PÉCHÉ VÉNIEL & MALICIA 2000
Peccato veniale, Malizia 2mila – Italie – 1974, 1991
Support : Bluray & DVD
Genre : Érotique, Comédie dramatique
Réalisateur : Salvatore Samperi
Acteurs : Laura Antonelli, Alessandro Momo, Orazio Orlando, Turi Ferro, Roberto Alpi, Luca Ceccarelli…
Musique : Fred Bongusto
Image : 1.85 16/9
Son : Italien et français DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Durée : 96 et 100 minutes
Éditeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 05 décembre 2023
LE PITCH
Péché véniel : Dans la station balnéaire de Versilia où il passe ses vacances, le jeune Sandro passe le plus clair de son temps à feuilleter des revues érotiques et à observer les filles sur la plage. Son frère ainé contraint de s’absenter, il porte toute son attention sur Laura, sa belle-soeur, une femme terriblement attirante dont il est chargé de prendre soin.
Malicia 2000 : Le riche Ignazio La Brocca coule des jours heureux avec Angela, son ancienne bonne, dans une splendide villa sicilienne. Le jour où un jeune architecte s’y installe avec son fils Jimmy âgé de quinze ans, l’harmonie du couple se fissure. L’adolescent tombe immédiatement sous le charme de la belle maîtresse des lieux.
Douce tentatrice
Après avoir édité le classique de la comédie sexy italienne Malicia (qui est aussi bien plus que cela), Sidonis Calysta explore à nouveau la collaboration entre la sublime Laura Antonelli et le cinéaste Salvatore Samperi. Péché véniel tourné dans la foulée du premier avec une fougue et un soin presque équivalent, et le terriblement douloureux Malicia 2000, film de fin de carrières aux airs d’enterrement.
Si la carrière de la superbe Laura Antonelli, ancienne prof d’EPS (la chance des élèves !), devenue mannequin puis actrice, avait déjà débuté une dizaine d’année plus tôt (de L’Espion qui venait du surgelé à Docteur Popaul avec Belmondo son partenaire d’alors) son statut de star, et en particulier en Italie, n’a vraiment explosé qu’à partir du grand succès de la comédie délurée Malicia. Un rôle idéal jouant autant sur sa beauté naturelle, son rapport franc au corps, à la nudité et à l’érotisme, ainsi que sur un pouvoir de séduction embrassant toutes les générations. C’était d’ailleurs le sujet un peu osé de l’objet, la rencontre sensuelle et amoureuse entre une jolie bonne à tout faire et un jeune homme en plein atermoiement hormonaux. Plus malin qu’il n’y parait, outré, drôle, le film très solidement mis en scène et habillé par un Salvatore Samperi au top de son savoir-faire.
L’amour à la plage
Et il va naturellement faire tache d’huile et connaitre de nombreuses copies vite emballées. Mais le metteur en scène décide de profiter de la manne par lui-même en mettant en boite dès l’année suivante Péché véniel qui n’hésite pas à reprendre une bonne partie du même casting, le même duo de scénaristes et le même compositeur Fred Bongusto, pour tenter de se rapprocher au plus près du petit miracle. Bien entendu toute la charge du film repose à nouveau sur la tension entre l’adolescent Sandro, déjà voyeur et porté sur la chose, et désormais sa belle-sœur, Laura, qui effectivement s’ennuie la semaine lorsqu’on son mari par travailler en ville la semaine. Poussant parfois le curseur de la comédie potache italienne un peu trop loin, Péché véniel multiplie effectivement les quiproquos, les dialogues graveleux et la célébrations (non sans ironie non plus) de la conquête virile et se montre certainement moins séduisant que son modèle. Cependant, malgré quelques accents balourds, la relation ambiguë toujours aussi admirablement portée par le toujours mineur Alessandro Momo et une Laura Antonelli au sommet de sa beauté préserve un charme indéniable à cette comédie de mœurs olé olé. Baigné dans la photographie torride du génial Tonino Delli Colli (Le Nom de la Rose, Il était une fois en Amérique, Âmes perdues…), cette passion d’été qui célèbre une nouvelle fois le cocufiage systématique et l’éducation sexuelle par des mains expertes réussit à préserver une relation amoureuse certes douteuse et moralement discutable, mais jamais obscène ou salace. Une grande sincérité, entre doutes et amusements, portée par un sexe symbole jamais totalement conscient de son statut, fragile et donc d’autant plus désirable.
