PERDITA DURANGO
Etats-Unis, Espagne, Mexique – 1997
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Alex de la Iglesia
Acteurs : Rosie Perez, Javier Bardem, Harley Cross, Aimee Graham, James Gandolfini, Screamin’ Jay Hawkins, Santiago Segura…
Musique : Simon Boswell
Durée : 129 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Espagnol DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Extralucid Films
Date de sortie : 22 novembre 2021
LE PITCH
Romeo Dolorosa aime éperdument Perdita Durango. Et vice versa. Pour entretenir un culte d’inspiration vaudoue. Romeo doit perpétrer des crimes sacrificiels. Avec la bénédiction de Perdita, il décide de prendre en otage un couple d’adolescents. Perdita et Romeo vont entraîner le jeune couple dans les profondeurs abyssales de leurs fantasmes, jusqu’aux confins de l’Ouest américain, jusqu’au bout de la nuit…
Une virée en enfer
Réveil inattendu du cinéma de genre espagnol, Le Jour de la bête aura même ouvert les portes de l’international à Alex de la Iglesia. Et avec Perdita Durango, il montre bien que ce ne sont pas un budget décuplé, un casting de tous horizons et un tournage largement confortable qui vont calmer ses ardeurs.
Sans doute parce qu’il était désormais le nouveau nom connu et reconnu du cinéma espagnol qui en a, c’est effectivement à de la Iglesia que l’on pense lorsque Bigas Luna finit par abandonner son propre projet d’adaptation du roman 59 Degrees and Raining: The Story of Perdita Durango de Barry Gifford. Exit les entames avec Madonna et Dennis Hopper, Victoria Abril voire même Johnny Depp et Ray Liotta, le metteur en scène d’Action Mutante, boosté par la reconnaissance de son film précédent, préserve malgré une production douillette son approche de franc-tireur et surtout sa totale indépendance. Pas une trace de connexion ici avec le romantisme onirique du Sailor et Lula de David Lynch qui déjà adaptait le même univers du romancier (avec Isabella Rosselini en Perdita durant quelques scènes), le cinéaste se laisse imprégner, voir posséder, par la culture mexicaine, sa fièvre, sa violence, sa magie (inquiétante) et sa fascination pour la mort. Un film nourri par les effluves de la santiera, et par cette sensation d’une constante course frénétique, d’un carpe diem sauvage, avant une disparition héroïque, romanesque et fantasmée.
Les Amants criminels
Constamment sur la ligne, s’offrant comme cadre idéal la frontière USA / Mexique avec d’un côté des ricains blonds à claquer en plein American Dream et de l’autre un chaos comme conscient de l’inévitable pourriture, Perdita Durango déroule, comme Tueurs nés avant lui et Devil’s Rejects après, un road movie sanguinaire où la monstruosité des protagonistes parait progressivement presque anodine par rapport à la folie ambiante. Couple idéal à l’écran, Javier Bardem, qui n’était encore jamais sorti d’Espagne, et Rosie Perez (reine du déhanché torride dans Do The Right Thing) saisissent à la perfection toute la noirceur et les démons de leur personnages, tout en crédibilisant torridement la passion romantique et sexuelle qui les habite. Des amants criminels, sadiques et sordides même qui malgré leurs déviances exprimées frontalement affichent un véritable pourvoir de séduction sur le spectateur. Leur magnétisme finit même par libérer la nature des deux jeunes otages (frappés, violés, humiliés…) dans une illustration souvent hilarante et cruelle du Syndrome de Stockholm. Noir encore et toujours, l’humour se fait tour à tour grotesque lorsque le pauvre flic incarné par James Gandolfini (pas encore chef de famille dans Les Sopranos) enchaîne les allers-retours à l’hôpital, grinçant lorsqu’une joyeuse fête de gosses devient avec quelques plans d’écart un terrain de chasse pour mafieux prédateurs pédophiles.
Un film toujours aussi méchant, grotesque et furieusement baroque où rejaillit, comme souvent chez de la Iglesia, un amour profond pour la nature libératrice du cinéma avec un sublime hommage à Vera Cruz à la clef.
Image
A l’instar du Jour de la bête, Perdita Durango est proposé dans sa nouvelle copie restaurée 4K sur support Bluray et UHD. Et dans son montage uncut cela va de soi. Sans surprise ce dernier apporte un gain qualitatif assez spectaculaire profitant de sa capacité d’affichage, sa profondeur et sa finesse pour délivrer une prestation imposante. Les textures sont sublimes, les cadres ultra-détaillés et naturels et en dehors de rares petits spots et un ou deux plans légèrement adoucis, le master frôle la perfection. Il faut dire que le traitement HDR lui permet d’afficher des noirs plus profonds et solides que jamais, ce qui pour un film comme celui-ci n’est pas rien.
Son
A l’instar du Jour de la bête, Perdita Durango est proposé dans sa nouvelle copie restaurée 4K sur support Bluray et UHD. Et dans son montage uncut cela va de soi. Sans surprise ce dernier apporte un gain qualitatif assez spectaculaire profitant de sa capacité d’affichage, sa profondeur et sa finesse pour délivrer une prestation imposante. Les textures sont sublimes, les cadres ultra-détaillés et naturels et en dehors de rares petits spots et un ou deux plans légèrement adoucis, le master frôle la perfection. Il faut dire que le traitement HDR lui permet d’afficher des noirs plus profonds et solides que jamais, ce qui pour un film comme celui-ci n’est pas rien.
Interactivité
Un peu plus réduite que celle des deux autres titres édités au même moments par Extralucid Films (Le Jour de la bête et Balada Triste), la section bonus continue de laisser un peu le film dans l’ombre. Pas de making of, pas de scènes coupées ou autres documents d’archives. Heureusement avec la présentation solide du journaliste Laurent Duroche qui met parfaitement le film dans le bain, et la suite de l’interview du réalisateur, on arrive à retracer les origines du projet, le lien ténu avec l’œuvre de David Lynch et bien plus marqué avec Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia de Sam Peckinpah qui partage quelques membres de l’équipe technique et des lieux de tournage. Le cinéaste en particulier continue d’affirmer sa vision d’un cinéma de la transgression et de l’excès et une vision fantasmée et brutale de la culture mexicaine.
Liste des bonus
Présentation du film par Laurent Duroche (13′), Entretien exclusif avec Álex de la Iglesia (18′).