ce titre, le présent Persée l’invincible ne manque clairement pas d’ambitions, même si certains noterons que les costumes et certains décors ne respirent pas la première fraicheur. Cependant, cette vision des joyeux temps de l’antiquité grecque se dote d’une très jolie photo, chaude et colorée, de décors en peinture sur verre aux airs presque BD et surtout de deux monstres relativement imposants : un dragon s’extirpant des eaux et frappant les ennemis avec sa tête (ou crachant des flammes mal placées dans le montage espagnol) et une étrange méduse aux airs de plante carnivore se déplaçant au milieu de ses victimes statufiées.
Persée le musclé
Le clou du spectacle, bien mis en avant sur les affiches de l’époque et les titres internationaux, qui séduisent encore aujourd’hui autant pour leur coté tendrement rétro (cette grue bien lourde cachée sous la « toile » du dragon) que pour leurs designs détonants et originaux, crées par un tout jeune Carlo Rombaldi, future star des effets spéciaux que l’on retrouvera sur E.T. ou le King Kong de 1976. Ils ne sont pourtant exploités que durant deux grandes séquences (dont l’une dès l’ouverture du film question de griller les cartouches) venant ponctuer un peu artificiellement le reste du récit. Une réinterprétation très très libre du mythe de Persée et de sa romance avec la belle Andromeda (Anna Ranalli) qui se couple ici avec un prince félon aux sombres envies de conquêtes, un enfant perdu mais qui sera bien évidemment retrouvé (devinez qui c’est !), des secrets de cours et surtout une bonne dose de batailles épiques entre les deux grandes armées et des face-à-face bien virils entre notre héros et le ténébreux, aussi malhonnête que fourbe, Galenore (Leo Anchoriz), grand adepte du fouet. Le sympathique, plutôt beau garçon mais clairement un peu fade, Richard Harrison (Le Boucanier des îles, Les Géants de Rome, La Fureur des gladiateurs…) bondit partout, sourit aux enfants, fait ami-ami avec les faons et reste un pur héros sans peur et sans reproche dans un tableau qui ne pouvait que réjouir les gamins. Du grand classique emballé avec énergie et un certain talent par Alberto De Martino, aussi solide dans la mise en place de tableau inspirées des anciennes mosaïques que dans la gestion d’une masse plutôt conséquente de figurants.
Au fil du temps certains se sont empressés de reléguer cette petite série B de péplum fantastique au rayon des nanars vieillots, ce qui à l’aune du plaisir ressenti à la vision de Persée l’invincible parait définitivement très injuste.
Image
Le film est présenté dans ses deux montages, ou plutôt versions, existantes : la version complète connue depuis longtemps en France avec pistes italienne et française, et un montage légèrement plus court mais doté de quelques ajouts d’effets spéciaux visuels en provenance d’Espagne. Étrangement, c’est cette mouture qui véritablement proposée en HD avec un master plutôt frais, très propres et aux matières assez présentes qui ne décroche en définitive justement que lorsque les filtres « magiques » viennent se plaquer sur les apparitions des créatures fantastiques. La version italienne, légèrement plus longue et sans les ajouts visuels n’est disponible que dans une version dite « SD » effectivement issue d’une source bien plus faible, mais upscalée et lissée pour garder un aspect tout à fait regardable sur les TV HD avec au passage là aussi des couleurs bien pimpantes.
Son
Espagnol tout seul d’un côté, italien et français de l’autre, tout le monde reste dans son petit mono d’origine avec des résultats à chaque fois bien posés, clairs et de petits échos d’autrefois très charmants.
Interactivité
Petit digipack assez fin avec fourreau cartonné, l’édition de Persée l’invincible propose un livret signé Michel Eloy (spécialiste du péplum) qui résume quelques filmographies et retrace brièvement les différentes apparitions de la Méduse à l’écran, mais qui surtout dans la première partie décortique et analyse le mythe de Persée et les nombreuses références, bien bordéliques, du film à la mythologie grecque.
Plus classique, sur le disque on retrouve une nouvelle présentation signée Curd Ridel avec le résumé toujours aussi efficace et étendu des carrières et filmographies des noms principaux devant et derrière la caméra.
Le plus fort de l’édition reste bien entendu pour les amateurs la présence des deux montages du film avec quelques petites scènes en plus pour la mouture italienne et des filtres à effets spéciaux inédits pour la mouture espagnole.
Liste des bonus
Le livret « Persée, Méduse et Andromède » par Michel Eloy (32 pages), montage espagnol (79’, VOST) et montage italien (86’, VF/VOST), « Des dieux et des monstres » : Présentation du film par Curd Ridel (25’), Diaporama d’affiches et photos (1’24”).