PENDANT CE TEMPS SUR TERRE
France, Belgique – 2024
Support : Bluray
Genre : Science-fiction, drame
Réalisateur : Jérémy Caplin
Acteurs : Megan Northam, Sofia Lesaffre, Catherine Salée, Sam Louwyck, Roman Williams, Yoann Thibaut Mathias
Musique : Dan Levy
Durée : 89 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 Français
Sous-titres : Français
Éditeur : Diaphana
Date de sortie : 5 novembre 2024
LE PITCH
À 23 ans, Elsa est toujours marquée par la disparition de son frère Franck, un spationaute qui s’est volatilisé lors d’une mission il y a trois ans. Sa vie bascule lorsqu’une mystérieuse entité venue de l’espace lui adresse un message inattendu : elle détient le pouvoir de ramener Franck. Mais cette proposition n’est pas sans conséquences : un lourd tribut devra être payé…
Vertige existentiel
Après le succès de J’ai perdu mon corps, Jérémy Clapin propose, avec Pendant ce temps sur Terre, une fable ambitieuse explorant le deuil, la perte et les frontières entre réel et imaginaire. Porté par une mise en scène maîtrisée et l’interprétation bouleversante de Megan Northam, ce récit hybride transcende les genres, oscillant entre émotion brute et une forme de terreur cosmique.
Pour son deuxième long métrage, Clapin poursuit son exploration des territoires de l’intime et de l’universel, mêlant prises de vues réelles et séquences animées. Il raconte le parcours d’Elsa, une jeune femme brisée par la disparition inexpliquée de son frère Franck, spationaute perdu lors d’une mission. Trois ans après, son absence reste un vide insupportable : sans corps pour symboliser la perte, Elsa semble incapable d’accepter l’idée de tourner la page. Le cinéaste illustre cette fracture intérieure en opposant deux grammaires visuelles : l’animation, porteuse des rêveries où Elsa retrouve Franck dans des fresques de science-fiction, et des images réelles, marquées par un néant pesant. Cette dualité est sublimée par la performance de Megan Northam, à la fois fragile et déterminée, qui donne une profondeur saisissante à son personnage.
L’invasion divine
Le récit opère une bascule franche dans la science-fiction lorsque des extraterrestres contactent Elsa, lui promettant de ramener son frère en échange de son aide pour infiltrer notre monde. Ce marché étrange s’inscrit dans l’héritage de la science-fiction paranoïaque des années 1950, convoquant la figure du bodysnatcher, ce parasite insidieux qui interroge notre rapport à l’identité et au contrôle. Mais maîtrisant parfaitement les codes du genre, Clapin entretient une ambiguïté : assiste-t-on à une invasion extraterrestre ou à une projection mentale d’Elsa, un mécanisme de survie face à son deuil ?
Cette tension est amplifiée par la photographie envoûtante de Robrecht Heyvaert, qui sublime les paysages terrestres, et par la musique immersive de Dan Levy, oscillant entre mélancolie et étrangeté. En flirtant avec le thriller paranoïaque, le body-horror (vous vous y reprendrez à deux fois avant de vous laver les oreilles) et le drame introspectif, Clapin compose un objet cinématographique unique. Derrière son habillage de science-fiction, Pendant ce temps sur Terre est une réflexion poignante sur la perte, le vide, et ce qui nous rattache encore à notre humanité. Jérémy Clapin confirme son talent à transcender les genres, livrant un film aussi intriguant que bouleversant.
Image
Sans surprise, le rendu visuel en HD est absolument splendide : c’est véritablement un régal pour les yeux ! Diaphana propose un master d’une grande puissance et d’une stabilité remarquable, parfaitement à la hauteur pour sublimer le superbe travail de photographie de Robrecht Heyvaert. Les noirs, d’une profondeur impressionnante, permettent de mettre en valeur chaque détail essentiel à la richesse du cadre, tandis que les touches de couleurs insufflent une véritable vitalité à ce poème visuel.
Son
Belle utilisation dynamique du 5.1, qui exploite pleinement tous les canaux pour offrir une expérience sonore immersive. La scène arrière se distingue particulièrement, avec une puissance sonore qui capte l’attention du spectateur. Les synthétiseurs et les ambiances sonores sont mis en avant, créant une atmosphère riche et enveloppante. Cette gestion du son renforce l’impact visuel et plonge davantage l’audience dans l’univers du film, ajoutant une dimension supplémentaire à l’expérience.
Interactivité
L’interactivité de cette édition est assez limitée, avec peu de contenu supplémentaire. Cependant, l’éditeur a l’excellente idée d’inclure le court-métrage Skhizein de Jérémy Clapin. Drôle, sensible et inventif, ce premier essai révèle déjà la volonté du cinéaste de mêler l’univers cosmique à l’intimité humaine. Le commentaire audio de Clapin, dans lequel il partage généreusement ses réflexions et ses clés d’interprétation, notamment sur la fin du film, se révèle captivant. L’édition propose aussi un livret intéressant, composé d’extraits du storyboard, d’animations des personnages et de photos inédites du tournage, enrichissant ainsi l’expérience pour les passionnés.
Liste des bonus
Commentaire audio de Jérémy Clapin, Court métrage : « Skhizein » de Jérémy Clapin, nommé aux Césars en 2009 (2008, 13’), Livret avec extraits du storyboard, animation des personnages et photos inédites du tournage.