Je dois m’en aller
Il ne reste malheureusement plus grand-chose de cette icône un peu plus de quinze ans plus tard lorsque se tourne le très tardif Malicia 2000, suite directe du film de 1973, à l’opportunisme profondément gênant et malsain. Car ces dernières années n’ont pas été tendre pour Laura Antonelli dont la carrière s’est malheureusement vite retrouvée enfermée dans des productions de plus en plus gratuites et des rôles de moins en moins pertinents alors que l’industrie et le public ne lui pardonnait pas de vieillir. Un vieillissement très relatif, mais rattrapé par quelques démons personnels qui vont l’entrainer dans la drogue. Vice pour lequel elle sera arrêté au début des années 90 et condamnée. C’est à la fois pour lui permettre de se refaire financièrement et de s’offrir à lui-même un rebond de carrière que Salvatore Samperi convainc l’actrice de rempiler dans son rôle culte. Mais les années ont passée, elle a cinquante ans, le corps est fatigué, le visage affiche une lassitude constante et surtout l’envie de séduire semble avoir disparu. Pour combler les rides et les faiblesses du corps, les producteurs n’hésiteront pas d’ailleurs à l’inciter à subir quelques traitements « modernes » (piqures diverses, cachetons…) qui provoqueront une allergie dont son corps ne se remettra pas. Au-delà de l’intérêt famélique de Malicia 2000 en tant que divertissement où l’on peine à retrouve les qualités artisanales du réalisateur, la belle tenue du divertissement italiens d’antan et un quelconque intérêt à une histoire d’une bêtise consternante, le visionnage du métrage à quelque chose de foncièrement embarrassant, de douloureux, à s’efforcer constamment de faire de cette femme lasse et absente un objet de désir qu’elle n’a manifestement plus l’envie ni la force d’être. Cela sera sa dernière apparition à l’écran avant qu’elle ne se coupe de toute vie publique, s’enfermant à l’écart de Rome dans un appartement d’ascète et dans le mysticisme religieux. Les dernières images volées d’elle montrent une personne méconnaissable. Tristes adieux pour celle qui fit tourner toutes les têtes d’Italie en montant sur un simple escabeau.
Image
Comme pour Malicia, la copie HD de Péché véniel doit clairement se contenter d’une mise à jour d’un master plus ancien. Les cadres sont nettoyés et plutôt frais, mais la colorimétrie manque d’un soupçon d’intensité et surtout la définition, harmonieuse mais soft, n’induit pas un piqué des plus pointus et donc des scènes plus sombres bien bouchées. Agréable cependant.
On ne peut pas en dire autant de Malicia 2000 qui offre une source vidéo bien plus fatiguée (le film est pourtant bien plus récent) qui souligne d’emblée l’économie plus restreinte du film et surtout une esthétique télé assez triste. La définition et la colorimétrie y sont bien molles.
Son
Mono d’origines pour tout le monde avec un retraitement en DTS HD Master Audio 2.0 pour assurer un peu plus de clarté. Là encore le rendu est plutôt positif du coté de Péché véniel avec une version italienne sobre mais vive et un doublage français de plutôt bonne qualité. Du coté de Malicia 2000 le son semble toujours plus étouffé avec un doublage de DTV bien tristoune.
Interactivité
Les deux éditions Bluray / DVD ne proposent qu’un seul supplément, et en l’occurrence le même. Il s’agit cependant d’un item d’importance puisque Senza Malizia de Bernard Bédarida et Nello Correale est un long métrage documentaire qui retrace toute la carrière de Laura Antonelli, mais aussi les aspects connus de sa personnalité et de sa vie intime : de son exode enfant durant la guerre jusqu’aux années de gloire sans oublier la dernière période plus difficile marquée par son incarcération pour trafics de drogue et son isolement dans un petit apparemment pauvret. L’une des plus belles femmes du monde rendue méconnaissable, hantée par une solitude que les deux réalisateurs n’arriveront jamais à percer. Avec les nombreuses images d’archives (interviews télé, extraits de films ou images de tournages) et des témoignages plutôt classieux (Giancarlo Giannini, Michele Placido…) dont l’une des dernières interventions filmées de notre Belmondo à nous, très diminué, mais encore plein de tendresse pour celle qui aura partagé sa vie pendant 8 ans. Touchant.
Liste des bonus
Sans Malicia : Le Mystère Laura Antonelli (73’).