PARIS BRÛLE-T-IL ?
Etats-Unis, France – 1966
Support : Bluray
Genre : Guerre
Réalisateur : René Clément
Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Kirk Douglas, Glenn Ford, Yves Montand, Anthony Perkins, Michel Piccoli, Simone Signoret, Robert Stack, Jean-Louis Trintignant, Orson Welles, Charles Boyer, Claude Rich, Gert Fröbe Bruno Cremer…
Musique : Maurice Jarre
Image : 2.35 16/9
Son : DTS HD Master Audio 2.0 Anglais et Français
Sous-titres : Français
Durée : 175 minutes
Editeur : Paramount Pictures France
Date de sortie : 18 décembre 2024
LE PITCH
Le récit de la libération de Paris du 8 au 25 août 1944. Le général Von Choltitz est nommé commandant de la place de Paris par Hitler. Dans la capitale, la résistance s’organise tandis qu’un émissaire est envoyé au-devant des troupes américaines pour les convaincre de venir délivrer Paris afin d’éviter un massacre et la destruction de la ville…
Film capitale
Gigantesque coproduction franco-américaine pilotée par une Paramount visant directement le succès de l’imposant Jour le plus long de la 20th Century Fox, Paris brûle-t-il ? venait célébrer autant les grands noms de la résistance et de la libération du pays et de sa capitale, qu’un grand savoir-faire du cinéma français.
Dans une France en plein second mandat de son héros national le Général Charles de Gaulle, et alors que la nation est toujours nourrie par le mythe « résistancialiste », l’ouvrage documentaliste signé Larry Collins et Dominique Lapierre, venant conter les derniers jours de l’occupation de Paris à grand renfort de témoignages et d’informations historiques, fit naturellement sensation. L’un des épisodes les plus glorieux de la libération, le symbole d’une ville entière qui se soulève contre l’oppresseur avant même que les armées alliées n’entrent dans ses murs, voilà qui forcément inspire la production cinématographique et l’envie de renouveler l’entreprise gargantuesque et le succès du précédent Le Jour le plus long. Une entreprise toute aussi colossale donc, annonçant plus de 20000 figurants, une centaine de chars et véhicules remis en marche, une véritable armée de techniciens et de petites mains, des autorisations inédites de tourner dans la cité même et bien entendu un casting de fou furieux faisant défiler une pléthore de stars françaises dans des rôles plus ou moins longs (Delon, Belmondo, Montand, Boyer, Piccoli…) mais aussi la participation de carrures internationales comme Orson Welles en ambassadeur suédois ne parlant que de bouffe, Kirk Douglas en général autoritaire, Glenn Ford, Anthony Perkins en jeune soldat fasciné par l’esprit français ou l’incontournable acteur allemand Gert Fröbe (Goldfinger).
Sous les pavés, la liberté
De la superproduction colossale, qui se doit forcément de jouer sur une certaine idée du spectacle monumentale, avoisinant les trois heures avec son introduction musicale et son intermède comme à la grande époque, une multitude d’épisodes héroïques et d’assauts spectaculaires dans des rues parfaitement reconnaissables, mais qui n’oublie jamais en cours de route de prendre vraiment le pouls de l’histoire en marche et des hommes (et femmes) qui en sont les acteurs et les instigateurs. Le défilé d’acteurs connus et populaires est ainsi un parfait reflet de nombre impressionnants de personnages abordés dans le film, entre les gens de la rue, les grands et petits résistants, les politiques préparant l’après, les militaires français sur le retour ou les camarades américains, mais aussi un traitre collabo (Trintignant forcément) ou quelques soldats et généraux allemand pour la plupart eux aussi convaincus de la débâcle allemande et de la folie du Führer. Une grande toile aux airs de puzzle, complexe mais passionnant, où toutes les pièces se mettent peu à peu en marche pour faire basculer l’histoire alors que le fameux thème de Maurice Jarre (malheureusement par la suite chanté par Mireille Mathieu), ne cesse de revenir, de rebondir, sous des formes inabouties, empêchées ou mariées à des accents plus martiaux ou dramatiques, avant de ne véritablement exploser dans les dernières séquences alors plus que composées de grandes images d’archives de liesses dans la ville.
Un peu long certes et se perdant à quelques reprises dans l’anecdote, mais le scénario de Paris brûle-t-il ? reste une impressionnante réussite, casse-tête relevé par les pointures américaines Gore Vidal (Ben-Hur) et un jeune Francis Ford Coppola, puis peaufiné en sous-main (et non crédités) par les plumes plus locales de Jean Aurenche (Le Juge et l’assassin), Pierre Bost (Jeux interdits), Claude Brulé (Angélique Marquise des anges) et l’assistant réalisateur Yves Boisset. Et au milieu de tout cela, il faut bien évidemment louer le travail de René Clément (La Bataille du rail, Plein Soleil, Les Félins…) qui forcément se laisse aller à quelques élans hollywoodiens, à quelques démonstrations grandiloquentes, mais sait aussi constamment ramener le spectacle à hauteur de rue, la caméra (é)mouvante, emportée par le mouvement et entrecoupée de stock-shots non pas économiques mais appuyant la véracité de la (grosse) entreprise.
Une grande fresque historique, un épisode des plus marquants de la Seconde Guerre Mondiale et le symbole d’un peuple reconquérant, âprement, sa liberté, illustré avec un certain idéalisme certes, mais tout autant de panache. Idéal pour remplacer un fastidieux cours d’histoire.
Image
Etonnement c’est bien des Etats-Unis que nous provient cette luxueuse restauration effectuée à partir d’un scan 4K des négatifs originaux. Un travail admirable effectuée avec le concour de la Bibliothèque du congrès et de Francis Ford Coppola (ici co-scénariste) qui a permis de gommer les petites imperfections des années, d’évacuer taches, griffures et instabilité, au profit de cadres particulièrement propres et ciselés. Le noir et blanc est superbe, élégamment contrasté et la définition, pointue, vient souligner profondeur et matières avec une belle vivacité. Seuls les plans en stock-shot tranchent forcément un peu avec un aspect neigeux et des sources bien plus abimées. Au vu du travail effectué on se demande bien pourquoi Paramount n’a pas immédiatement opté pour une sortie 4K.
Son
Version française et version anglaise, toutes deux mélangeant des prises de voix directes et d’autres doublées en fonction de l’origine des acteurs, sont présentées dans des DTS HD Master Audio qui restent très attachés au mono d’origine. Pas de grandes effusions ou de dynamiques poussées, tout est concentré à l’avant, mais avec un équilibre bien tenu entre les voix et les musiques. Sobre, mais sans aucun souci notable.
Interactivité
Petite sortie technique donc pour Paris brûle-t-il ? avec un Bluray standard et aucun supplément à l’horizon. Où sont passés les documents et les interviews du DVD collector de 2011 ?
Liste des bonus
Aucun.