PAPRIKA
パプリカ- Japon – 2006
Support : UHD 4K & Blu-ray
Genre : Science-fiction, Animation
Réalisateur : Satoshi Kon
Acteurs : Megumi Hayashibara, Toru Furuya, Koichi Yamadera, Katsunosuke Hori, Toru Emori…
Musique : Susumu Hirasawa
Durée : 91 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Dolby Atmos Japonais, DTS HD Master Audio 5.1 français, japonais, anglais, allemand.
Sous-titres : Français, Anglais, Arabe, Chinois, Italien…
Éditeur : Sony Pictures
Date de sortie : 21 février 2024
LE PITCH
Dans le futur, un nouveau traitement psychothérapeutique nommé PT a été inventé. Grâce à une machine, le DC Mini, il est possible de rentrer dans les rêves des patients, et de les enregistrer afin de sonder les tréfonds de la pensée et de l’inconscient. Alors que le processus est toujours dans sa phase de test, l’un des prototypes du DC Mini est volé, créant un vent de panique au sein des scientifiques ayant développé cette petite révolution. Dans de mauvaises mains, une telle invention pourrait effectivement avoir des résultats dévastateurs. Le Dr. Atsuko Chiba, collègue de l’inventeur du DC Mini, le Dr. Tokita, décide, sous l’apparence de sa délurée alter-ego Paprika, de s’aventurer dans le monde des rêves pour découvrir qui s’est emparé du DC Mini et pour quelle raison.
Manipulations de l’image
2010, le monde de l’animation est en deuil. Il vient de perdre l’un de ses artistes les plus prometteurs. Même si sa carrière avait déjà établi sa notoriété sur la scène internationale, Satoshi Kon, au vu de son pedigree avait encore beaucoup à offrir. L’exploration de son œuvre est un labyrinthe dans sa subjectivité. La ressortie de Paprika est une belle excuse pour y replonger.
Il y a des personnes qui marquent et qui manquent. Satoshi Kon a eu la mauvaise idée de nous quitter il y a déjà quatorze ans. Sa carrière fut éclair, condensée sur dix ans. Mais quelle décennie ! Cinq films et une série TV suffiront à bâtir sa notoriété. Et dans le lot, il n’y a rien à jeter. Perfect Blue, Millenium Actress, Tokyo Godfathers la série Paranoïa Agent et bien sûr ce Paprika. Une œuvre inclassable, mais oh combien pertinente. Le monsieur creuse son sillon sans en dévier, ne fait pas de concession et plonge bien souvent qui veut le suivre dans les méandres de la nature humaine, là où les intentions se mélangent, une croisée des chemins entre rêve et réalité. Celui d’un monde sombre où pointe une once de lumière, celle enfouie dans l’être humain. Car chez Satoshi Kon on ne parle pas de rédemption mais plutôt d’une prise de conscience. Sa vision est rarement linéaire, mais il est tentant de s’y perdre. Paprika en est un bien bel exemple.
Apothéose
Dans un futur proche, la psychanalyse a bien changé. Grace à une machine, la DC mini, il est maintenant possible de pénétrer les rêves des patients pour mieux parfaire leur analyse. Jusqu’au jour où la machine est volée. Il va falloir s’aventurer dans ce monde pour en trouver le voleur. Il est à croire que Christopher Nolan et son Inception n’est pas l’inventeur des scénarios retors se passant au pays de Morphée. Satoshi Kon non plus, d’ailleurs. Impressionné par Millenium Actress, Yasutaka Tsutsui l’auteur de l’histoire contacte lui-même le réalisateur pour lui proposer d’en faire la transposition sur grand écran. Il a son aval pour le transposer à son propre univers sans forcément suivre l’histoire originale, juste son esprit. Kon peut s’assurer du soutien du studio Madhouse pour aller au bout de ses idées ; il s’amuse à brouiller les limites du réel en connectant le monde physique à l’imaginaire. Son film fourmille d’idées visuelles et sonores, lui qui a fait ses armes avec Katsuhiro Otomo et Mamoru Oshii, réussit à assimiler ses aînés et à créer sa propre voie, son propre code narratif. Le spectateur s’abandonne entre ses mains laissant son imagination rejoindre la subjectivité, celle de l’auteur. Il triture l’image pour mieux nous montrer sa manipulation (thème récurrent déjà présent dans Perfect Blue). Une chanson de Jean-Jacques Goldman peut le résumer « j’irai au bout de mes rêves, tout au bout de mes rêves, où la raison s’achève… » une philosophie que le cinéaste a suivi.
Malgré son destin tragique, Satoshi Kon finit son parcours en beauté. Si le cinéaste n’est plus, il est toujours accessible via l’imaginaire. Ses films en sont autant de portes d’accès, autant de moyens de le décrypter.
Image
Paprika nous offre une excellente palette technique 4K qui permet aisément d’oublier l’ancienne édition bluray vielle de dix-sept ans déjà. Irréprochable du début à la fin, l’image rend justice à son animation chatoyante, les couleurs sont sublimées sur support numérique. Les jeux de lumières et d’ombres jouent sur les nuances pour s’exprimer volontiers sur les profondeurs de champ.
Son
La piste originale est redoutable de spatialisation grâce à un solide prestation Dolby Atmos. Les différentes séquences du film, qu’elles soient musicales ou centrées sur les ambiances s’intensifient davantage par la mise en scène de Satoshi Kon. La piste française quoique honorable et plus en retrait reste malheureusement semblable à l’édition précédente.
Interactivité
Les bonus, repris de l’édition 2007 sont suffisamment complets pour faire le tour du sujet. L’excellent making of permet de mettre en parallèle les approches de l’auteur du roman et du réalisateur. Voir Satoshi Kon au travail sur les différentes étapes du métrage reste toujours digne d’intérêt. Le second module se consacre aux doubleurs qui au-delà de leur travail débattent sur la complexité des rêves avec le metteur en scène, et le travail minutieux des animateurs. Le reste alterne sur les différents postes clés du film qui nous permet d’approfondir la conception graphique du film.
Liste des bonus
Commentaire audio de Satoshi Kon, Susumu Hirasawa et Taro Morishima, producteur associé, Making of (30’), « Jusqu’au bout du rêve » : mots des acteurs et de l’équipe du film (29’), « L’art de l’imaginaire » : entretien avec le directeur artistique (12’), « Un monde de rêve » : entretien avec le directeur de la photo et le directeur de l’animation (15’), 3 comparatifs film/storyboard dessins originaux/peintures des personnages.