PATRIOTES
Company Business – Etats-Unis – 1991
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Nicholas Meyer
Acteurs : Gene Hackman, Mikhail Baryshnikov, Kurtwood Smith, Terry O’Quinn, Daniel Von Bargen, Oleg Rudnig…
Musique : Michael Kamen
Durée : 98 minutes
Images : 1.85 16/9
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : BQHL Editions
Date de sortie : 21 novembre 2024
LE PITCH
Après la chute du mur de Berlin, Sam Boyd, un espion de la CIA à la retraite, est réintégré pour effectuer un échange de prisonnier avec le KGB contre une forte somme d’argent. Mais l’opération tourne mal et Boyd doit désormais collaborer avec Pyotr Grushenko, l’agent russe dont il avait la garde, pour déjouer un complot…
Spy Game
Thriller d’espionnage à l’ancienne, Patriotes (on préférera son titre original, Company Business) fut sans doute l’échec le plus cinglant de la carrière du scénariste et réalisateur Nicholas Meyer, lequel en garde un bien mauvais souvenir. Jugé désuet et anecdotique à sa sortie, le film se redécouvre aujourd’hui avec un certain plaisir, mêlé de nostalgie.
Malgré les succès publics et critiques de C’était demain (à quand un blu-ray en France, nom d’une machine à voyager dans le temps ?!) et de Star Trek II, la colère de Khan, Nicholas Meyer ne multiplie guère les projets au cours des glorieuses 80’s, partageant sa carrière entre réalisations oubliées (Volunteers, une comédie avec Tom Hanks et John Candy, et The Deceivers, un film d’aventures avec un Pierce Brosnan encore bien loin de 007) et un job de script-doctor très profitable, du scénario de Star Trek IV pour Leonard Nimoy à sa participation (non-créditée) à celui de Liaison Fatale.
C’est la curiosité et une passion sincère pour les histoires d’espionnage issues de la Guerre Froide qui poussent Nicholas Meyer à entamer l’écriture de Company Business, relecture contemporaine et crépusculaire de L’espion qui venait du froid (le roman de John le Carré, comme son adaptation au cinéma de 1965). Poussé par la MGM et ses producteurs, le cinéaste est malheureusement obligé de lancer le tournage sans avoir eu la chance de corriger le premier jet du scénario, plein de scories et déjà dépassé alors que, hors-caméra, la chute de l’URSS vient de précipiter la fin de la Guerre Froide. Plus compliqué encore, Meyer doit affronter la mauvaise humeur constante d’un Gene Hackman épuisé et pressé d’en finir avec un film auquel il ne souhaitait pas participer, pieds et poings liés par un contrat dont il n’est pas parvenu à se défaire à temps. Forcément, avec de tels handicaps, le film mord la poussière au box-office de septembre 1991, ne récoltant qu’un seul misérable million pour un budget cossu de 18 millions. L’affaire est vite pliée et Meyer part se consoler chez la Paramount en signant un Star Trek VI autrement plus réussi et où, un brin revanchard, il développe une allégorie sur la Guerre Froide à l’occasion de la fin des hostilités entre Starfleet et les méchants Klingons.
Des agents très spéciaux
Les réserves de Nicholas Meyer sur le produit fini et son scénario sont évidemment compréhensibles. Reposant sur une intrigue pas bien folichonne, bricolé à la va-vite et dénuée d’enjeux clairs, Company Business navigue à vue et sans grande conviction jusqu’à une conclusion précipitée. Le film tente bien de se raccrocher aux branches du buddy-movie sur fond de chasse à l’homme entre Berlin et Paris mais on ne comprend jamais vraiment la finalité de la chose, avec des antagonistes aux motivations pour le moins floues.
Pourtant, quelque part, le charme opère. Notamment grâce aux acteurs. Peu coopératif en coulisses, Gene Hackman, professionnel jusqu’au bout des ongles, ne laisse rien transparaître à l’écran et apporte son charisme naturel à un personnage d’agent secret vieillissant et parfois un peu dépassé par une société qui change à vitesse grand V. Son duo avec un Mikhail Baryshnikov à la mélancolie palpable en espion russe désabusé et libéré de ses idéaux patriotiques fonctionne bien mieux que prévu. Le duo est aussi très bien entouré, le casting s’offrant la participation de seconds rôles solides avec les trognes de Kurtwood Smith (Robocop), Terry O’Quinn (le John Locke de la série Lost) et Daniel Von Bargen (Le maître des illusions de Clive Barker). Quelques scènes franchement réussies ponctuent aussi le parcours, comme cet échange de prisonniers sous haute tension dans le métro berlinois, un arrêt nocturne et savoureux dans un cabaret de travestis ou encore le climax au sommet de la Tour Eiffel à Paris. Le tout est parfaitement rythmé par un montage au cordeau et le score impeccable d’un Michael Kamen très inspiré.
Sans forcément crier au grand film maudit, Company Business profite donc d’une certaine bienveillance, eu égard à une facture technique soignée, nous procurant ces petits plaisirs simples de thrillers sans prétention des années 90.
Image
Il est fait état d’une restauration récente au lancement du film mais on se retrouve pourtant avec le même master que celui exploité par Kino Lorber pour la sortie US de 2015. Rien de bien grave car si l’image est un peu pâle et la définition sans éclats, le master demeure très propre et agréable, dans la bonne moyenne de ce que le support peut nous offrir pour un titre qui n’en demande pas plus.
Son
Là aussi, rien de bien transcendant. Un ton en dessous de la version originale, le mixage français est assez propre mais sans dynamique et avec des voix qui semblent un peu trop éloignées par instants. La VO est bien plus vive, notamment sur la bande originale, mais reste bloquée à l’avant, privée d’ouverture sur les côtés.
Interactivité
S’appuyant sur un récit de la production que l’on peut retrouver dans l’autobiographie de Nicholas Meyer, « The View from the bridge : Memories of Star Trek and a life in Hollywood », le chroniqueur du site Culturopoing Vincent Nicolet revient en détail sur l’histoire de ce petit film oublié, dans un entretien franchement passionnant. On aurait bien aimé retrouver les bonus du Kino Lorber, collection de matériels promo d’époque où se croisaient des interviews, une featurette et des B-rolls du tournage.
Liste des bonus
Présentation du film par Vincent Nicolet (25 minutes).